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Paroles de bénévoles : Laurent, soutien inconditionnel aux réfugiés

Publié le 14 février 2016 par Asse @ass69014555

En tout début d'après-midi ce samedi 13 février, un message de Valérie Ousouf - soutien de longue date des réfugiés - circule de groupe en groupe et de page en page : " Tous à Beaubourg ! Après avoir été pourchassés et violentés de la Gare de l'Est à Stalingrad, en passant par La Chapelle et la place de la République, les réfugiés investissent le parvis de Beaubourg, espérant que cette visibilité leur assure une protection civique. Un nouveau campement se forme à l'instant-même. Merci de venir au plus vite : l'installation sera difficile. "

Le message a rassemblé de nombreux soutiens autour de quelques 80 réfugiés. Mais pas suffisamment pour éviter la énième expulsion menée par les forces de l'ordre.

La prochaine fois sera peut-être la bonne, avec l'appui de tous les soutiens, de toutes les associations. La prochaine fois, l'évacuation qui tente d'enfermer dans l'ombre les réfugiés sera alors peut-être impossible ? Ils pourront demeurés dans la lumière jusqu'à ce que nos " représentants " acceptent de leur offrir un début d'avenir digne de ce pays et de ses valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité.
A défaut d'éveiller les consciences des politiques, l'accueil humain des réfugiés peut - grâce à nous tous - constituer un enjeu incontournable des élections 2017

Laurent, du collectif parisien de soutien aux exilés, raconte...

Paroles de bénévoles : Laurent, soutien inconditionnel aux réfugiés
Laurent Grossmann

Samedi 13 Février 2016 - Beaubourg/Paris

" Merci ! Merci à tous ces Policiers, Gendarmes et CRS qui se sont déplacés aujourd'hui. Merci à cette commissaire de Police, merci à l'état, merci au Préfet, merci au Maire de Paris et merci au Président de la République. Pourquoi je vous remercie tous? Parce que grâce à vous cette après-midi fut merveilleuse ! Grâce à votre compétence, grâce votre volonté de bien faire les choses, grâce à votre humanité, grâce à votre grand cœur pour protéger les femmes et les hommes de ce pays, grâce à votre bonté d'âme, grâce à votre bon sens, grâce à votre engagement et j'en oublie surement, enfin grâce à toutes vos qualités, vous laissez, une nuit de plus dormir dans la rue ces dizaines d'exilé-e-s qui sont venus trouver refuge en France.

Mais pourquoi ces exilés sont-ils venus monter des tentes à Beaubourg ? C'est très simple, je vous vais la faire courte comme je disait à Madame la Commissaire : " En plus de ne pas avoir de toit, ils se font harceler toutes les nuits par la Police qui les réveillent à coup de pied et qui utilisent des gaz lacrymogène pour les faire partir de leurs différents emplacement. "

Mais comme nous a répondu le Commissaire, " c'est le week-end, on ne peut appeler personne, et pourquoi vous n'avez pas fait ça hier ou Jeudi " nous a t-elle demandé. Que répondre à ça ? La misère humaine ne fait plus pleurer personne, et le weekend, c'est sacré pour ceux qui ont un toit, pour ces nantis qui sont à l'abri.

Et cette même commissaire, qui voyant mon téléphone me dit: " Alors, vous avez de l'argent pour avoir un bel iPhone mais pas pour les accueillir chez vous ? ". Cette remarque, nous l'entendons souvent des forces de l'ordre mais que ! Comment vous dire Madame, Monsieur, que beaucoup de soutiens hébergent, un jour ou l'autre des exilé-e-s. Et comment vous dire poliment que votre remarque intelligente reflète du niveau de bêtise avec laquelle vous abordez ce sujet si grave de l'accueil des exilé-e-s en France.

Le gag ne s'arrête pas là, nous avons beaucoup rit grâce à ce policier qui a surement raté une carrière dans la comédie en répondant à un militant qui lui demandait : " on aimerait parler avec quelqu'un qui en sait un peu plus que vous sur le logement " et ce merveilleux agent lui a répondu : " Dieu, allez parler à Dieu ". Merci de nous envoyer vos illuminés.

Nous avons aussi eu le droit à la négociation, et quelle négociation: démonter les tentes pour avoir peut-être un rendez-vous avec la Préfecture ou pour appeler un centre d'hébergement qui a probablement des places (130 places). On négocie donc la survie des gens, on négocie sur les droits des hommes, on négocie sur les devoirs de l'état. Pour finir en beauté nous avons eu le droit à la menace, que forcément nous avons pris au sérieux, menace que la Police nous charge si nous ne démontons pas le campement car nous " occupons illicitement le domaine public ", et ça c'est illégal! Mais laisser des humains sans toit, ça c'est légal! Laisser la misère dans sa misère, ça c'est légal ! Pour être sérieux, bravo à tous ces hommes qui après de longs mois d'exodes ont encore la force de lutter. Et merci à tous ces soutiens, militants, passants qui ont bravé la pluie pour soutenir nos amis. Et une lueur d'espoir lorsque des passants interloqués par la situation nous expliquent qu'ils sont bénévoles à Hambourg en Allemagne où 1000 exilé-e-s arrivent chaque jours et sont accueillis avec dignité et humanité. A quand le même accueil en France ? La lutte continue, ils ne lâcheront rien, ils ont notre soutien inconditionnel ! "

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU SAMEDI 13 FÉVRIER 2016

" I wanna be loved by you, Pom' Pompidou ..."

Nous, exilé.e.s de différents pays, voulons que les droits de l'Homme s'appliquent aussi à nous. Nous revendiquons :

- un logement

- des papiers

- l'accès à l'éducation

Nous, personnes solidaires, parisien.ne.s, sommes indigné.e.s du sort réservé aux étranger.e.s sur notre territoire :

Jeudi 4 février, à la Chapelle, se déroule le 24e démantèlement de campement parisien en 8 mois. Comme la plupart du temps, une quarantaine de réfugiés reste sur le carreau, voyant ses tentes et ses duvets jetés à la benne par les pouvoirs publics.

Mercredi 10 février, des exilé.e.s, se cherchant un abri se sont installé.e.s sur un terrain de basket grillagé à Stalingrad. Ils l'ont fait pour fuir l'offensive policière quasi quotidienne subie à Gare de l'Est.

Le soir même, un représentant de la Mairie de Paris accompagné d'une caméra de M6 est venu communiquer sur " la mise à l'abri rapide des demandeur.se.s d'asile ".
Au lieu de cela, le lendemain une expulsion a eu lieu à coups de pieds et de gaz lacrymogène.

Nous rappelons :

- L'article 345-2-2 du code de l'action sociale dispose que : " Toute personne sans-abri, en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d'hébergement d'urgence."

- L'article 1er de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et des Citoyens de 1789 dispose qui que : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits."

Nous sommes écoeuré.e.s par la répression policière systématique et l'abandon de la mairie et du gouvernement.

L'attitude méprisante des pouvoirs publics à l'égard des exilé.e.s ne fait qu'alimenter les idées xénophobes de l'extrême droite.

Nous, exilé.e.s et personnes solidaires, sommes déterminé.e.s à vivre ensemble, debout, dignement, au nom de cette Humanité que nous avons en partage.

Nous nous autoriserons à utiliser tous les moyens légitimes pour défendre nos droits.

Nous nous rassemblons devant un lieu symbolique de la culture afin d'alerter l'opinion et de solliciter votre protection.

Collectif la Chapelle Debout !

Collectif Parisien de Soutien aux Exilé.e.s

Bureau d'Accueil et d'Accompagnement des Migrants


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