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[Critique] The Revenant (2016)

Par Régis Marton @LeBlurayphile
[Critique] The Revenant (2016)

Un film de : Alejandro Gonzalez Inarritu

Forrest Goodluck, Paul Anderson, Kristoffer Jonner, Joshua Burge, Duane Howard, Melaw Nakehk'o, Fabrice Adde, Arthur RedCloud, Christopher Rosamond, Robert Moloney, Lukas Haas Avec : Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domnahll Gleeson, Will Poulter,

Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l'amour qu'il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l'homme qui l'a trahi. Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption.

L'œil du panurgisme

Depuis des mois, et la diffusion de sa première bande annonce, The Revenant est l'affiche à suivre. Surfant sur l'argument d'une performance technique révolutionnaire, doublée des conditions épiques de son tournage, le film a su rallier l'avis favorable de tous ceux qui ne l'ont pas encore vu, sacré avant même sa sortie chef d'œuvre du grand spectacle. On dit l'image superbe, et qu'en plus, Léo y souffre bien. Ce qui, parait-il, vaut tous les oscars du monde.

Waw.

S'il est vrai qu'au cinéma, aligner grands angles et plans séquences suffit parfois à créer le choc - l'intention spectaculaire en vaut une autre - il semble naïf de croire que l'immersion peut se passer du pouvoir d'identification des histoires bien contées. C'est une superposition d'éléments disparates, qui, en s'entremêlant, nous évoquent un sentiment, une idée. C'est une mise en scène guidée pour soutenir un propos, appuyer l'atmosphère, détailler le sujet. C'est une émotion, avant tout, pensée et maîtrisée, à la source d'une vérité reconnaissable, mère cent fois bafouée du sentiment cinématographique : la vérité d'un ensemble. Il n'y a pour s'en convaincre, qu'à observer l'inverse ; si on fait mal les choses, le manque d'alchimie vient très vite gâcher la fête. Au crédit du Revenant, ses effets hauts de gamme et leurs vastes décors assurent à la séance quelques scènes d'anthologie. Ils sont bien les seuls ; perdus au milieu d'une farandole d'idées sans richesse, c'est l'unique énergie qu'Inarritu parvient à nous transmettre : le coup d'œil jouissif d'un mouvement d'appareil, et les belles lueurs qu'il enregistre.

Cool.

Une bien belle histoire, aux enjeux vastes et universels, et sa mise en scène choc, deux entités non assorties. Les travellings y sont leurs propres fins, ne racontant rien, creusant la matière là où il n'y a que du vide. Lorsqu'un cadre simple suffit à l'émotion, on y appose un grand angle ou une contre plongée, dont la présence injustifiée parait si détachée du reste qu'on ne voit plus qu'elle, écrasant dialogue et poésie. Petit à petit, The Revenant se décompose, et la belle image censée tisser les peaux de son histoire abandonne son texte, prend du poids, broyant le récit sous une avalanche d'effets gratuits. En trois quart d'heures, l'émotion est morte. Suivront ces longues courses " survival " qui avaient tant fait parler, où Léo tremble, où Léo souffre, où Léo fait surtout très bien la grimace, n'ayant pas la moindre scène à même de faire varier son panel d'expression. Écartelé par sa volonté technique, le film lasse vite, alignant une interminable suite de plans vains, présents juste pour montrer qu'on peut les faire. Face à nous, la réalisation dévore son texte.

Deux heures en carrousel

Corrigeons les profanes : Inarritu ne filme pas bien, il fait de l'attraction sans histoire, incapable qu'il est d'en raconter une. Son film est une belle femme bien trop maquillée, à l'effet pschitt terriblement frustrant. On en sort agacé par ce mensonge de deux heures vingt, fable travestie en un monstrueux manège en 3 dimensions. Quant à son récit, sacrifié sur l'autel de la performance gratuite, on attendra un vrai conteur pour venir nous le dire.

Nos attentes pour une édition collector :

Le making of et un ticket d'entrée pour le Futuroscope. Quitte à nous prendre pour des cons, autant aller au bout du projet.

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