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Penser la contestation, et son étouffement sous le #vallsisme

Publié le 23 février 2016 par Mister Gdec

A force de suivre les signes de la contestation sociale dans l’actualité depuis des années sur ce blog, je vois à quel point les médias et les politiques, tout comme les personnalités et intérêts dominants qui les encadrent, ont intérêt à faire taire, ou  au moins à minimiser tout ce qui ne correspond pas à leurs croyances. Alors que la politique, et c’était là sa noblesse, avait une vision plus globale de la société, voilà qu’elle se cantonne aujourd’hui à une vision totalement phagocytée par l’économie. Et quand on sait comment elle est enseignée dans ce pays, et à quel point les enseignements alternatifs en sont bannis, et dénoncés par ceux là mêmes qui sont sensés en être leur gloire, il y a de quoi se montrer modérément optimiste quant à la capacité de nos gouvernants à se voir en position de changer le monde comme il va mal… Déjà sous Sarkozy, les exemples d’étouffement des voix de la contestation étaient visibles, certains ayant atteint un niveau de visibilité médiatique tels qu’ils pouvaient difficilement être passés sous silence. Mais avec le tandem Valls/Cazeneuve, voilà qu’ils se multiplient, se banalisent, état d’urgence aidant… On se souvient des événements de la Zad de Sivens, et de leur dénouement dramatique. Il aura donc fallu un mort pour que le ministère de l’écologie se rende à l’évidence… Comme si cela n’avait pas pu être étudié avant, avec davantage de raison. La manière dont les médias et les politiques, y compris ceux dits « socialistes », ont vilipendés les syndicalistes d’Air France est un autre signe de contestation fort dans l’imaginaire collectif, à gauche. Face au mépris caractérisé de leur direction et l’immense violence de cette société dont les conséquences sur la vie de centaines de personnes, ils ont été collectivement vilipendés, et réduits à la seule violence exercée sur deux chemises. Mais celle que l’on exerce sur des centaines d’emplois alors qu’Air France a fait tant de bénéfices, elle, est secondaire, n’est-ce pas. Autre angle de vision de la contestation, on sait à présent les nombreux dérapages qu’une loi d’exception a permis, et qu’on a choisi en haut lieu de minimiser. On se souvient de ces militants écologistes qu’on a choisi d’assigner à résidence pour qu’ils ne troublent surtout pas la cop 21. On voit aussi comment les pouvoirs publics avec la complicité des médias tentent de disqualifier le foyer d’opposition qu’est NDDL, quitte à a passer sous silence les documents qui contredisent la vérité officielle. On s’indigne de ce que de courageux militants pacifiques qui ont protesté contre l’état d’urgence à Paris ou ailleurs, qui ont aidé des migrants, ou qui ont manifesté pour le climat aient pu être empêchés de manifester, voire pour certains ont été dénoncés, et arrêtés. Mais aujourd’hui, ça va trop loin. La criminalisation de l’action syndicale devient de plus en plus la règle plutôt que l’exception, et il semblerait que se révolter contre l’insupportable violence économique et sociale que notre pays connaît ne saurait être remise en cause d’aucune manière. Autre dernier exemple en date, la condamnation a de la prison pour ceux de Goodyear. Inacceptable. Et voilà que j’apprends aujourd’hui avec stupéfaction qu’on va jusqu’à placer en garde à vue un militant de la CGT dont on craignait qu’il ne dérange les certitudes de Messieurs Valls, Macron, et de Madame El Khomry. Puisqu’ils sont critiqués avec virulence jusque dans leur propre camp, et à juste titre, à propos d’une certaine loi particulièrement régressive, le pouvoir en place devra-t-il, étape ultime, faire enfermer les militants de leur propre parti qui contestent leur action détestable ? J’aurais pu également évoquer l’affaire Mezzadri….

Et voilà que je tombe sur un  article éclairant en la matière, même s’il est micro-localisé, moins médiatique, et moins spectaculaire, ce qui conduira fatalement à ce que les médias ne l’évoquent pas. Préambule  :

À partir de l’étude d’une table de quartier à Roubaix, cet article revient sur la façon discrète mais efficace avec laquelle les institutions, et en particulier les élus municipaux, tentent de contrecarrer l’organisation collective d’habitants mobilisés autour d’un projet de rénovation urbaine. Alors que les quartiers populaires sont souvent qualifiés de déserts politiques, cette expérience montre qu’il n’en est rien, mais que tout est fait pour empêcher la structuration de contre-pouvoirs à l’échelle locale.

Cet article, à lire absolument, montre à quel point, peu  peu, pas à pas, l’action pourtant si constructive des habitants d’un quartier de Roubaix qui souhaitent prendre leur destin en main, loin des discours d’assistanat et de passivité véhiculée globalement,  est contrecarrée de manière si mesquine par la municipalité.  Refus d’ouverture de salle, coupes dans les subventions, tentatives de monter les associations membres du projet  les unes contre d’autres, en faisant courir des rumeurs quant à la possible ambition hégémonique de certaines d’entre elles. La répression se fait également symbolique, en ayant recours à la disqualification des acteurs. Ces formes de délégitimation passent par la mise en cause de certains leaders de la table, qu’on accuse de « faire de la politique », de s’opposer au projet pour mieux s’attaquer au maire, puisque certains « sont aux Verts ». Les verts, ces dangereux politiciens radicaux, terroristes évidents… La suite ici.

Si l’on poursuit globalement dans cette voie, que ce soit au niveau mondial, européen, national ou local, en ne permettant pas aux rares espaces de contestation qui sont aussi des lieux de construction d’exister, l’immense cocotte minute qu’est actuellement notre société risque fort d’exploser. Et cela, de manière de plus en plus spectaculaire et violente. Surtout quand les voix politiques qui peuvent porter cette contestation sont si peu nombreuses, et parfois même occultées


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