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Éloge funèbre de Monsieur Martinoty

Publié le 19 février 2016 par Les Lettres Françaises

Te voici donc monsieur emporté sous nos yeux

Par l'armée des ombres en un éclair qui s'enflamme

Et passe sur la scène de ton théâtre

Sans fenêtres ni portes Ô terre l'orchestre

Des oiseaux soudain s'est tu d'où vient-il ce vent

Entré dans ta bouche comme un poing et ton corps

Et la proie sans fin des chiens de l'infernal

Océan des ténèbres les vagues font le

Bruit d'un livre qu'on feuillette et nous racontent

L'histoire du ciel amoureux de la terre

Ah j'ai vu une ombre qui portait sur sa bosse

Un homme comme un fagot de bois et le feu

A l'odeur du sang lorsqu'il déchire les arbres

Qui ne demandaient qu'à fleurir une fois encore

Faut-il qu'il m'en souvienne des temps heureux nous

Nous croyions immortels et comme persée armés

Du bouclier de la jeunesse nous pouvions

Trancher la tête de méduse en chantant un

Air d'opéra

C'était dans les îles là-bas où l'on regarde

La lune dans un miroir comme une lettre

Cryptée pour en déchiffrer l'énigme appelle

T-on cela une vie et sur le sable la

Mer efface le dessin d'un rêve aussi

Tôt que tracé c'était dans l'envers du monde et

La lune sous le bras tu marchais au milieu

Des dieux en exil à pâques il n'y aura pas

De résurrection

Comment en pleine course encore cet effréné

Désir de vivre désormais rendu à la

Nuit immobile et lourde ah je n'accuserai

Ni les dieux ni les hommes je n'ai rien à dire

Que les larmes et sur la tête du dormeur l'ogre

A posé sa patte griffue comme un rêve d'éternité

Nul n'échappe à la froide nécessité

Ô vous qui dormez dans les étoiles enchaînés

Ombres ombres aimées que me voulez-vous

Je marche parmi les ruines et je cherche encore

Au ciel la lumière dans la nuit une poche

Vide.
Pourtant

Mélisande a perdu sa bague dans l'eau d'une

Fontaine avant de mourir comme aragon

J'ai les yeux brûlés

Ah maintenant que les acteurs sont partis les

Musiciens à leur tour rentrent dans la coulisse

Le rideau de scène tiré les spectateurs

Se lèvent dans le plus grand désordre la salle

Tinte comme un sac d'osselets tu salues le

Peuple des ombres

Ami

Tout

En moi

Étrangement

S'éteint et

Attend

Tamara Ô Tamara

Les anges ont replié leurs ailes sur le tom

Beau de l'amour

[...]

Jean Ristat

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