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Des structures en forme de choux-fleurs sur Mars

Publié le 07 février 2016 par Pyxmalion @pyxmalion

Des structures en silice en forme de " choux-fleurs " observées par le rover Spirit en 2008 et en 2009 autour du site d'" Home Plate ", où il demeure bloqué, pourraient avoir été formées par des microbes, ont suggéré deux chercheurs dans leurs travaux présentés en janvier à l'AGU. La ressemblance avec des " expressions nodulaires " trouvées dans le désert de l'Atacama, où les conditions climatiques et géologiques présentent des traits communs avec Mars, est troublante. Toutefois, pour les scientifiques, la prudence s'impose.

Les 4 et 25 janvier dernier, la Nasa fêtait respectivement le douzième anniversaire de l'atterrissage de Spirit et Opportunity, dont la mission ( Mars Exploration Rover) initiale devait durer trois mois. Aujourd'hui, le second est en bonne forme et roule toujours, explorant actuellement la vallée de Marathon qui incise le cratère Endeavour alors que le premier, à plusieurs milliers de kilomètres de là, s'est hélas immobilisé en mars 2010, après plus de six ans d'enquête, au pied du site " Home plate ", nommé ainsi en référence au marbre dans le Baseball (voir sa position ici).

Début janvier, à l'occasion des rencontres de l'AGU, l'Union de géophysique américaine, Steven Ruff et son collègue Jack Farmer de l'université d'Arizona, ont présenté leurs recherches et réflexions portant sur des petites structures de silices en forme de choux-fleurs, approchées par Spirit en 2008 et en 2009, au sein du milieu où il séjourne. Selon eux, elles pourraient avoir été façonnées par une activité microbienne à l'image de ce qui est observé dans certains endroits sur Terre.

Des " choux-fleurs " dans le désert d'Atacama

Le cratère Gusev (environ 166 kilomètres de diamètre) où a débarqué l'astromobile en 2004 fut sélectionné pour les signes tangibles, détectés par l'orbiteur MGS ( Mars Global Surveyor), que de l'eau y fut présente dans un passé lointain (un probable ancien lac). Sur place, le rover a par la suite témoigné par ses relevés et analyses que l'environnement autour d' " Home Plate " et la structure elle-même, sont le produit d'une ancienne activité hydrothermale d'origine volcanique, " c'est même l'unique exemple attesté sur Mars ", souligne les auteurs de ces recherches, interrogés par Smithsonian.com.

Pour expliquer la formation de ces " expressions nodulaires " et de leurs minuscules " protrusions digitées ", ensemble qui évoque des " choux-fleurs ", les hypothèses géochimiques proposées dans un premier temps n'ont pas convaincu Ruff et Farmer. Frappés par les ressemblances avec des structures qu'ils ont étudié sur Terre, dans des milieux inhospitaliers, les deux planétologues supportent l'idée que ceux de Mars ont pu naître par les mêmes procédés.

" [...] de nouvelles observations de dépôts de silice produits par de petits canaux d'évacuation de sources chaudes et de geysers dans un champ géothermique en haute altitude connu sous le nom d'El Tatio, dans le désert de l'Atacama au nord du Chili, révèlent des caractéristiques remarquablement similaires, y compris la signature spectrale infrarouge, et que nous décrivons ici comme structures de silice micro-digitées ". Pour eux, ces structures, également remarquées dans des sources chaudes du parc national de Yellowstone, la région volcanique de Taupo en Nouvelle-Zélande et l'Islande, " apparaissent via une médiation microbienne de la précipitation de la silice, des sortes de microstomatolites qui fournissent un environnement favorable pour la capture et la conservation de biosignatures microbiennes ".

Avec des températures qui peuvent descendre jusqu'à -25°C (et grimper jusqu'à +45°C), une humidité très basse (il pleut moins de 100 millimètres par an) et où, à environ 4.000 mètres d'altitude, l'atmosphère laisse passer davantage d'ultraviolet, le désert de l'Atacama apparait aux yeux des scientifiques comme l'un des milieux terrestres les plus ressemblants avec la Planète rouge, qui aujourd'hui arbore des conditions hostiles à la vie. Il y'a plus de 80 geysers dans la région d'El Tatio et comme l'indiquent les chercheurs, il n'y a peut-être pas beaucoup d'animaux " mais la vie microbienne y prospère ". Aussi, puisque cela est possible dans ces conditions, on peut légitimement se demander si cela n'a pas été le cas sur la Planète rouge.

Il faut retourner voir sur place

La prudence s'impose bien sûr. Des processus non biologiques peuvent en effet être impliqués dans la formation de structures complexes qui s'en approchent. " Ce n'est pas parce que cela a l'air biologique que cela l'est " prévient le rédacteur en chef de la revue Geobiology, Kurt Konhauser, de l'université de l'Alberta.

Pour en savoir plus et avant de clamer que des traces de vie anciennes ont été découvertes sur Mars, le mieux serait bien sûr d'y retourner et de rapporter des échantillons dans les laboratoires terrestres. Cela pourrait devenir possible avec la futur mission Mars 2020 Rover, dédiée à la recherche de la vie - la première depuis Viking 1 et 2 - car le cratère Gusev figure justement sur la liste des sites sélectionnés par la Nasa pour son débarquement.

Des structures en forme de choux-fleurs sur Mars
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