Par Louise
V. Labrecque
L’Art
Il est urgent de faire quelque chose, il est urgent de ne
pas être prudent. L’art nous invite à aller plus loin dans la capacité de
penser, à aller au-delà, à transgresser quelque peu, quitte à voir le doute
s’installer, là, dans les sentiments, comme dans l’écriture. Également, c’est aussi comme un personnage
sympathique, la pensée de l’art, qui refuse de faire la guerre aux autres, qui
choisit la désertion ou plutôt l’évasion. Cependant, point de fuite, puisque la paix
revenue, il réapparaît au grand jour. Ainsi, la pensée de l’art, c’est un
chapitre aussi simple que l’amour, comme « la femme qu’il aima » le
tout a une saveur d’espérance. C’est pourquoi nous aimons à en faire le thème
principal de cet article, puis, plus tard, de ce livre. L’art vit avec nous de
manière intime, il est emmitouflé, enraciné et fort. C’est par un pur hasard,
parfois, que l’œuvre dépasse tout le reste, va plus loin, qu’elle se cache dans
la nature, simple et juste, dans un isolement étrange, afin de fuir le monde,
et cette guerre, qui n’est pas la sienne. En somme, l’art et la pensée de
l’art, c’est l’appel d’un grand vide. Il faut que notre histoire commence là,
me disais-je, car tous les jours nous pensons à la mort, à cause du cimetière,
en face, et nous serions bien tentés de dire que toute cette nature, faite
d’eau, de bois, de verdure, de fleurs, de neige, est aussi un peu comme une
œuvre d’art. C’est l’appel de l’invisible, de l’espace infini, du grand vide,
oui, c’est cela le mystère de l’art; il n’y a pas de mort, car nous y sommes
dedans, dans une perpétuelle renaissance : la mort, pour traverser la vie.
Nous n’avons ainsi pas peur de la mort, et de l’inconnu, après. Nous savons que
nous sommes ignorants et dépassés.
L’ensemble marque un rapport très net aux arts et à la pensée de
l’art, comme un bon roman psychologique.
La
Pensée de l’art
Il fallait
choisir, dans un premier temps : l’art ou la pensée de ? Pour ce faire, il
faut regarder du côté de ce qui ne change rien : l’art comme nuit jamais
froide. Le regard ainsi est dehors, tout
à fait absorbé à sa pensée ; on pense à tout hasard, et puis voilà qu’elle
contient à elle seule presque tous les
fantômes, tous les morts-morts, en même temps que tous les morts-vivants, puis,
les vivants-vivants. Nous ne sommes plus agrippés aux bacchanales, toutefois,
ni aux prosélytismes et proxénétismes; nous dépassons l’état humain, trop humain. La pensée de l’Art ainsi vécue est un espion
naïf qui s’adapte facilement, pas malheureux du tout, témoin de l’idéal de la
faune sauvage parmi laquelle il vit ses jours; c’est une pensée qui inspire,
pas comme un petit bonhomme bavard, mais comme les images de la vie. Bien sûr,
chez un artiste comme Dumoux, peintre et graveur français trop méconnu encore,
hélas, la rencontre entre la pensée de l’art et l’art lui-même est telle une
balance, un équilibre parfait. Il faut visiter et s’attarder sur ses ateliers,
via son blog « Via Pictura « , afin de comprendre mieux. De la même
manière, il faut aller le visiter chez
lui, assister à un de ses vernissages; il a exposé en France, sur les murs des
vieilles églises romanes, dans des galeries, notamment à New-York. Nous y avons vu là des œuvres dépassant le
talent lui-même. À chaque fois que nous les revisitons, à nouveau, elles
gagnent en sensibilité, en intensité, et en vérité; tous nos préjugés sur l’art
se dissolvent alors peu à peu. Le génie ainsi s’exprime et lâche les ficelles,
pour devenir une liberté définitive, au-delà des jouets de circonstances et
parmi les autres œuvre, d’un moindre niveau, et qui font ce qu’elles peuvent.
Chez Dumoux, nous sommes loin des visions réductrices de l’art et du monde de
l’art, tant la pensée est indissociable de l’ironie du sort; puis, il y a de
l’atmosphère, quelque chose d’unique, comme un visage acétique, et un regard
vaguement ailleurs. C’est qu’il est ouvert sur un rêve, une contemplation
perpétuelle, une inspiration à la fois euphorique et calme, et qu’il livre,
d’une voix confidentielle, et dans le menu détail. Pour en révéler un peu le
secret, il faut aborder l’aspect technique, puisqu’il s’agit d’un travail
ancestral : les pigments
colorés sont puisés à même la nature, et sont liés, puis fixés avec l'oeuf (le
blanc et le jaune), comme liant. C'est très important car ce sont les bases de
toute l'Histoire de la peinture Occidentale et de la Renaissance, en
particulier chez Botticelli et Mantegna. Pour ce qui est de la toile, comme
telle, il s'agit de colle de peau, en somme de la colle extraite des peaux de lapin, ou ce que l'on appelle la gélatine, pour
encoller tous les supports de papier de toiles ou de bois, avant de peindre.
C'est la colle « miracle » de toute la peinture, de toutes les
préparations jusqu'au 19iéme siècle, début 20iéme. Bref, nous vous parlons de la
colle de tous les manuscrits, de tous les retables et tableaux, des plus
anciens, jusqu'aux impressionnistes. Pouvez-vous ainsi imaginer le travail
laborieux, véritable « travail de moine », colossal, que cela représente
? À côté d’un ouvrage aussi précieux et rigoureux, toutes les autres œuvres des
artistes plus ou moins patentés paraissent un merveilleux mensonge. Ainsi,
comment expliquer tant d’indifférence face à cet artiste grandiose, qui détone,
qui ne rassure pas, et questionne le passé, le présent et l’avenir, dans une
majestueuse Fresque de l’Humanité en peinture ?
Cela renvoie aussi au mépris, ces voleurs d’intérêt, triple facette
d’une même face, qui trouveront acceptable une telle absence de reconnaissance,
notamment parce que l’Histoire abonde de cas de figures célèbres, allant dans
ce continuum, tant chez les peintres, les écrivains, les poétes, que les
compositeurs de musique classique, qui furent bafoués, répudiés, de leurs
vivants, mais connurent tous, sans exception, la gloire de la célébrité, de
manière posthume. Est-ce normal, d’après vous, un tel état de fait ? Comment ne
pas crier au scandale et à l’injustice, comment ne pas remettre en question le
sérieux du monde, notamment du monde l’art,
et la lâcheté des élites, voire de la population, dont la bêtise et la
médiocrité semblent faire loi. Sans parler des artistes sans scrupule, vicieux,
qui aiment à se vendre au plus offrant. Oui, les œuvres de Dumoux passeront à
n’en point douter un jour à l’Histoire, certes, mais en attendant, puisque son
élection n’est pas survenue, encore, à ce jour, nous nous rangeons, pleins de
tendresse, du côté de la force tranquille. Nous savons à qui nous avons
affaire : un artiste de génie, vivant actuellement de manière frugale,
dans la campagne profonde, en France, avec de vieilles granges délabrées, sans
chauffage, en guise d’ateliers. Tout le reste n’est que littérature. Qu’importe
cette chose obscène que le mépris, cette petitesse sans nom que l’indifférence;
qu’importe que le matin, s’ils mangent, puis qu’ils évacuent, tous ces bonzes
satisfaits, oui, c’est simple comme bonjour: le talent, il est là, et quoi
qu’ils fassent, quoi qu’ils disent, l’œuvre, elle est là, plus forte, plus
vivante, que tous les anciens mensonges. Ainsi, la pensée de l’art est naturellement salvatrice,
non seulement pour l’artiste et pour la muse,- les deux se confondant-, mais
pour la somme des parties : l’art lui-même, et, par extension, à toute la
société du spectacle. Ainsi, sans faire de bruit, l’œuvre « marche »,
elle avance, tranquillement, un pas devant l’autre, vers sa destinée glorieuse.
De la même manière, l’artiste n’est point touché par cette non-reconnaissance,
non pas qu’il s’y soit habitué, mais il a pris le temps de mûrir son œuvre, et
sa muse « pour tous les goûts » a aussi compris le but de la
littérature, en découlant. Après, elle pourra révéler aux autres des messages
inspirants, étoile splendide, guidant les peuples. Si d’aventures, plus folle
encore que la précédente, vous savez que la haine, ce faux mépris, sera
toujours au rendez-vous, refermez pour un temps vos cahiers et vos chevalets et
répétez après moi : il y a de la grâce chez tous les êtres. Un jour,
ceux-ci seront également touchés. Le vrai talent, c’est aussi le don de faire
partager ses chefs-d’oeuvres, en temps
et lieu, sans contraintes; c’est à cela que l’on reconnaît, dans tous les
domaines, l’artiste noble.
Ainsi, je n’en reviens pas de ce projet de livre d’art, et, même, dans
une moindre mesure, de cet article, lequel exprime bien sûr des évidences,
comme des bonjour/comment ça va; les gens, surtout, ils ne veulent pas vraiment
savoir, pourtant cela devrait être simple, au fond, la reconnaissance, surtout
celle d’une œuvre de génie, que cela soit en art pictural, en littérature, en
musique, mais nous avons trop bonne conscience devant le malheur des autres. Il
nous faudrait pourtant pouvoir raisonner devant la déchéance humaine, ou pour
le dire autrement, l’absence de génie,
la vulgarité, la bêtise. Les machines
répondent aux machines. Il nous faut regarder contre les œuvres, afin de voir
vivre les personnages, les paysages, les formes (ou l’absence de formes) et les
couleurs (ou l’absence de couleurs), à l’intérieur, puis, à l’extérieur; les
transposer au dehors, ensuite, jusqu’à se l’enfoncer sur les épaules afin de la
porter vers son futur d’artiste, et, pourquoi pas comme d’un idéal social,
éthique, voire même, politique. Moi, je suis du côté de Foviolain, d’Ignace et de Juvu.
Et puis, comme tous les artistes, nous laissons d’innombrables éléments
dans l’ombre. Cela est vrai en art, comme dans la vie. Par exemple, je n’ai pas
lu Joe Carbone, je l’achèterai demain, plus tard, peut-être, mais, je le lirai
pour mon plaisir. C’est cela l’essence de la pensée de l’art. Pareillement, sa
violence, à l’artiste, elle lui paraît généreuse; elle raconte tout ceci avec
une verve et un appétit; ainsi, les voleurs d’intérêt, avec le plaisir et l’esprit
créateur, deviennent le trio rocambolesque et passionnant. Et puis, toujours ce
besoin de créer, comme pour sauver notre monde; en effet, il nous semble bien
qu’il existera toujours, ce peintre génial, cet écrivain inspiré et inspirant, ce musicien sympathique, l’enfant doué qui ira
loin, très loin. Celui qui sait regarder, libre, a l’imagination sérieuse et qui comprends le
langage de la Grâce. Et, nous le suivons, comme on suit l’étoile. Avec Juvus,
nous nous gavons d’œufs, avec Foviolain, nous voulons le venger, notamment de
toutes ces insultes gratuites, odieuses, vulgaires, et sans fondement; je
répète : un artiste est un homme
bienveillant et aimant, qui comprends
qu’il y a de la grâce chez tous les êtres. Il y a donc quelque chose d’obscène,
de répugnantissime, à cette faune curieuse de tout et de rien, ramenant tout à
soi, incapables d’avoir l’œil véritablement ouvert, et cela sans parler du
cœur. Ainsi, aucune parcelle de génie possible chez ces grands et petits
bourrues ; ils sont méchants car laids et la remontrance sans humour et
tendresse est tout ce dont ils sont capables. Une caresse dans les cheveux ?
N’y pensez même pas. Toute beauté chez eux est comme un vieux monsieur
disgracié et qui ne pèse pas lourd dans la société. C’est une tragédie
personnelle.
La Langue
La langue est un outil. L’art lui-même un matériau de
celle-ci, elle dépasse l’imaginaire. Nous sommes du même pays, dans la
création. Il disait « Mon Pays, c’est la Vie »; j’ai une vision du
monde déformée, comme de tout le monde;
l’artiste transforme, en la remettant encore plus déformée, à sa
manière. C’est cela, l’imaginaire. Certes, j’aime beaucoup la langue :
c’est la forme naturelle de l’écrivain.
Elle se dit « bien contente », la langue, lorsqu’elle ne s’impose pas avec autorité,
lorsqu’elle est maternelle. C’est là,
d’ailleurs, que l’artiste s’attache, à l’intérieur, à son spectacle. Il n’offre pas de vérité, il est comme
elle : ils luttent contre le fait qu’on avale les vérités de tout le
monde. Ainsi, l’art possède son propre message, et invite, par son langage
propre, à l’autonomie de son propre message.
C’est une initiative d’autonomie, à travers le comique, cette peinture
des relations humaines. Nous ne sommes pas modernes, ainsi, la langue est comme
le marbre du sculpteur. Nous avons l’apparence de souplesse, notre époque-robot
offre des modèles sociaux trop violents et autres modèles de pancartes; du
futile. Ainsi, l’artiste s’attache, je répète, à l’intérieur du spectacle.
C’est pourquoi la langue est tellement importante : elle est la trame de
fond. Nous n’allons pas contaminer l’œuvre qui se dessine avec les questions
politiques ; l’histoire, les personnages, les couleurs, mais…. la modernité ?
Nous n’en sommes pas. Ainsi, je préfère me dire à moi-même :
« je suis sortie marcher dans les rues paisibles et calmes, un dimanche
matin; je me suis arrêtée à la terrasse fleurie d’un café, et j’ai été éblouie
par le soleil. » Nous ne voulons
pas de camarades, nous ne voulons pas les salons de la bassesse, notre langue
appelle à un renouvellement, en même temps que nous souhaitons retrouver
demain, du pain sur la table. Nous sommes attachés au passé car les
ressemblances sont remarquables avec notre aujourd’hui. L’artiste ne souhaite
pas être différent, mais il l’est, c’est comme ça. Il n’a pas décidé qu’il nous
fallait une littérature typique, son engagement n’est pas volontaire, il n’a
pas subi d’influence, il n’a fait que remarqué les ressemblances. L’artiste ne
fait pas exprès de créer, tout son être s’y retrouve, sa pensée prend un risque
énorme, mais c’est comme pour l’amour.
Parfois, on ne sait pas trop bien où se situe la frontière du rêve, tant
la réalité amoureuse, merveilleuse, de l’art et la pensée de l’art, lui suffit; par exemple, souvent, je rêve
d’un ballon rouge. Je ne sais pas ce qu’il vient faire là, dans mon imaginaire,
je ne sais pas, comme l’étranger, ses préoccupations et ses intérêts. Ce sont
les impressions du moment, qui me font craindre de perdre cette liberté, celle
du ballon, apte à s’élever dans l’air; c’est presque impossible de ne pas être
pris par l’histoire qui s’écrit, la toile qui se peint, l’œuvre en
question : s’y prendre, c’est un peu comme perdre sa liberté, parce qu’il
faut savoir se détacher soi-même, s’effacer devant l’œuvre, ses personnages,
ses couleurs, sa vie fulgurante. Cela exige une espèce d’humilité. Ainsi, pour
protéger son intégrité, Dumoux peint des toiles, comme d’autres écrivent des
fables, comme d’autres font de la politique ou des affaires. C’est un homme talentueux, très sérieux,
aussi un artiste qui produit beaucoup et semble avoir en main tous les
arguments pour y arriver; or, il n’y arrive pas. C’est qu’il est, comme ce mal
de notre siècle qu’est la modernité, en contradiction face aux grilles
d’analyse et les visions étroites du monde de l’art. Ce n’est pas un scandale
nécessaire, il lutte lui aussi contre le fait qu’on avale les vérités de tout
le monde. Cela est faux de dire que c’est un problème sporadique, car ils
agissent sur le thème de la désaliénation de l’individu; un artiste, par
définition, se passe de toutes définitions.
Alors, le ballon rouge n’est peut-être pas rouge, mais bleu, jaune, ou
vert. Il est peut-être tout blanc, noir,
mais… quoi qu’il en soit, l’artiste le sait : il est transparent,
et de par toutes ces couches de transparence, il est encore, de plus en plus,
transparent. La vie, la mort, l’art et
la pensée de l’art : nous sommes intarissables. L’art, c’est quelque chose
d’agréable. Il n’y a aucune vérité qui
soit indispensable. La langue est essentiellement elle-même. Comme vous le savez, j’aime écrire;
d’ailleurs, je goûte de la lecture, comme vous le faites vous aussi en ce
moment, les yeux posés sur les mots. Ainsi, j’ai le souvenir de « la maudite
galette » (1970-1971), de Denys Arcand, qui laisse deviner ce genre de
liberté, une plénitude de la langue, de l’art et de la pensée de l’art. Même
et/ou malgré notre monde actuel, je pense également au bon père Ernest Gagnon,
ce professeur-animateur remarquable. Ce sont eux, avec Dumoux, qui marquent le
mieux le monde actuel de l’art global. Il disait, le père Gagnon :
« un esprit ouvert est celui qui favorise l’épanouissement de ses
élèves « ; ainsi, l’artiste élabore une méthode de travail où l’histoire
attend d’être écrite. Ce moment inouï, sublime, où cette (sur)impuissance et
cette souffrance infinie, n’est plus, cela même si l’œuvre, l’histoire, l’art
et la pensée de l’art ne s’en est jamais remis; l’artiste, lui, s’en remets
toujours, bien qu’il puisse parfois avoir horreur de cela. Bref, le génie ne suffit pas, c’est une
discipline attentive, comme Balzac, lequel peaufinait rigoureusement son plan,
avant d’écrire, à tous les jours. Nous ne parlons pas ici d’écriture automatique
ou alimentaire, du désir de durer, du refus de mourir, de la peur de vivre; pas
besoin de cadre. C’est ainsi : ça vient d’une traite, souvent,
l’inspiration, il y a de ces hasards, comme ce livre sur l’art, qui vit encore,
actuellement, en bonne partie, dans un autre monde. J’ai parfois du mal à
m’exprimer, ainsi je préfère écrire,
c’est plus facile. Bientôt, vous en aurez la suite, car il est beau le
temps de l’écriture. Si le juste mot m’échappe, cela n’est pas grave, car j’y
reviendrai après. Vous avez pu me lire jusqu’ici, cela servira donc à réfléchir
ensemble. Nous sommes maintenant toutes et tous liés dans cette pensée de
l’art. Soyez bienvenue dans cette cité nouvelle, la Cité de l’Énergie ! C’est
vrai que le soir, en me couchant, j’aurai désormais une pensée pour vous, ma
chambre orientée vers l’ouest. Que vois-je ? Il faut que l’image devienne aussi
nette qu’une photographie. Oui, il faut lire cette œuvre tout d’un trait. C’est
aussi comme une berceuse, la pensée de l’art, qui semble vouloir se manifester
en témoin des ambivalences humaines. Elle ne lutte pas, non, ce n’est pas cela,
malgré les apparences; elle ignore tout de cette lutte intérieure, elle ne
cherche pas de « pourquoi » ou de « pour qui » écrire. Seul
Dumoux « ici et maintenant » force le retour sur soi, sur la
critique, sans sortir de son contexte, avec sincérité, sans faire de différences
essentielles, entre les manifestations de la langue et celles de l’élan de
création. C’est de l’artisanat, en somme. De la même manière, tout le monde
aurait pu, nous semble t’il, être peintre ou sculpteur, et, cette pensée, très franchement,
me fait chaud au cœur.