Pourquoi nous souvenons-nous mieux de certaines expériences que nous décrivons comme » plus marquantes » ? Via IRM fonctionnelle, ces neuroscientifiques de l’Université de Californie – Davis identifient un signal dans l’hippocampe associé à un souvenir » enrichissant « , une sorte de tag, qui va permettre un rappel plus facile de la mémoire. Ces travaux présentés dans la revue Neuron, contribuent ainsi à expliquer comment fonctionne le mécanisme cérébral qui donne la priorité à certains souvenirs.
Les chercheurs évoquent la notion de » reward » ou récompense, qui participe à ce processus de mémorisation prioritaire. Ils rappellent qu’afin de ne pas être submergé de détails, le cerveau fait son tri, filtre l’information et décide ce qu’il faut retenir, avec l' » arrière-pensée » que ces données peuvent être importantes pour l’obtention de récompenses futures.
Dans cette étude, ils scannent le cerveau de volontaires, invités à répondre simplement par oui ou non à des questions simples sur une courte série d’objets. Chaque série d’objets est présentée sur une image de fond et de contexte, et en fonction du contexte, les bénévoles sont informés, en cas de réponses correctes, de l’importance de la récompense monétaire. A la suite de cette expérience, les cerveaux des participants sont analysés au cours d’une période de repos. Puis les participants passent un test de mémoire surprise portant sur le rappel des objets présentés lors de la première étape de l’expérience.
· Bien évidemment, les participants se rappellent mieux les objets associés à une forte récompense,
· lorsqu’un objet est associé à une forte récompense, les gens se souviennent mieux également du visuel de fond.
· Mais surtout, performance de la mémoire des participants s’avère prédite par l’activité cérébrale mesurée pendant le repos ! Lorsque les chercheurs examinent les scanners du cerveau de sujets au repos après l’exercice de réponses aux questions, ils constatent le même type d’activité que lorsque les sujets sont en train d’effectuer la tâche.
· Les participants qui se remémorent le mieux les objets » à forte récompense » présentent une augmentation de connectivité, un signal particulier, entre l’hippocampe, une zone du cerveau impliquée dans la mémoire, et l’aire tegmentale ventrale impliquée dans le processus de récompense, ce qui suggère que la récompense a joué un rôle dans la stimulation de l’hippocampe après l’apprentissage.
La dopamine en cause : ces interactions sont probablement liées à la libération de la dopamine, un neurotransmetteur libéré dans le cerveau lors de l’espoir et l’attente d’une récompense. On sait par ailleurs, que des niveaux de dopamine réduits, comme dans la maladie de Parkinson par exemple, sont associés à des troubles de la mémoire.La mémoire privilégie ainsi les expériences » enrichissantes » via ce processus » inconscient » de consolidation qui intervient, en fait, en période de repos.
Source: Neuron Feb 2016 DOI : 10.1016/j.neuron.2016.01.017 Post-learning Hippocampal Dynamics Promote Preferential Retention of Rewarding Events (Visuel@Charan Ranganath)
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