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Crétins - ou le jeux des 7 différences

Publié le 12 juin 2008 par Vonric Vonric

*Coup de gueule*

Vous pouvez jouer ici :

L'Humanité - L'Europe vote la semaine des 65 heures Le Monde - La gauche européenne dit non a la semaine des 65 heures

J'ai commenté hier l'article de Jules, qui faisait référence à une news de Jean Quatremer, que j'avais aussi commenté. Aujourd'hui Eolas en rajoute une couche. Tout ceci au sujet de la Une de l'Huma, titrant: Europe : une semaine de travail de plus de 65 heures !

Je vous donne quelques morceau choisis de ce chef d'oeuvre de désinformation:

L'Humanité"Grâce à Nicolas Sarkozy et à son gouvernement, l’Union européenne vient d’ouvrir la perspective d’une semaine de travail de 78 heures ! Le crime a été signé hier à l’aube, à Bruxelles, au terme d’une réunion des ministres de l’Emploi des 27 pays membres

[...]

L’accord conclu hier fait sauter toute limite de temps : « l’opt-out est pérennisé ad vitam eternam et peut désormais être généralisé », note Guy Juquel, du secteur Europe de la CGT. Le gouvernement de Londres, qui bataillait ferme pour en arriver là, avec son homologue irlandais et l’appui de la

[...]

Et il reste que la France vient de se distinguer en vidant un peu plus de son contenu une Europe sociale déjà réduite à une très faible expression, en faisant de la semaine des 60 heures (et plus) la référence européenne".

Du grand n'importe quoi ! Tout d'abord qu'est ce que cela va changer ? Pour les Français, RIEN. Pour les Britanniques, qui pouvaient aller jusqu'à 78 heures par semaine grâce à une clause d'opt-out sur le temps de travail dans les précédents traités, cela signifie une amélioration des normes sociales

Et oui. Grâce a l'Europe, le social progresse : c'est EXACTEMENT l'inverse de ce que nous écrit l'Humanité, dans la grande tendance des journaux anti-européens, nonistes de toujours, qui ne s'accordent sur rien si ce n'est de dire NAN!. Quoi de commun entre l'Humanité et le Sun britannique ? NAN à l'Europe. 

Pour ceux qui souhaitent comprendre où est le progrès, je ne saurais que les inciter à lire l'article du journal Le Monde (je grasse) :

Le Monde - La gauche européenne dit non a la semaine des 65 heures"Après des années de blocage, les Vingt-Sept ont maintenu la durée maximale de 48 heures par semaine. Afin de rallier le Royaume-Uni, ils ont néanmoins confirmé, tout en l'encadrant, la dérogation défendue par les pays les plus libéraux, qui permet à un salarié de travailler davantage que ce plafond."

Et pour aller plus loin (les plus courageux), reportez vous à la directive 2003/88/CE du Parlement européen et du Conseil du 4 novembre 2003 concernant certains aspects de l'aménagement du temps de travail :

"Article 3 Repos journalier: Les États membres prennent les mesures nécessaires pour que tout travailleur bénéficie, au cours de chaque période de vingt-quatre heures, d'une période minimale de repos de onze heures consécutives.

Article 6 b) la durée moyenne de travail pour chaque période de sept jours n'excède pas quarante-huit heures, y compris les heures supplémentaires. - 1. Les États membres prennent les mesures nécessaires pour que tout travailleur bénéficie d'un congé annuel payé d'au moins quatre semaines." (ayons ici une pensée pour les Etats Unis et remercions d'être dans l'union Européenne).

Seul le Royaume Uni avait obtenu une clause d'opt-out:

"Article 22 - 1. Un État membre a la faculté de ne pas appliquer l'article 6"

En vertu de quoi l'Angleterre permettait d'aller jusqu'à 78 heures (7 petites journées de plus de 11 heures de travail... quand on aime, on ne compte pas). Alors que la directive citée ci dessus doit être renégociée, le Royaume Uni souhaite tout simplement maintenir sa possibilité de travailler comme un forçat... Et par la négociation, les pays opposés à cet opt-out (parmi lesquels la France, l'Espagne, la Suède) ont obtenu que même en cas d'accord de dépassement des 48 heures posés par la directive, un maximum de 65 heures soit respecté, si le salarié donne son accord, et à condition que la loi garantisse que le salarié ne subira pas de préjudice sur sa carrière s'il ne donne pas son accord, qu'un registre soit tenu de ces périodes de travail et puisse être communiquées aux autorités à leur demande, et que la période de onze heures entre deux périodes de travail soit respectée.

Bon, maintenant que vous vous réjouissez, je me dois de réfréner votre enthousiasme : ce n'est encore qu'un projet de loi, et il doit encore être validé par le Parlement européen (session de décembre 2008 ).

Pour terminer je laisse la parole à Eolas :

"Bref : un énième mensonge noniste, ou la énième preuve qu'ils ne comprennent rien à ce qu'ils jugent et condamnent, je ne sais pas lequel est le pire (au moins, un menteur peut s'arrêter de mentir, de temps en temps). L'Europe veut nous soumettre pieds et poings liés à l'ultralibéralisme ? Non, c'est tout le contraire. Mais que vaut un argument face à un cliché ?

Mais voyez : leur message a pris quelques minutes à être proféré. Entre convaincus, pas besoin de démonstration. Il m'a fallu près de deux heures pour rédiger ce billet et faire les recherches pour vous mettre les liens vers les documents pertinents. Vous voyez pourquoi c'est un combat perdu d'avance ? Parce que mes adversaires ne s'adressent pas à la raison, mais à la peur, à l'inquiétude, donnent quelques liens vers un article en langue étrangère et hop le tour est joué."


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