Encore des rumeurs de normes graphiques revues à la baisse pour la version PC d’un jeu AAA. Alors que le lancement du jeu The Division, la nouvelle création d’Ubisoft, approche à grands pas, les commentaires sans doute malheureux d’un développeur semblent vouloir mettre le feu aux poudres.
En tout début de semaine, la communauté PC s’est mise à s’époumoner après qu’un développeur du jeu eu entre autres déclaré qu’«il avait été soi-disant nécessaire de maintenir le niveau de performance similaire à celui des consoles, parce qu’il serait un peu injuste de pousser [le jeu] très loin [des consoles]».
Citoyens de la glorieuse PC Master Race, aux armes! Empoignez briques et fanaux, et montons à l’assaut d’Ubisoft, ces suppôts des consoles et de leurs paysans.
Ubisoft dément
Sauf que… sauf qu’Ubisoft s’est défendu d’avoir «bloqué» les performances de The Division sur PC. De fait, les premières impressions découlant du récent bêta-test ouvert aux membres de la presse et aux gens du public ayant précommandé le jeu semblent indiquer que le titre est relativement solide sur PC, malgré quelques lacunes en termes de jouabilité et de contenu (mais ça, c’est une autre histoire).
Dans un communiqué transmis à divers médias peu de temps après l’éclatement de la «controverse», Ubisoft martèle qu’il est «tout simplement faux» de laisser entendre que les joueurs PC doivent se contenter d’une version «restreinte» du jeu.
Que cette histoire soit vraie ou pas, elle ne fait que rappeler le traitement réservé aux versions PC des jeux vendus par les grands éditeurs de la planète.
«Il a été porté à notre attention qu’un commentaire d’un membre de notre équipe a été perçu par certains membres de la communauté comme laissant entendre que la version PC de The Division a été “dégradée”, et c’est tout simplement faux. Depuis le début, la version PC de The Division a été développée de A à Z et nous sommes certains que les joueurs apprécieront le jeu et les fonctionnalités que cette version a à offrir. Et les rétroactions des joueurs PC ayant participé à la bêta en cours viennent corroborer cette affirmation», lance l’éditeur et développeur français.
Cela ne veut pas dire grand-chose en soi, remarquez bien. Que cette histoire de performances artificiellement réduites pour le PC soit vraie ou pas, elle ne fait que rappeler le traitement souvent honteux réservé aux versions PC des jeux de grande envergure vendus par les principaux éditeurs de la planète. Ubisoft, d’ailleurs, n’est pas très loin de la tête du triste palmarès des entreprises ayant soit mis en marché des produits de piètre qualité, soit énoncé des âneries technologiques. Et cela sans parler des problèmes liés aux jeux toujours connectés, ou encore à la plateforme propriétaire Uplay et ses multiples bogues et fonctionnalités gravement déficientes.
Bref, Ubisoft n’inspire pas confiance, et ce ne sont pas des questionnements comme ceux concernant les performances de The Division qui amélioreront les choses.
Feuille de route peu reluisante
Après des années de mauvais traitements infligés aux joueurs PC (rappelons-nous d’Arkham Knight), les grands éditeurs sont d’ailleurs nombreux à vouloir réparer les pots cassés et reconstruire une relation solide avec les joueurs PC. Ubisoft l’annonçait en octobre dernier en rejoignant l’Open Gaming Alliance; quant à EA, autre nom honni par la communauté, la profession de foi est venue à la fin du mois dernier.
Pourquoi? Parce que le PC est sans conteste la plus importante plateforme de jeu qui soit à l’heure actuelle, et qu’il y a donc beaucoup d’argent à faire dans ce secteur. Un rapport de la firme SuperData parle de revenus atteignant les 32 milliards de dollars US, contre 25 milliards pour les jeux mobiles, et 25,1 milliards pour les consoles. Et ne parlons même pas du nombre record d’utilisateurs de la plateforme Steam, bien au-delà du marché de la PlayStation ou de la Xbox…
Que tirer de tout cela? Le marché PC est non seulement le plus important, il est aussi le plus dynamique, avec bien souvent des utilisateurs intéressés à tirer le meilleur de leur machine, que ce soit en dépensant autant (et même moins) que pour une console, ou en créant un monstre de performance. Face à cela, il est plus que temps que les éditeurs et les développeurs cessent de s’appuyer sur le plus petit dénominateur commun lorsque vient le temps de vendre des jeux. Rockstar l’a bien compris avec une version PC de Grand Theft Auto V carrément époustouflante… mais qui a nécessité près de 18 mois supplémentaires en développement.
Ou pourquoi ne pas s’inspirer de CD Projekt Red, dont la série The Witcher est d’abord développée avec les joueurs PC en tête, pour ensuite s’occuper du marché des consoles?
Public cible
2015 fut un excellent millésime pour les jeux PC. Tâchons donc de faire en sorte que 2016 en soit le digne successeur.
Personne n’empêche qui que ce soit de jouer sur console, bien au contraire. Mais lorsque l’industrie traite son plus grand bassin de clients potentiels comme des citoyens de seconde zone, ceux-ci ne perdent généralement pas de temps à aller voir ailleurs. D’autant plus qu’avec la pléthore de plateformes de vente de jeux en ligne, il est plus aisé que jamais de voter avec son portefeuille.
2015 fut un excellent millésime pour les jeux PC. Tâchons donc de faire en sorte que 2016 en soit le digne successeur. The Division, après de multiples retards et fonctionnalités possiblement passés sous le couperet, pourrait d’ailleurs fièrement ouvrir la voie. Il n’en revient qu’à Ubisoft de ne pas se tirer dans le pied. Encore une fois.