Magazine Moyen Orient

Téhéran : huit féministes arrêtées. L’histoire se répète.

Publié le 12 juin 2008 par Delphineminoui1974
  photo 1.JPGC’était il y a trois ans. Déjà. Pour rejoindre la porte principale de l’université de Téhéran, elles s’étaient glissées, par grappe de dix, plongeant la tête la première dans la vague des embouteillages de la grande avenue de la Révolution, disposées, comme toujours, à affronter un obstacle largement plus pénible : celui des coups de bâton des forces de l’ordre, prêtes à dégainer au quart de tour.

« La constitution doit changer. Le droit des femmes doit être restauré », pouvait-on lire sur l’une de leurs pancartes, portées à bout de bras, en référence à l’instauration de lois discriminatoires à l’égard des Iraniennes, depuis la révolution de 1979.

Féministes de la dernière heure, femmes au foyer, étudiantes rebelles, passantes solidaires, elles n’avaient toutes qu’un mot à la bouche : « l’égalité entre hommes et femmes ».

Très vite, la foule fut dissipée, plusieurs femmes molestées, et d’autres embarquées au poste de police. Des collègues journalistes furent même contraintes de « céder » leurs cassettes vidéo.

L’année suivante, même date, même scénario sur la place Hafté Tir. Le 12 juin 2006, plus de 70 personnes sont arrêtées lors d’un rassemblement pacifique. La répression est violente. Mais les défenseurs des droits de la femme ne baissent pas les bras.

De cette mésaventure naîtra l’idée de lancer la pétition «un million de signature pour la parité entre hommes et femmes ».

L’espoir est toujours là.

Trois ans plus tard, l’histoire se répète à nouveau. Et l’étau se resserre tristement.

De ma nouvelle résidence de Beyrouth, je viens de recevoir un email m’apprenant l’arrestation, cette fois-ci, de 8 activistes des droits des femmes, à l’occasion de l’anniversaire de ce jour baptisé symboliquement « la journée nationale de solidarité envers les femmes iraniennes ».

Par précaution, elles avaient pourtant évité de provoquer les ultras en décidant de se réunir, cette fois-ci, dans une galerie d’art privée, la « Route de la soie ». Mais en arrivant devant le centre culturel, elles trouvèrent la porte close. Les forces de l’ordre avaient pris les devants en forçant sa propriétaire à fermer les lieux. Elles se chargèrent, aussitôt, d’accueillir à l’entrée 8 des participantes, puis de les arrêter.

D’après les informations communiquées par leurs collègues, il s’agirait de Aida Saadat, Nahid Mirhaj, Nasifeh Azad, Nasrine Sotoodeh, Jelve Javaheri, Jila Baiyagoub, Sara Loghmani et Farideh Ghaeb.

"Il est regrettable de voir que les forces de sécurité craignent désormais l’organisation d’un simple meeting avec un nombre limité de participants d’environ 100-150", déplore le site féministe « Change for equality ».

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(Images d'archives personnelles : le 12 juin 2006, devant l'université de Téhéran - crédit photo : Delphine Minoui)


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