Better Call Saul // Saison 2. Episode 1. Switch.
La première saison de Better Call Saul était une agréable surprise, une extension d’un univers qui avait déjà raconté énormément de choses. Breaking Bad et son empreinte restent toujours très présents dans Better Call Saul mais au delà de ça, cette saison part dans une toute nouvelle direction, sortant un peu de ce que la série avait pu faire l’an dernier, notamment au travers de la relation entre Jimmy et son frère. Le cold-open de ce premier épisode est déjà assez symbolique du problème, de l’impasse dans laquelle Jimmy se trouve. Ou bien dans laquelle il va se retrouver dans le futur. J’aime bien que Better Call Saul caresse un peu les problème de son héros car elle taquine le téléspectateur par rapport au fait que l’on sait déjà pas mal de choses sur son futur, mais que l’on ne sait que très peu de choses sur son passé. Car le passé de Jimmy (enfin, Saul Goodman dans Breaking Bad), on n’en sait pas grand chose. La première saison était un premier chapitre, très réussi au demeurant, qui racontait déjà une bonne partie de ce qu’incarne Jimmy. Cet épisode est aussi une occasion en or de porter sur le devant de la scène une question existentielle du personnage assez importante : celui du qui veut-on qu’il devienne ? On sait déjà ce que Jimmy va devenir dans le futur mais justement, ce qui est intéressant c’est de savoir ce que l’on a envie qu’il fasse pour parvenir à cette place.
C’est là que Jimmy vient au fait de ne plus s’arrêter. Il a beau avoir tout fait pour gagner le respect de son frère, ce dernier l’a entubé l’an dernier quand une bonne petite affaire s’était profilée sous ses yeux. Il ne veut plus respecter les règles et faire les choses dans le droit chemin comme auparavant. Il se rend compte que c’est dans ce genre de situations qu’il s’est fait marcher dessus. S’il est encore un peu tôt pour cerner où est-ce que cette saison va se diriger, j’apprécie pour le moment la transition longue et intelligente qui est faite tout au long de cet épisode. « Switch » aurait pu être complètement raté, ne pas capitaliser sur la saison précédente et donner l’impression que Better Call Saul était déjà bien installée et qu’elle n’avait donc plus rien à prouver. Au contraire, elle vient aussi nous montrer un personnage qui a gagné en assurance, notamment vis-à-vis de la pratique de la loi qu’il voit ici comme une façon d’aller de l’avant lui-même plutôt que de se faire utiliser à droite et à gauche pour ses talents. Car Jimmy a des talents mine de rien. Il l’a démontré l’an dernier avec son frère qui a juste utilisé ses talents à son avantage. Au fond, cet épisode est surtout là aussi pour nous rappeler l’univers de personnages dans lequel on évolue, que cela soit Jimmy mais aussi Mike et Nacho par exemple.
Ce sont de bons personnages dont l’évolution sera plus intéressante par la suite. Surtout qu’en rétrospective par rapport à la saison 1 et accessoirement Breaking Bad, Jimmy n’est pas encore le Saul que l’on connaît mais il n’est plus le Jimmy de la saison 1. Son évolution prend donc petit à petit marche et cet épisode est là pour préparer le terrain des intrigues de la saison. Rien n’est encore trop délayé pour le moment mais j’aime bien la façon dont Better Call Saul prend son temps afin de ne pas brusquer les personnages dans des intrigues précipitées. Cela permet d’éviter la morale ridicule ou en tout cas de tomber dans certains panneaux. Les intrigues semblent éteintes pour le moment jusqu’à ce qu’elles se réveillent et que tout explose dans l’univers de Jimmy. Car c’est aussi ça que l’on attendait dans Breaking Bad, que l’on attendait l’an dernier dans Better Call Saul, et qui ne nous a pas encore failli. Vince Gilligan est presque un génie (je dis presque car Better Call Saul doit tout de même confirmer avec cette saison 2 les promesses faites l’an dernier) et je crois que je pourrais le suivre dans n’importe quelle aventure. Rien que quand il dit sur le plateau de Jimmy Kimmel qu’il se demande comment avec un tel pitch Breaking Bad a pu fonctionner (certes sur le ton de l’humour mais au fond, je pense qu’il y a toujours une part de vérité dans n’importe quelle bonne blague), finalement même ses idées les plus bizarres peuvent fonctionner.
Note : 7.5/10. En bref, belle reprise.