Vous êtes les ressortissants du vieil ordre failli
Vous aviez oublié cette joie sans mélange qu’apporte la fraternité des armes
Vous aviez oublié la furieuse attraction de la mort
Vous aviez négligé les immenses colères
Ce que vous nommez folie n’est que le monde nouveau
avant que vous n’en perceviez le sens
Vous êtes les ressortissants du vieil ordre failli
L’intégrisme du marché
les mollahs de la bourse
le djihad de la marchandise
La Terre est le lieu privilégié de l’absurde
Parce que l’Homme ne sait quoi faire de ce séjour, de cette attente
Toujours il lui faut un sens, une providence
Un destin face au vide
Nous n’avons jamais été modernes, allez,
Vous êtes les ressortissants du vieil ordre failli
« Rien d’humain ne m’est étranger » dit Térence
mais c’est pour en rire
La terreur rend absolue
La vertu dont elle se réclame
Il n’y a là rien d’humain
Si nous n’opposons pas plus de résistance
C’est que nous ne nous donnons même plus la peine
de croire en nos valeurs
Nous en savons trop le mensonge et la fausseté
en ces temps d’alarme nous ne pouvons rien en faire
Parce qu’elles ne valent rien
Crève vieil Occident
Crève charogne
Contre l’éducation à la lumière nous avions le marketing
nous avons désormais derechef la religion
Nous n’avons jamais été modernes, allez,
Vous êtes les ressortissants du vieil ordre failli
La modernité nous a exposé au vide et le vide se venge
par djihad interposé
ce djihad par nous créé
Crève vieil Occident
Crève charogne
Tu n’étais rien d’autre qu’un leurre tranquille et vain
baignant dans l’artifice, la morgue et l’arrogance
Il te faut à présent renaître
ou disparaître
Pas d’autre choix
Ne pas dire à quoi tu ressembles
Montrer ce que tu es
l’adversaire a retourné contre nous
notre propre machine à propagande
et voilà que soudain
elle nous terrifie
La bêtise de nos édiles a déjà fait la moitié du travail.
La Cité ?
Ce sera désormais un jeu d’enfant de pousser ses décors de théâtre
pour la voir s’effondrer