Jusepe de Ribera - Deux philosophes (Anaxagore et Lacydès ?) Ca. 1612
huile sur toile - détail - musée des beaux-arts de Rennes
Je nourris depuis longtemps un soupçon à l'égard des décisions des philosophes sur tous les sujets et j'ai trouvé en moi une plus forte inclination à discuter leurs conclusions qu'à les approuver. La plupart, presque sans exception, semblent sujets à une erreur : ils limitent trop leurs principes et ils ne tiennent pas compte de la grande diversité que la nature affectionne dans toutes ses opérations. Une fois qu'un philosophe a mis la main sur un principe favori qui explique sans doute de nombreux effets naturels, il étend le même principe à toute la création et y réduit tout phénomène, même par le raisonnement le plus forcé et le plus absurde. Notre propre esprit étant étroit et resserré,nous ne pouvons étendre ce que nous concevons à la diversité et à l'étendue de la nature mais nous imaginons que cette dernière est aussi bornée dans ses opérations que nous le sommes dans notre spéculation.
traduction de Philippe Folliot
Jusepe de Ribera - Deux philosophes (Anaxagore et Lacydès ?) Ca. 1612 - détail
I HAVE long entertained a suspicion, with regard to the decisions of philosophers upon all subjects, and found in myself a greater inclina-tion to dispute, than assent to their conclusions. There is one mistake, to which they seem liable, almost without exception; they confine too much their principles, and make no account of that vast variety, which nature has so much affected in all her operations. When a philosopher has once laid hold of a favourite principle, which perhaps accounts for many natural effects, he extends the same principle over the whole creation, and reduces to it every phænomenon, though by the most violent and absurd reasoning. Our own mind being narrow and con-tracted, we cannot extend our conception to the variety and extent of nature; but imagine, that she is as much bounded in her operations, as we are in our speculation.