Christiane Chavane a mis le compteur !
L’ETAT D’URGENCE AU RALENTI
Une chance que l’état d’urgence empêche les manifestations, parce que ce qu’on a depuis lundi à Paris aurait pu être pire.
Lundi en effet 4 catégories de gens manifestaient : les fonctionnaires parce que c’est une habitude et qu’ils en veulent toujours plus, les paysans parce qu’ils sont au bout du rouleau mais demandent toujours à l’état de réparer ce que celui-ci casse avec acharnement, les taxis un peu pour la même raison, les professeurs de collège parce qu’ils sont ulcérés par les réformes idiotes de Bécassine – celle qui est incapable de répondre à un salafiste médiatisé par un journaliste assez crétin pour l’inviter.
Laissons ces derniers de côté. Ils n’ont rien démoli, rien bloqué, tué ou blessé personne, donc Bécassine ne les recevra même pas. Ils n’ont plus qu’à s’entendre pour créer des écoles privées.
Pendant ce temps nous avons eu des alertes à la bombe dans six grands lycées parisiens qui n’étaient pas en grève. J’ose espérer que ces fausses alertes ne viennent pas de syndiqués du corps enseignant pour embêter les non-grévistes, parce que, par les temps qui courent, ce serait très grave et fortement punissable.
Parlons des inénarrables fonctionnaires : les aiguilleurs du ciel qui utilisent à plein régime leur pouvoir de nuisance alors qu’ils sont déjà surpayés et sous-employés, les instits qui voudraient gagner autant que des profs de prépa bac plus 7 ou 8… Et mon bureau de poste : je suis vilaine, je vais cafter, c’était le seul bureau fermé dans le XIIe. Les mêmes employés y sévissent depuis des lustres et le poil dans la main est devenu un arbre. Déjà en 98, pour la coupe du monde de foot, ils s’étaient enfermés pour regarder la TV. Depuis ils ont repeint le bureau et changé la porte, mais eux sont restés les mêmes. Avec plus de poussière.
Il paraît que depuis que Hollande est là, nous qui représentons 20% de la population européenne, nous avons créé 39% des postes publics de l’UE et à peine 2,71% des emplois privés. Et l’on s’étonne que les impôts, la dette et le chômage grimpent de concert. Et ces inutiles ont le culot de revendiquer encore et encore des postes et des augmentations de salaire. Il y a vraiment des coups de pied quelque part qui se perdent.
Les agriculteurs me font pitié. Grevés de charges, avec la réglementation la plus absurde de l’Union Européenne, subventionnés pour survivre alors qu’ils voudraient vivre de leur terre, interdits de s’agrandir pour être rentables… mais eux-mêmes ne savent pas vraiment ce qu’ils veulent et font appel à un gouvernement qui ne sait raisonner qu’en termes de taxes et de subventions. Rendons-leur leur liberté d’exploitation et de fixation des prix et baissons ces charges sur le travail pour tous les indépendants (j’y reviendrai avec les taxis), et arrêtons de fonctionnariser cette profession : il y aura d’ici dix ans plus de fonctionnaires que d’exploitants, ceux-ci disparaissant à la vitesse grand V, ce qui met en cause notre indépendance alimentaire et toute la filière agro-alimentaire qui est un des fleurons de l’industrie française.
Les taxis mènent un combat d’arrière-garde, et là encore, faire appel au bon sens de l’état est voué à l’échec. Le problème est ancien, il a 30 ans. L’état accorde des licences au compte-goutte et entretient la pénurie, du coup les chanceux qui ont une licence la monnayent. Les nouveaux entrants sont obligés de s’endetter lourdement. Et encore, ce sont surtout des sociétés qui les achètent et emploient des taxis salariés payés avec un lance-pierre. Les indépendants se font de plus en plus rares. En prime ils ont droit au RSI, de quoi être dégoûtés à vie. Face à ça, arrive Über, qui profite de la carence de taxis en ville pour employer des quidams sans formation et sans aucune garantie, tel ce fonctionnaire en congé-maladie qui n’était pas assez malade pour rester chez lui et arrondissait ses fins de mois en jouant les taxis amateurs.
Les « employés » d’Über prennent le statut d’autoentrepreneurs et sont moins chers que les taxis puisqu’ils n’ont ni les mêmes charges, ni la TVA, et ne sont pas soumis aux mêmes contraintes réglementaires. Depuis leur arrivée les taxis parisiens ont perdu 20 à 30% de leur chiffre d’affaires, le prix des licences a chuté d’autant. Il n’est cependant pas précisé si Über est seul coupable ou si les embouteillages générés par les âneries de Stupidalgo n’aggravent pas le désastre. Si leur attitude n’est pas excusable, on comprend leur énervement, car depuis 30 ans les pouvoirs publics auraient dû régler ce problème, rien n’a été fait, et aujourd’hui tout craque. Dans d’autres pays, les taxis ont été indemnisés, en France on engage des médiateurs pour faire du bla-bla.
Bon ils sont méchants mais pas tant que ça, ils auraient pu bloquer le tram des Maréchaux. Lol.
Que faudrait-il faire ?
Il y a deux problèmes : tout d’abord, les licences, qui constituent pour les taxis indépendants une assurance retraite, alors que leurs cotisations ne leur apporteront que des nèfles. La seule solution est bien de les racheter. L’état devrait accorder autant de licences gratuites qu’il y a de candidats taxis déclarés aptes (puisqu’il y a une formation et un examen). Ces licences ne devraient pas être négociables. En contrepartie il faudrait indemniser les taxis actuels de 10% par an pendant 10 ans du prix auquel ils ont acheté leur licence (et non au prix actuel du marché sauf pour les derniers entrants). Rien n’empêche par ailleurs que les nouveaux taxis ne proposent leurs services à Über en tant qu’auto entrepreneurs, mais au moins auront-ils la formation ad hoc.
Le second problème est celui des charges et cela ne concerne pas que les taxis mais tous les indépendants y compris les artisans et les professions libérales. Tout ce que l’état a fait avec le statut d’auto entrepreneur c’est de créer des indépendants à deux vitesses, ceux qui paient plein pot et ceux qui sont condamnés à rester petits. Au pays de l’égalitarisme, nous sommes loin de l’égalité en droit, pourtant la seule qui vaille.
- Les autoentrepreneurs paient 23% de leur chiffre d’affaires TTC en charges sociales et ne facturent pas la TVA sous réserve de ne pas dépasser 32.000 euros par an de CA (environ, sauf si ça a changé entre temps parce que ça change tous les 3 jours). Nous parlons de services, pas de ventes pour lesquelles le plafond est supérieur.
- Les autres paient environ 57% sur le résultat hors taxes et facturent 20% de TVA. Ils paient aussi la CFE.
Voici ce que je propose :
Tout le monde facture la TVA
Tout le monde paie 30% sur le résultat HT, jusqu’à concurrence de 25.000 euros annuels (6.250 euros HT/trimestre). Ces charges couvrent la maladie et une retraite de base.
Pas de CFE pour un revenu HT inférieur à 50.000 euros annuels.
Au-delà de 25.000 euros, les charges sont payées à taux plein sur la part supérieure à ce plancher (et non au premier euro gagné), ce qui permet à un autoentrepreneur de dépasser son plafond sans être pénalisé. Il n’y a plus d’effet de seuil. Tout le monde est logé à la même enseigne.
J’ajoute que celles-ci doivent être payées en temps réel, chaque trimestre échu, et régularisées en fin d’année, et non avec des révisions au bout de deux ans.