La Tour 2 Contrôle Infernale // De Eric Judor. Avec Erid Judor, Ramzy Bedia et Philippe Katerine.
Le cinéma d’Eric et Ramzy continue d’être un cinéma incompris. Ces héritiers du burlesque à la française continuent leurs aventures les plus rocambolesques. Ils ont une façon de manier les gags comme personne, à l’extrême, mais leurs modèles restent présents dans leurs interprétation. Je pense notamment à Leslie Nielsen qui transpire du début jusqu’à la fin de ce second volet de La Tour, prequel à La Tour Montparnasse Interfale (qui était lui même une parodie de Die Hard). Si je parle d’humour (voire de génie) incompris c’est surtout car un peu comme Quentin Dupieux, le cinéma d’Eric et Ramzy divise. Durant ma séance, sur les 20 personnes présentes, seulement 4 sont restées jusqu’au bout de la séance. Si ce second volet n’est pas aussi fort que le premier, il n’est pas pour autant une mauvaise idée. C’est un scénario assumé qui assure du début à la fin que cette « suite » n’était pas une mauvaise chose et qu’elle sert plutôt bien l’idée que l’on s’était déjà fait du film culte. Parfois, le film a des gags qui ne fonctionnent pas mais le tout est assez souvent rattrapé par une pléiade d’idées en tout genre, aussi rocambolesques les unes que les autres.
Octobre 1981. Ernest Krakenkrick et Bachir Bouzouk sont deux brillants pilotes de l’armée française. Suite à une malencontreuse erreur au cours d’un test de centrifugeuse, ils perdent une partie de leur potentiel intellectuel. L’armée voulant les garder dans l’aviation, on leur trouve un poste de bagagistes à Orly Ouest. Et là ...La genèse des aventures de nos deux laveurs de carreaux de La Tour Montparnasse Infernale.
Eric et Ramzy s’était un peu égaré ces dernières années, notamment avec Seuls Two, un ambitieux film peut-être trop démesuré qui m’avait déçu. Mais malgré tout, les quelques tentatives comme les films de Dupieux ou encore Halal Police d’Etat et j’en passe ont réussi à rappeler le génie comique de ce duo incompris. Cela fait des années qu’ils sont mis sur un piédestal et pourtant, personne ne semble apprécier leur humour comme il se doit. L’idée ici est de parler des enjeux d’une époque (le dépassement de la France face à la nouvelle technologie et son évolution, la connerie de notre gouvernement dans des situations de crise, etc.). Il y a une critique assez acide de quelque chose qui se passe de façon sous jacente et qui force le respect. Ensuite, nous avons cette sorte de parodie de vilain incarné par Philippe Katerine. Ce dernier aurait très bien pu jouer dans un James Bond ou dans un Austin Powers, il est parfait dans son rôle. Je dirais même qu’il est l’une des bonnes trouvailles. En plus de rappeler Marina Foïs. Avec la façon dont La Tour 2 Contrôle Infernale se moque aussi de ce qui se passe de nos jours, on sent que le but est avant tout de nous faire rire.
Et cela fonctionne, à condition bien entendu d’être sensible à cet humour. C’est ça qui est peut-être le problème des films d’Eric et Ramzy, d’avoir un humour tellement particulier (pourtant à mes yeux assez facile) qu’il n’arrive pas à séduire le plus grand nombre. La Tour 2 Contrôle Infernale est même encore plus burlesque que le premier volet, plus osé avec plus d’idées. Ici, le conducteur n’est pas une parodie de Die Hard mais une histoire qui aurait inspirée le premier volet. L’introduction qui pourrait faire écho à Star Wars (à la façon La Tour 2 Contrôle Infernale bien évidemment) et qui se moque complètement des conventions est déjà un signe indicateur que le but de ce film n’est pas d’être la suite balourde que l’on aurait pu croire. Car j’ai sincèrement pensé que cela allait être une suite de cet acabit, complètement ratée ou en tout cas mal fagotée. Par chance, il y a largement de quoi créer des scènes cultes pour les années à venir, comme La Tour Montparnasse Infernale avait déjà pu en créer avant lui. La performance de nos deux comparses est parfaite. Par exemple, tenir un gag sur des éperviers est tout de même un truc qu’il fallait oser, surtout que le gag, répétitif, fonctionne à chaque fois qu’il sort à l’écran.
Note : 8.5/10. En bref, le génie d’Eric et Ramzy continue de faire mouche pour mon plus grand plaisir.