« L’enfer est pavé de bonnes intentions »
Je ne suis pas le dernier à lutter contre ce genre d’ordures de la pensée humaine, sur les réseaux sociaux et ailleurs. J’ai fait partie de plusieurs groupes vigilants qui avaient pour fonction de repérer et de signaler les comptes des taré(e)s qui les propagent. J’y ai d’ailleurs pour les besoins de la cause perdu bien des comptes… A l’occasion, j’ai fait l’objet de harcèlement de la part de fachos. J’ai adressé de nombreuses alertes à Pharos dans les cas les plus graves. La liberté d’expression, argument ultime pour qui n’en n’a plus afin de faire fermer son clapet à ses contradicteurs quand il s’agit de justifier le pire, les horreurs et l’indignité, ne fonctionne plus quand on nie la liberté et le respect de l’Autre, qu’on en fait un pur objet de plaisir, de mépris, de violence et de mort. Pourtant, déjà remonté contre la loi renseignement et ses injustifiables intrusions contre le droit à l’intimité de chacun, quand j’ai appris que le gouvernement et les forces de l’ordre voulaient aller encore plus loin en automatisant les blocages et déréférencements des contenus ou sites internet qu’ils estiment illégaux, de leur propre chef, je suis tombé des nues. Nul doute qu’il s’agisse de leur part de faire preuve d’efficacité face à une tâche probablement énorme, rendue encore plus difficile et exponentielle par la relative impunité dont pensent jouir les auteurs de ce genre de saloperies, bien à l’abri derrière leurs écrans. Il est fort probable aussi que les faibles moyens humains des forces de l’ordre chargées de la traque sur internet de ce genre de contenus toxiques et nuisibles explique cette demande choquante à mes yeux. Mais jusqu’où peut-on aller cependant dans le toujours plus loin vers le pire, en niant ainsi les libertés publiques les plus fondamentales, les bases les plus profondes de ce qu’il nous reste de démocratie ? Sans l’intervention d’un juge, ce genre de pratiques, si elles devaient être autorisées, que ce soit pour une bonne ou une mauvaise cause, nous conduiraient assurément vers un modèle de société totalitaire. Mon optimisme s’incline sur ce dossier face à la réalité. Je ne suis plus très sûr en effet que nos dirigeants politiques soient en capacité de percevoir à quel point ils sont en train de creuser la tombe de nos libertés… En autorisant la mise en place de tels outils, se rendent-ils compte qu’ils mettent nos vies personnelles à la merci de n’importe quel individu malveillant ? Vu leur perception en général si imparfaite, voir inexistante, et médiocre d’internet, je le répète, je ne suis pas très confiant… On est là en train de mettre en place un système de contrôle et d’éradication des contenus malveillants qui, dans les mains d’un pouvoir encore moins démocrate que l’actuel (suivez mon regard…), nous conduirait au musèlement de toute liberté d’opinion. C’est suffisamment grave et inédit pour que j’y consacre une grande partie de mon temps personnel. Urgent, agir.