Chocolat // De Roschdy Zem. Avec Omar Sy, James Thiérrée et Clotilde Hesme.
Qu’on se le dise, avant que l’idée de ce film soit proposée, je ne connaissais pas du tout qui était Chocolat. Après quelques recherches, j’ai compris pourquoi cela a attiré le nez de Roschdy Zem et pourquoi cette histoire merveilleuse (et dramatique) méritait une adaptation cinématographique. Je comprends aussi pourquoi Omar Sy était le meilleur choix possible, lui qui a déjà su jouer le tragi-comique dans Intouchables avec brio. Mais un biopic, c’est un genre qui n’est pas si facile que ça à réaliser, en grande partie car les ratés sont nombreux. Par chance, Chocolat est plutôt sympathique malgré ses longueurs pourtant nécessaires afin de raconter tous les tenants et les aboutissants de l’histoire de Chocolat ou plutôt de Rafael. Plus que l’histoire de Chocolat, c’est aussi l’histoire de deux clowns, l’un sur la fin, l’autre qui n’a pas vu qu’il avait du talent qui méritait d’être mis sous la lumière. Le duo créé est presque une ironie du sort, comme deux personnes qui se rencontrent au bon moment. L’enjeu pour Roschdy Zem était de faire tout cela avec une certaine retenue qu’il va conserver du début à la fin de son film. Celui à qui l’on doit Bodybuilder (2014) mais surtout Omar m’a tué (2010) prouve encore un fois sa volonté de prendre à bas le corps des sujets forts afin de les incarner au mieux.
Du cirque au théâtre, de l'anonymat à la gloire, l'incroyable destin du clown Chocolat, premier artiste noir de la scène française. Le duo inédit qu'il forme avec Footit, va rencontrer un immense succès populaire dans le Paris de la Belle époque avant que la célébrité, l'argent facile, le jeu et les discriminations n'usent leur amitié et la carrière de Chocolat. Le film retrace l'histoire de cet artiste hors du commun.
Ici, le sujet de Chocolat ce n’est pas tant l’histoire de deux clowns. Le film va nous proposer un enchainement de numéros mais c’est ce qui se passe dans la vie de Chocolat qui est beaucoup plus intéressant. Cet homme qui est né dans la misère et qui tout d’un coup se retrouve avec une petite fortune qu’il va décimé à cause de gens malveillants qui vont l’entourer jusqu’à ce qu’il perde tout. C’était un homme qui avait une envie de vivre sa vie comme il l’entend. Omar Sy retranscrit d’ailleurs très bien cet homme émancipé qui a envie de prouver au monde qu’il n’a pas les chaînes que son père a eu des années auparavant. On voit le message aussi qu’il veut faire passer, c’est à la fois un message de tolérance envers les noirs mais aussi un message qui montre la connerie de la société qui a adulé alors que la France coloniale et le racisme étaient encore très présents dans la société de l’époque. Du coup, le message qu’envoie le film est assez intéressant et la façon dont il est balancé m’a beaucoup plu là aussi. En adaptant l’histoire lui-même, il a mis ses mains dans le cambouis jusqu’au bout, quitte même à en rajouter un peu trop.
En effet, le film n’est malheureusement pas un chef d’oeuvre. Omar Sy a beau être brillant dans le rôle à s’y méprendre, je trouve que Chocolat n’est pas aussi bon que l’on aurait probablement pu l’espérer. Au départ, je m’attendais à un biopic à la hauteur de La Môme mais le problème ici est le choix de narration linéaire qui ne permet donc pas de s’imprégner totalement de l’histoire de façon originale. On suit du début à la fin Chocolat, certes, mais il n’y pas d’originalité dans la façon de raconter l’histoire. L’originalité ressort donc des propos plus sociaux qui sont apposés dedans. C’est une seconde lecture qui apporte forcément un petit plus. Finalement, Chocolat est un joli film mis en scène de façon posé sans être académique. Roschdy Zem a su être sobre sans tomber dans certains tics de biopics mais son adaptation suit un schéma un peu trop facile à mon goût alors que j’aurais apprécié qu’il y ait quelques surprises sur le chemin. Heureusement, l’émotion est là. Même si elle ne transperce pas toujours l’écran.
Note : 6/10. En bref, un joli biopic qui a ses longueurs mais avec un Omar Sy au top de sa forme.