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J-1 avant une course : Complainte du traileur dépressif

Par Fanny (trail&co)
J-1 avant une course : Complainte du traileur dépressif
Je ne sais pas pour vous, mais moi, avant une course, c'est pas toujours la joie... Complainte d'une traileuse dépressive :
J-1 avant de prendre le départ. J-1 avant de me confronter au chrono. Aux autres coureurs. Aux autres concurrents. J-1 avant de transpirer, faire monter le cardio et chauffer les cuisses. J-1 avant de souffrir. J-1 avant d’être fatiguée, peut-être aussi déçue. J-1 avant de dresser le bilan des dernières semaines, de regretter les excès alimentaires et les soirées canapé qui ont remplacé les séances d’entraînement. J-1 avant de se sentir toute petite, riquiqui, minuscule au milieu (à l’arrière) du peloton de départ. J-1 avant de me sentir définitivement nulle. Je ne suis pas prête. Je ne sais pas pourquoi mais je ne suis jamais prête quand il s’agit de prendre un dossard. Fatiguée, stressée, déprimée, pessimiste. Je n’y arriverai pas un point c’est tout. J’ai les jambes en coton, le cœur qui palpite quand je pense au lendemain. Quand je pense au départ. A l’arrivée. Au souffle court, aux coureurs qui te dépassent, signe qu’ils te narguent sournoisement d’être plus entraîné que toi. Je n’arriverai pas à monter tout ce dénivelé. A courir tous ces kilomètres. Je n’arriverai pas à relancer sur les portions roulantes, ma dernière séance de fractionné remontant à trop longtemps pour que je m’en souvienne. Je n’y arriverai pas. Et puis il y a le travail de la semaine. Aucun rapport puisque c’est passé. Mais ça m’a exténuée. Je suis sur les rotules. Batterie à plat. Or, demain il va falloir se lever tôt. Encore plus tôt que tôt parce qu’il faut manger 3h au moins avant l’heure fatidique. Et puis comme on a bien fait les choses, il faudra prendre la voiture parce que le gîte, il n’est pas à côté du lieu de course. Casse-tête pour savoir s’il fera froid ou chaud, sec ou pluvieux, il va falloir s’habiller, s’équiper, et ne pas se tromper sous peine de perdre de précieuses minutes (au moins) à enlever des couches. Et puis il va falloir lacer ses chaussures. Ni trop, ni pas assez. Mais assez quand même sous peine de se tordre la cheville. Et pas trop non plus, sinon le sang ne circule plus. Et si je ne prenais pas le départ ? Pour aller me balader tout simplement. Aller faire une sortie longue, seule avec moi-même ou en bonne compagnie avec les copines. Courir à son rythme, sans regarder le chrono. Prendre le temps de faire des photos. De profiter du paysage. Et puis je pourrai ainsi faire les courses et le ménage que je mets de côté depuis deux semaines. Et puis je pourrai restée avachie sur mon canapé, tranquillement, à siroter un petit Monaco bien frais accompagné de quelques chips. Après ma sortie longue bien sûr. Et puis je n’aurai pas autant de linge à laver, autant d’affaires à ranger que si j’étais partie tout le week-end. Mais finalement, à cette course, je vais peut-être progresser plus que sur ma sortie longue. Finalement, peut-être vais-je découvrir un nouveau panorama, peut-être vais-je apprécier l'ambiance. Peut-être vais-je y rencontrer des amis coureurs. Ou me faire de nouveaux amis coureurs. Peut-être aussi vais-je me surprendre à grimper une montée plus vite que d'habitude. Et puis si ce n'est pas le cas, peut-être ne serais-je pas si déçue que ça. Peut-être même aurais-je le temps de prendre des photos sur le parcours, pour immortaliser un lieu, un moment.
Peut-être même encore m'étonnerais-je à dire... à quand la prochaine ?

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