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Sonnet I

Par Vertuchou

Regarde ton miroir, et dis à ce visage
Que les temps sont venus d'en former un nouveau ;
Car si tu refusais d'en faire un aussi beau,
Tu décevrais le monde et quelque vierge sage :

Quelle belle, en effet, pour un moins doux fardeau,
Dédaignerait ici ton marital usage,
Et, de son propre bien préférant le tombeau,
Quel sot consentirait à briser son lignage ?

Tu sembles le miroir de ta mère ; elle, en toi,
Rappelle la fraîcheur de l'avril de sa vie :
Par la vitre de l'âge, en un pareil émoi,

Vieillard, tu reverras ta jeunesse fleurie.
Mais qui veut vivre seul, pour que chacun l'oublie,
Mourra seul, emportant son image avec soi.

William Shakespeare


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