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Critique Ciné : Les Chevaliers Blancs (2016)

Publié le 27 janvier 2016 par Delromainzika @cabreakingnews

Les Chevaliers Blancs // De Joachim Lafosse. Avec Vincent Lindon, Louise Bourgoin et Valérie Donzelli.


Adapter au cinéma l’histoire de l’Arche de Zoé, une association qui a fait scandale en 2007 lors de l’histoire du Darfour, ce n’est pas simple. Les Chevaliers Blancs est donc un pari risqué qui aurait très bien pu capoter en un clin d’oeil. Joachim Lafosse tente d’insuffler une bonne dose de réalisme dans son film, quitte à se transformer parfois en une sorte de documentaire. Le réalisateur de A perdre la raison (2012) ou encore Ca rend heureux (2006) tente de proposer quelque chose d’assez sympathique (et simpliste par la même occasion). Sauf que ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile au monde pour autant. En effet, on se retrouve avec des éléments narratifs qui parfois plongent un peu le film dans une sorte de schéma ultra classique. Le film a tout de même du mal à démarrer, laissant bien souvent l’impression que ce sujet difficile est justement difficile à traiter. Mais cela ne veut pas pour autant dire que Les Chevaliers Blancs est raté, juste qu’il aurait pu entrer dans le vif plus rapidement, sans passer par certains moments de flottement et d’hésitation au début qui donnent une légère impression que finalement le film a du potentiel mais pas trop non plus.

Jacques Arnault, président de l’ONG "Move for kids", a convaincu des familles françaises en mal d’adoption de financer une opération d'exfiltration d'orphelins d’un pays d’Afrique dévasté par la guerre. Entouré d’une équipe de bénévoles dévoués à sa cause, il a un mois pour trouver 300 enfants en bas âge et les ramener en France. Mais pour réussir, il doit persuader ses interlocuteurs africains et les chefs de village qu’il va installer un orphelinat et assurer un avenir sur place à ces jeunes victimes de guerre, dissimulant le but ultime de son expédition...

Fort heureusement pour nous, ce n’est pas comme ça tout le long. Les Chevaliers Blancs met donc environ 45 minutes à nous mettre vraiment dans le bain et à impliquer des choses pour les personnages, les relations qu’ils vont tisser avec les chefs de village, etc. C’est un film sort une sorte de business, de négociation, mais Les Chevaliers Blancs n’oublie pas ici les sentiments. C’est peut-être un peu lisse par moment (et c’est bien l’une des erreurs de ce film), mais globalement cela sait assez bien se tenir et je pense que c’est ce qu’il y a de plus important. Derrière ce grand mensonge se cachait quelque chose de vraiment intéressant et je trouve que Les Chevaliers Blancs reproduit plutôt bien une affaire que j’ai suivi de loin dans l’actualité il y a quelques années de ça. Les Chevaliers Blancs c’est aussi un film qui s’attaque à quelque chose de fort : une association. En parlant de la façon dont ils ont manipulé tout le monde, je trouve que le récit gagne en forces et en caractère. Si Vincent Lindon est très bon dans le rôle de ce chef de bande, je trouve que le reste du casting s’efface un peu derrière lui par moment. Notamment Louise Bourgoin. Cette dernière, que l’on a peu la chance de voir à l’écran ces dernières années, ne fait pas ici un retour par la grande porte.

Même Valérie Donzelli, qui avait tout de même un rôle plus annexe de prime à bord, n’a pas su être suffisamment malicieuse pour faire valoir ce dont elle est réellement capable. Et enfin Reda Kateb qui n’a pas grand rôle à jouer, histoire de gâcher un peu plus son talent dans un film qui aurait probablement pu lui donner une place plus importante. Le défaut ici est qu’il fallait suivre une histoire vraie et s’en inspirer. Du coup, le film ne pouvait pas trop dévier et créer d’autres personnages. Cela aurait probablement été un peu too-much. Mais Joachim Lafosse a tout de même décidé de miser sur la réflexion et donc moins sur l’action. C’est un pari risqué qui est bien tenu malgré un départ un peu longuet. Les Chevaliers Blancs a au moins le mérite de ne pas être complètement ratatiné par des scènes d’action médiocres et pas nécessairement engageantes. Un film de ce genre là avait justement besoin d’être plus bavard. Cela donne du corps au récit et surtout à ce qu’il tente de faire passer comme message. Finalement, Les Chevaliers Blancs reste un récit intéressant, sans pour autant être particulièrement acide (et c’est là aussi dommage) sur une affaire qui a fait trembler la France et le monde des ONG il y a quelques années…

Note : 5/10. En bref, pourquoi pas même si pas nécessairement brillant.


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