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La Colonia Dignidad côté thriller

Publié le 20 février 2016 par Anthony Quindroit @chilietcarnets
La Colonia Dignidad côté thriller

« La colonie », par Johann Etienne

C’est un endroit que le Chili préférerait oublier : la Colonia Dignidad. Là, des nazis – dont Paul Schaefer – ayant fui l’Europe à la fin de la Seconde Guerre Mondiale ont trouvé refuge. Lorsque Pinochet prend le pouvoir, la Colonie apporte son soutien à la police militaire. En retour, le sinistre lieu obtient une forme d’immunité et peut continuer dans le secret le plus total des expériences et autres abus sur des Chiliens.
Depuis 2007, la Colonia est devenue Villa Baviera, un espace dédié au tourisme.
Mais son histoire lui colle à la peau. Alors qu’un film doit sortir prochainement sur le sujet (Colonia, avec Emma Watson), cette histoire a inspiré l’auteur Johann Etienne. Dans son dernier roman, il fait de ce lieu le point de départ de La colonie, un thriller original dans lequel un homme sans histoire se retrouve embarqué dans une histoire qui le dépasse quand un clandestin Chilien arrive en France avec une pathologie rarissime et une étrange marque sur le visage. Fouillé, dense et sombre, le livre de Johann Etienne réussit son coup. Entretien avec un auteur méconnu.

Tout d’abord, qui êtes-vous ?

Johann Etienne

Johann Etienne

Johann Etienne : « Qui suis-je ? Si j’étais prétentieux, je dirais : vaste sujet. Fort heureusement, je ne le suis pas.  Pour répondre, à votre question : homme de type caucasien, âgé de 40 ans (que je ne fais pas, je vous assure !). Je suis né et réside à Troyes, dans l’Aube. Quand je n’écris pas, j’exerce le beau métier (et je tiens au terme « beau ») de professeur d’histoire géographie. Au jour d’aujourd’hui (expression à éviter clairement dans la rédaction d’un roman), j’ai fait paraître trois romans (tous des thrillers) ainsi qu’une nouvelle policière. »
Comment êtes-vous arrivés sur le sujet de cette colonie chilienne ?
« Je suis passionné par l’histoire, assurément. Et pas seulement de par ma profession. L’histoire est une passion qui me nourrit depuis l’enfance, et à laquelle je n’ai jamais dérogé. Je suis arrivé à ce sujet un peu par hasard, comme la plupart des sujets de mes romans. En 2004, j’écoute une émission de radio présentée par Jacques Pradel, et qui relate l’histoire incroyable d’une colonie fondée par un ancien nazi au Chili dans les années 60, et qui perdure encore à l’époque en toute impunité.
L’enquête a été menée sur le terrain par deux journalistes, un Français et une Chilienne [La colonie du docteur Schaefer, de Maria Poblete et Frédéric Ploquin, NDLR]. Ce qu’ils racontent est tellement insensé que je ne peux qu’être immédiatement attiré par ce récit. Je me procure donc l’ouvrage de leur enquête et le dévore littéralement. L’embryon d’un roman émerge dès les premières pages. »
Comment avez-vous travaillé autour de ce sujet ?
« Comme expliqué auparavant, j’ai travaillé à partir du livre-enquête de ces deux journalistes, mais également à partir d’ouvrages historiques, notamment sur l’histoire contemporaine du Chili (les années Pinochet surtout). En ce qui concerne le travail sur les lieux, je me suis essentiellement documenté sur Internet (cartographie des lieux, climat, blogs de voyageurs pour avoir un ressenti plus direct…) »
Avez-vous eu des retours de la communauté chilienne sur ce sujet sensible ?
« Non, malheureusement pas. J’avais envoyé le livre au journaliste français auteur de l’enquête, mais je n’ai jamais eu de retour. C’est toujours le problème quand on n’a pas, comme c’est mon cas, une distribution du livre digne de ce nom. Mais l’essentiel est que les lecteurs du livre me fassent part de leurs retours, et de ce point de vue, je suis très satisfait. »
Quels sont vos futurs projets ?
« Je travaille actuellement sur un nouveau roman, qui se fait un peu attendre, mais que je cisèle comme une pierre brute. Un polar noir, très noir même, ou la pitié n’a pas sa place, où aucun personnage ne trouve de rédemption, le tout dans un lieu tout aussi inspirant, situé au cœur de la France. Mais je ne rejette pas l’idée de retravailler un jour sur l’Amérique Latine (comme dans mon deuxième roman, Prophétie), car l’histoire passée et actuelle de ces contrées reste source d’inspiration. »

La Colonie, de Johann Etienne (éditions Ex-aequo), 268 pages, 20 €.


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