Il m’a fait découvrir et appris l’anthropologie, quand autour de 1975, chaque semaine, après avoir fait cours au Lycée technique de Carcassonne le lundi de 8 à 10 heures, je passais chez lui discuter une paire d’heures de nos lectures et convictions. Outre une foule d’informations, j’en ai surtout retenu la nécessité de s’occuper du présent et quand, plus tard, à Bordeaux j’ai incité Flamant, Feynie ou Both à enquêter sur l’entreprise, j’avais le sentiment de poursuivre son projet. Il m’avait conduit à un directeur et un sujet de thèse en me prêtant le livre de Maurice Agulhon, Pénitents et Francs-maçons dans l’ancienne Provence. Ça a aussi donné en 1977, la communication sur le charivari pour le colloque organisé par Le Goff et Schmitt à un moment crucial pour les sciences sociales en France, la fin du structuralisme.
Daniel Fabre affirmait aussi la nécessité de l’utilisation de la langue des indigènes d’où son « occitanisme », de l’érudition à savoir l’importance des preuves écrites et orales des affirmations qu’il avançait. C’était choisir une échelle d’analyse – microscopique – et prendre ses distances avec les « grands récits » qui veulent décider de nos découvertes.
Ces exigences lui ont peut-être interdit la publication de « grands livres » sur les « jeunes » ou les autres sujets qu’il avait intensément étudiés. Ses dossiers qu’il faut à tout prix sauver – mais je pense que ses amis carcassonnais y veillent – nous laissent des matériaux pour de longues études à venir.
Il était venu à Bordeaux pour les thèses de Marie-Claire Latry et de Colette Milhé et, encore plus récemment, parler de l’invention du patrimoine immatériel invité par Claudine Gauthier.
Bernard Traimond
