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Paroles de bénévoles : Aubépine et « ses » réfugiés du jour

Publié le 11 février 2016 par Asse @ass69014555

Paroles de bénévoles : Aubépine et « ses » réfugiés du jourAubépine ne supporte plus le manque de volonté de l'État pour accueillir dignement les réfugiés. Chaque jour elle en soutient de nouveaux, isolés ou en famille, qui se noient sur le bitume parisien.

Syriens, afghans, soudanais... Ces personnes qui ont très difficilement sauvé leur vie en fuyant leur pays d'origine sans trouver en Europe l'amorce d'un avenir.

Face à la misère, citoyens, débrouillez vous !

Aubépine Dahan
Mardi 9 février 2016

" Comme presque chaque jour lors de la distribution du déjeuner organisée Gare de l'Est pour les personnes exilées, une famille afghane nouvellement arrivée est là. Je m'approche d'eux accompagnée d'une personne pour la traduction, et les questions commencent (maintenant je commence malheureusement à avoir l'habitude).
Il y a un homme et une femme assez jeunes, un petit garçon de 4 ans (et demi, tiennent-ils à préciser) et un bébé de 7 mois que le papa tient tout contre lui serré dans une couverture. Le petit est malade, fiévreux, et il fait tout à coup très froid après un petit rayon de soleil. J'apprends qu'ils sont arrivés il y a deux jours à Paris, qu'ils ont passé la première nuit dans la Gare de l'Est, c'est-à-dire dehors, et la deuxième nuit chez un autre exilé qui doit disposer d'une chambre de quelques m2 dans un hôtel. La maman semble épuisée, le traducteur me précise un peu plus tard qu'elle est enceinte de 4 mois.
La famille a été signalée à la Mairie de Paris la veille, mais aucune proposition ne leur a encore été faite. Le CAMRES, accueil de jour situé près de Gare de l'Est et refuge habituel des Afghans du quartier étant fermé le mardi après-midi, nous allons nous mettre au chaud dans la salle d'attente fermée à l'intérieur de la Gare. Il est impensable de rester dans ce froid avec un bébé de 7 mois, déjà malade et fiévreux, en plus sachant qu'il n'est pas prêt de voir un médecin. Arrivée dans la salle d'attente, la maman prise de vertiges s'écroule au sol, et se relève en pleurant, soutenue par son mari. Elle craque... Je vais chercher du thé et de l'eau, et leur explique qui nous sommes et ce que nous essayons de mettre en place en parallèle d'une éventuelle solution Mairie.
Je les laisse avec le traducteur vers 15h, en alertant le réseau des soutiens pour trouver un hébergement pour ce soir, au cas où la Mairie n'enverrait encore aucune nouvelle. Il n'est évidemment pas question de les laisser dehors. Si aucune solution ne se présentait ni de la Mairie, ni des soutiens, il nous reste encore le joker : payer une chambre d'hôtel avec l'argent d'une collecte citoyenne.
A 19h, sans nouvelle de la Mairie, nous faisons le point avec le réseau des hébergeurs : une personne s'est proposée in extremis dans le sud de Paris. Nous organisons le transfert de la famille de Gare de l'Est à Arcueil. Je demande quand même des nouvelles à notre contact Mairie de Paris, car je m'étonne qu'une telle famille (un bébé malade et une femme enceinte... sans compter un enfant de 4 ans) ne soit pas ultra prioritaire et qu'un hébergement n'ait pas déjà été trouvé.

J'aurai des nouvelles un peu plus tard, alors que nous avons déjà mis en place l'hébergement chez des soutiens : demain, un hébergement en hôtel devrait leur être proposé. "


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