La dionée continue de livrer ses secrets. On savait que le déclenchement de la fermeture d’un piège était conditionné par la perception de deux stimulations sur un cil sensitif (ou une stimulation sur deux cils différents), afin d’éviter une dépense d’énergie inutile pour une feuille ou une goutte d’eau qui serait tombée là, ou pour un insecte qui aurait déjà décampé. Mais une étude récente montre que le rôle des cils sensitifs ne s’arrête pas là.
En envoyant des décharges électriques simulant des stimulations sur lesdits cils, des scientifiques ont découvert que la dionée s’en servait pour déterminer si elle doit se nourrir ou non du contenu d’un piège. Il en résulte la chronologie suivante :
- 1re décharge : la plante capte un stimulus, ce qui l’avertit d’une présence dans le piège.
- 2e décharge : le piège se referme.
- 3e décharge : la plante commence à placer et à former les deux lobes constitutifs du piège de telle sorte que celui-ci soit hermétiquement fermé.
- 4e décharge : la plante produit une hormone initiant la digestion.
- 5e décharge : les glandes situées à l’intérieur du piège produisent des enzymes digestives, et le processus d’absorption des nutriments se prépare.
En fait, plus la proie se débat, plus la plante l’enserre et produit un arsenal enzymatique conséquent. Selon le site Discovery, Rainer Hedrich, un des scientifiques qui a participé à cette étude, décrit ce processus comme étant « une spirale mortelle de capture et de désintégration ».
En procédant ainsi, la dionée s’assure que ce qui se trouve dans le piège mérite qu’elle dépense beaucoup d’énergie dans la production d’enzymes et dans l’assimilation des nutriments.
Un insecte trop petit par rapport au piège évite les cils ou ne les stimule pas suffisamment, ou s’échappe purement et simplement avant l’étape 3, ce qui a pour effet d’annuler l’ensemble du processus et d’initier une lente réouverture du piège.
En tout cas, il est sans doute un peu déraisonnable d’affirmer que la dionée « sait compter jusqu’à cinq », comme on peut le lire ici ou là suite à la parution de cette étude. Le processus de vérification qu’elle effectue fait plutôt appel à une capacité à « mémoriser » ce qui vient de se passer : chaque stimulation induit une réaction distincte qui ne se produit qu’une fois, et qui fait suite de manière logique à la précédente.
Rappelons aussi que s’il s’écoule trop de temps (une dizaine de seconde) après une première stimulation, la plante ne ferme pas son piège, et il d’autres stimulations rapprochées sont alors nécessaires pour l’activer.