Magazine Culture

Critique Ciné : Encore Heureux (2016)

Publié le 02 février 2016 par Delromainzika @cabreakingnews

Encore Heureux // De Benoît Graffin. Avec Sandrine Kiberlain et Edouard Baer.


La comédie française peut encore offrir de petits films agréables, sans trop rechercher quoi que ce soit. Ecrit par Mika Tard et Déborah Saïag (de Foon) et Nicolas Bedos avec Benoît Graffin, le film bénéficie de plumes plutôt intéressantes, ce qui offre à Encore Heureux une plaide de bonnes surprises. Après Café de la page (2001), Benoît Graffin reprend sa casquette de réalisateur pour la troisième fois de son existence. Celui qui a déjà signé le scénariste de films doux-amers comme Hors de Prix (2006) ou encore Cookie (2011) trouve ici le ton plutôt juste entre comédie et dramaturgie alors que personnellement, je ne m’attendais pas du tout à prendre autant de plaisir face à un film qui avait tout du film bobo parisien. Peut-être car pour moi Edouard Baer incarne un peu ce bobotisme désuet, loin d’être tendance. Mais malgré le fait que le film soit très parisien, il ne cherche pas à égocentrer tout le autour de Paris et du petit monde bourgeois qu’il met en scène. Je pense que Encore Heureux est peut-être l’une des comédies que j’attendais après de nombreux films ratés sortis depuis quelques mois.

D’accord, Marie est un peu fatiguée de l’insouciance de son mari Sam, cadre sup au chômage depuis 2 ans. D’accord, elle est très tentée de se laisser séduire par ce bel inconnu qui lui fait la cour. D’accord, il y a aussi le concours de piano de sa fille... Si cet équilibre dingue et léger tient à peu près debout, un événement inattendu jette toute la famille sur un chemin encore plus fou.

Au fond, Encore Heureux ne révolutionne rien du tout mais l’idée reste bonne. On nous raconte l’histoire d’une famille au bord du gouffre et sincèrement, je pense que le pitch nous vend très mal le film (ou en tout cas pas du tout par rapport à ce qu’il vaut réellement). Edouard Baer (Astérix et Obélix au Service de sa Majesté) trouve ici le ton juste dans le rôle du boulet qui aime sa femme mais qui ne va pas chercher à tout prix à la garder, juste à lui prouver qu’il n’est un con. A côté de ça, Sandrine Kiberlain (Elle l’adore) reste fidèle à elle-même. Elle qui tourne choisit plutôt bien ses films ces dernières années. Elle prouve avec Encore Heureux qu’elle a encore du flair. Bien évidemment, ce n’est pas le film de l’année (même si l’on n’a pas encore vu le reste des films de 2016, ce n’est pas possible d’en faire l’un des meilleurs films) mais peu importe, car même si le côté prévisible du scénario pourrait être un échec, le film séduit malgré tout par sa simplicité. L’histoire est fluide et accrocheuse grâce à de bons dialogues placés aux bons endroits, à des intrigues qui se développent de façon efficace. La seule erreur là dedans c’est peut-être l’idée d’avoir introduit un problème romantique.

En effet, Benjamin Biolay (qui fait partie des acteurs dont je ne suis pas trop fan) ne sert strictement à rien. Il n’apparaît d’ailleurs que très peu dans le film. Car Encore Heureux ce n’est pas la tromperie de Marie, mais plutôt comment sa relation avec Sam peut encore évoluer alors que la vie de ce dernier est au point mort depuis maintenant deux ans. C’est une comédie qui a cherché au moins à prendre un peu de risques avec le contexte actuel, mais qui reste inégal. Benoît Graffin souffre peut-être du fait que le scénario a été écrit par trop de mains différentes. Finalement, Encore Heureux est une comédie plutôt drôle dans son ensemble, douce-amère comme il faut. Le truc était de trouver le bon dosage entre l’humour noir et le cynisme. Par chance, Encore Heureux arrive à trouver le bon équilibre et c’est donc une excellente nouvelle. Benoît Graffin tente de mettre tout cela en scène de façon ultra sobre. C’est grâce à la mise en scène astucieuse d’un scénario tout aussi bien fichu que le film parvient à séduire. Le casting, lui aussi plutôt bon (surtout pour nos deux héros mais pas seulement) est une bonne occasion de trouver ce que la comédie française peut encore fait d’agréable dans ce monde.

Note : 6/10. En bref, agréable petite comédie française sans prétentions.


Retour à La Une de Logo Paperblog