[Critique] Spotlight

Adapté de faits réels, Spotlight est réalisé par Tom McCarthy et retrace la fascinante enquête du Boston Globe – couronnée par le prix Pulitzer – qui a mis à jour un scandale sans précédent au sein de l’Église Catholique. Une équipe de journalistes d’investigation, baptisée Spotlight, a enquêté pendant 12 mois sur des suspicions d’abus sexuels au sein d’une des institutions les plus anciennes et les plus respectées au monde. L’enquête révèlera que l’Église Catholique a protégé pendant des décennies les personnalités religieuses, juridiques et politiques les plus en vue de Boston, et déclenchera par la suite une vague de révélations dans le monde entier.

Avec son sujet passionnant et sa mise en valeur du journalisme d’investigation, Spotlight séduit inévitablement. Tous les ingrédients sont en effet réunis pour passer deux heures scotché à son siège : une histoire captivante, des acteurs talentueux et de nombreux rebondissements. En outre, derrière le scandale planétaire, qui remet férocement en cause l’Église Catholique, se cache un long-métrage qui questionne intelligemment le rôle du journaliste à l’heure où l’image et le profit semblent parfois plus important que l’indépendance et l’information. Alors bien sûr, il n’a pas fallu attendre Spotlight pour s’en apercevoir mais l’ensemble n’en demeure pas moins extrêmement efficace. L’enquête est dense, mais parfaitement retranscrite à l’écran, et peut notamment s’appuyer sur une reconstitution minutieuse. Néanmoins, aussi passionnante soit-elle, celle-ci pèche tout de même par un manque cruel de tension dramatique. Un défaut mineur qui ne remet pas véritablement en cause les qualités du film mais qui l’empêche toutefois de marquer les esprits autant qu’il l’aurait pu.

Surtout que le casting se montre absolument impérial. De Michael Keaton à Rachel McAdams, en passant par Mark Ruffalo, Liev Schreiber et Stanley Tucci, tous livrent une prestation convaincante. On regrettera cependant le manque d’épaisseur dont souffrent tous les personnages, des principaux aux secondaires, qui empêche malheureusement les acteurs de pouvoir vraiment s’exprimer. A l’exception peut-être du personnage interprété par Mark Ruffalo, les protagonistes ne bénéficient effectivement d’aucune consistance dramatique. C’est leur rôle de journaliste qui les définit avant tout, pas leur propre personne. Et quand le réalisateur se risque à les humaniser lors de quelques rares séquences, les scènes ne fonctionnent absolument pas. Côté réalisation, à l’instar du scénario, la mise en scène est plutôt maîtrisée mais ne bénéficie d’aucune fulgurance. Elle ne fait finalement qu’accompagner, sans le moindre apport particulier, un récit qui semble n’avoir besoin de rien pour capter l’attention. Malgré son efficacité, l’ensemble manque d’amplitude et ne révolutionne jamais le genre.

En définitive, Spotlight est donc un thriller dramatique qui vaut surtout pour son histoire passionnante et son casting royal. Par la nature sensible de son sujet, et l’ambition qui en découle, le film s’avère complètement nécessaire. Mais les limites de son scénario et le classicisme de sa réalisation ne lui permettent pas de transcender un récit qui se suffit totalement à lui-même.