Le Convoi // De Frédéric Schoendoerffer. Avec Benoît Magimel, Reem Kherici et Tewfik Jallab.
Un an après le très sympathique huis clos 96 Heures, Frédéric Schoendoerffer revient avec un autre huis clos. Cette fois-ci, le terrain qui enferme les personnages n’est pas une grande maison mais des voitures et une autoroute du sud de l’Espagne jusqu’à la frontière française. Ce réalisateur a connu des hauts (96 Heures, Switch) et des bas (Agents secrets) mais je dois avouer que Le Convoi m’a surpris. Cela reste assez convenu mais c’est rythmé et l’on ne s’ennuie jamais alors que je m’attendais à tout le contraire. La mise en scène est donc assez nerveuse, ce qui permet de ressentir la tension partagée par les personnages. Le tout est aussi énormément aidé par le fait qu’une voiture est forcément un lieu qui peut échauder très rapidement les personnalités de chacun. Mais malgré tout, on ne peut qu’être séduit par l’idée qu’il y a derrière ce film qui du début à la fin tient son sujet pourtant déjà vu des dizaines de fois. Les routes se suivent mais les décors ne se ressemblent pas. On jongle alors entre certains paysages de routes, aires d’autoroute, l’intérieur de ces splendides voitures que l’on n’a pas envie de voir se faire esquinter, et puis l’histoire de ces personnages : celle d’un go fast qui forcément… va très mal tourner.
Organisés en go fast, sept hommes, répartis dans quatre voitures, convoient une tonne trois cent de résine de cannabis au départ de Malaga au sud de l’Espagne. Direction Creil en banlieue parisienne. Mais pour Alex, Yacine, Majid et les autres, ce qui aurait dû être un convoi ordinaire va devenir un convoi fatal. Sept homme mais très vite une femme aussi, Nadia, une jeune touriste française qui remonte d’un voyage au Maroc, embarquée malgré elle dans l’aventure parce qu’elle était au mauvais endroit au mauvais moment. Une plongée au cœur du trafic, le temps d’une journée, avec les hommes qui en vivent.
Le fait est que Le Convoi reste prévisible. On sait plus ou moins comment cela va se terminer mais peu importe, ce n’est pas ce qu’il y a de plus intéressant là dedans. En effet, ce que Le Convoi cherche à nous proposer ce n’est pas des scènes d’action à gogo mais quelque chose de beaucoup plus intimiste. On nous sert alors un film qui permet de laisser les personnages discuter de leurs vies et donc d’imaginer l’environnement dans lequel chacun d’eux vit (le frère de l’un qui est en prison, la mère de l’autre qui a mal aux jambes ce qui est sensé être mauvais signe, etc.). Dans le genre du go fast, Le Convoi est donc suffisamment original pour ne pas tomber dans certains clichés ridicules qui auraient trahi une bonne série B. Frédéric Schoendoerffer retrouve par ailleurs Benoît Magimel qu’il avait dirigé dans le très mauvais Truands. C’est donc une occasion de voir si les deux ont progressé. Par chance, le premier a progressé, le second reste suffisamment silencieux tout au long du film pour que l’on n’ait pas à supporter quoi que ce soit de ses moments de cabotins. Je me demande d’ailleurs encore pourquoi il est encore courtisé mais bon, ce n’est pas le sujet de ce film qui repose beaucoup plus sur le scénario et la mise en scène que sur le jeu des acteurs.
Au delà des atouts de Le Convoi, il y a aussi quelques faiblesses qui gâche une partie du plaisir. Je dois avouer que je ne m’attendais pas à ce que cela soit traité sous l’angle du road-movie ou en tout cas de l’intérieur comme cela a été fait. J’aurais dû me douter avec le réalisateur (qui a déjà fait avec 96 Heures du huis clos sympathique) qu’il allait réitérer l’opération. Mais le go fast n’est pas un genre facile à traiter et ici, l’ingéniosité aura été de ne pas le traiter comme les autres. Cette originalité est d’ailleurs l’un des grands intérêts de Le Convoi. Le genre avait déjà été traité par des productions Luc Besson assez mauvaises et puis un film avec Roshdy Zem réalisé par Olivier Van Hoofstadt qui avait de bonnes scènes d’action mais pas grand chose à raconter (et qui s’avérait assez prévisible, un peu comme celui-ci d’ailleurs). Ici, le film se découpe presque de façon chirurgicale avec une façon bien à lui de décortiquer ce qu’est un go fast et comment cela fonctionne… de l’intérieur. Finalement, avec un suspense maîtrisé dans la mise en scène et dans le scénario et malgré tous les éléments assez prévisibles, cela se tient.
Note : 5/10. En bref, un huis clos intéressant et intense.