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Les indignés et les partisans de la réforme orthographique

Publié le 23 février 2016 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Existant depuis 26 ans, la réforme orthographique peine à s’imposer dans le système éducatif scolaire. Créé en 1989, cet ensemble de rectifications a été établi par le Conseil supérieur de la langue française et acquiescé à deux reprises par l’Académie. Les mesures prises n’entendent pas révolutionner la langue mais la simplifier. Par exemple, un même mot peut être orthographié de deux manières différentes. Ainsi l’accent circonflexe est facultatif sur certaines voyelles. C’est le cas des mots "coût" et "paraître" pouvant désormais s’écrire avec ou sans accent. Le trait d’union peut aussi disparaitre au sein de certains termes comme "porte-monnaie" ressemblant alors davantage à son collègue "portefeuille". En 2008, un bulletin officiel de l’éducation nationale a rappelé la mise en application de l’orthographe révisée, obligeant les professeurs réticents à l’enseigner. Enfin, en ce début d’année 2016, tous les éditeurs des manuels scolaires tiennent compte des nouvelles règles établies.

Les partisans de la réforme soutiennent la nécessité d’adapter l’écriture à l’usage. La langue étant sans cesse en évolution ils estiment essentiel d’accorder nos écrits avec nos dialogues contemporains. Effectivement nous n’employons plus l’ancien français parce que nos aïeuls ont laissé la langue se modifier au cours des siècles. Notre écriture peut ainsi s’adapter de la même façon. De plus, ces rectifications s’intègrent dans une démarche de simplification de la langue, la rendant davantage accessible aux jeunes enfants et aux apprenants du français.

Les réfractaires en revanche s’indignent de ces nombreux arrangements linguistiques. Ils considèrent ces changements comme une incitation à la paresse qui dénature l’écriture ; un irrespect adressé à la langue, à sa culture et à son héritage littéraire. D’une part, ils craignent les conséquences d’une telle décision sur l’avenir. Dans quelles mesures la langue va-t-elle encore se modifier? Aujourd’hui il est question d’un accent circonflexe facultatif sur les "i" et les "o", demain la simplification sera systématiquement appliquée, dans le futur l’accent lui-même pourrait disparaître de la langue. D’autre part, l’accent circonflexe étant déjà une évolution du français, s’agit-il vraiment d’une simplification? En effet s’écrivant anciennement "es", comme dans le mot "forest" ou "fest", l’accent chapeauté a permis l’apparition des termes "forêt" et "fête". Ainsi, sa disparition constituerait une forme de "sur-simplification". Déclenchant de vifs échanges sur les réseaux sociaux, le sujet enflamme toujours autant la toile. Les révoltés ont pris le sujet à bras le corps, inscrivant le hashtag #jesuiscirconflexe dans leur statut facebook. Celui-ci suscitant généralement de nombreuses réactions en commentaire comme par exemple: "25 ans pour appliquer les conseils de l’Académie… Pourquoi maintenant? Cela a-t-il vraiment un sens?". En plus d’un mécontentement général, une incompréhension s’est instaurée par rapport à cette réforme appliquée des dizaines d’années plus tard.

Toutefois beaucoup d’internautes ont pris la nouvelle sur le ton de l’humour, voire de l’humour noir. Utilisant la référence au slogan des attentats de Charlie Hebdo "Je suis Charlie", certaines personnes arborent des statuts tels que: #jesuisoignon ou #jesuisnenuphar. Ainsi ils personnifient les mots disparus en les considérant comme morts, tués par l’Académie et le système politique. Ils créent également d’autres slogans sur twitter pour signifier leur désaccord. Prenant en exemple des mots dont la perte de l’accent circonflexe provoque une homonymie tendancieuse, les followers twittent et retwittent des messages comme: "Je vais me faire un petit jeûne. (est différent de) Je vais me faire un petit jeune. De l’importance de l’accent circonflexe".

Ainsi la disparition définitive du chapeau francophone pourrait créer de nombreux homonymes. Néanmoins est-ce vraiment un problème? La langue française rencontre très souvent des cas similaires. Dans l’exemple: "Il livre ce livre qui coûte une livre", le contexte de la phrase suffit et n’a jamais nécessité l’apparition d’un accent sur un "i" pour spécifier le sens.

Finalement, le français est en constante évolution grâce aux usagers qui le pratiquent mais a-t-il vraiment besoin d’académiciens pour fixer de nouveaux changements? Peut-être la langue a-t-elle simplement besoin d’évoluer librement.

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