MONDE > Frappes aériennes en Lybie : Daesh pourrait en sortir grandi

Pour le groupe de consolidation de la paix International Alert, de nouvelles frappes aériennes en Lybie pourraient renforcer le groupe terroriste Daesh. Eléments de réponses.

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photo ©afp.com/Stephan Agostini

Une deuxième intervention militaire en Lybie pourrait asseoir les positions de groupes terroristes tels que Daesh, selon l'organisation de consolidation de la paix International Alert. Ce dernier plaide en faveur d'un renforcement du dialogue et du processus politique dans le pays, alors que la perspective d'une deuxième intervention en Libye se confirme de jour en jour. Le but : éliminer ou du moins repousser les forces de l'État Islamique en Libye, où 3 000 combattants sont présents, principalement dans la ville de Syrte. "Une telle opération pourrait bien créer plus de problèmes qu'elle ne prétend en résoudre", affirme Rebecca Crozier, responsable du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord chez International Alert. "Comme nous l'avons vu dans d'autres contextes, par exemple en Afghanistan et en Syrie, en plus d'être insuffisantes, les frappes aériennes peuvent également être contre-productives en donnant une légitimité supplémentaire aux forces visées par les attaques - ici l'État islamique - et conduire à de nouveaux recrutements"Pas de guerre à la guerreEn 2011, la première intervention militaire de l'OTAN en Libye, non accompagnée d'un plan global à long terme, a laissé derrière elle un pays fragmenté au bord de l'implosion, sans institutions d'Etat, en proie au conflit entre milices armées rivales. "Ajouter de la guerre à la guerre risque d'aggraver davantage la situation, d'augmenter le nombre de victimes civiles, de finir d'anéantir les infrastructures du pays, d'amplifier les dissensions et de permettre à Daesh de se présenter comme une force de résistance contre les 'impies de l'Occident' tout en essayant de mettre la main sur les ressources pétrolières du pays. Cela risque de rendre la mise en place d'une gouvernance plus démocratique et inclusive en Libye encore plus difficile".La Tunisie, inquièteUne nouvelle intervention militaire pourrait également alimenter l'instabilité en Tunisie pays voisin, en particulier dans les villes frontalières de Ben Guerdane et de Dhiba. "Une intervention militaire en Libye risque de déstabiliser davantage la Tunisie, non seulement en raison de la crise des réfugiés qu'elle provoquera, mais également en exposant son territoire à la menace de la vengeance terroriste", explique soucieuse Olfa Lamloum, responsable pays pour International Alert en Tunisie. "Pour les tunisiens, l'insécurité et le chaos économique que créerait une telle intervention seront l'inévitable prix à payer."Et Rebecca Crozier d'ajouter : "La communauté internationale doit redoubler d'efforts pour encourager le dialogue et une solution politique inclusive. Mais bien entendu, cela prendra beaucoup de temps et demandera beaucoup d'efforts. Ce processus a connu quelques avancées ces derniers mois, mais il faut à présent l'intensifier. Les interventions militaires sont vaines si elles ne s'accompagnent pas d'un processus politique viable, lequel doit bénéficier du soutien des populations locales et inclure une approche globale consistant à combattre l'extrémisme violent en combinant les interventions économiques, sociales, culturelles, sécuritaires et politiques"
La réponse appropriée à la menace terroriste en Lybie est de promouvoir la paix, le développement humain et le soutien total aux hommes et femmes qui se battent pour les droits de l'Homme, pour la citoyenneté sociale et politique. La Lybie semble avoir besoin de paix, pas d'une nouvelle guerre. FG