Baron Noir // Saison 1. 8 épisodes.
BILAN
Il n’est pas toujours facile de créer une série politique cohérente du début à la fin. Baron Noir n’est pas une série facile à prendre mais qui est dotée d’un casting suffisamment attractif pour faire venir les téléspectateurs au moins au départ. Comme cela a fonctionné pour moi. Les deux premiers épisodes étaient bons, intéressants et les intrigues se diffusaient de façon intelligentes. Au travers de ces huit épisodes, l’intrigue va rapidement devenir beaucoup plus intéressante alors que la tension augmente, les personnages montrent enfin leur vrai visage et les rebondissements font rage. Notamment autour de Rickwaert, sa relation avec Laugier (et la façon dont ce dernier va payer cette relation). Baron Noir ce n’est pas forcément une série politique comme les autres, sauf peut-être House of Cards qui a aussi pris le parti de ne pas forcément mettre en avant des affaires politiques mais plutôt les coulisses de relations ambiguës entre les personnages. Ici, les relations sont au coeur de Baron Noir. Entre trahisons, cynisme, mésalliances, la série parvient à être une chronique mordante d’un monde politique obscène. C’est à la fois brillant et tout à fait inquiétant. Car quand on voit ce qui se passe dans cette série, et les affaires qu’il y a déjà vu autour d’anciens ministres et/ou Président, on peut alors se demander si au fond Baron Noir n’a pas raison.
La série pousse bien évidemment à l’extrême pas mal de choses mais toujours dans le bon sens. Difficile de ne pas être entièrement captivé par la haute tenue des dialogues, l’intensité des face-à-face, l’analyse pointue des rapports de force et la qualité de l’interprétation. Côté dialogues, Baron Noir démontre parfaitement qu’elle maîtrise son sujet. En plus de choisir les bons mots afin de nous captiver tel un thriller, la série fait le choix de nous plonger aussi au coeur de la politique avec les termes politiques qu’il faut. On appelle un chat un chat. Le but n’est pas de faire de la politique pour les nuls mais réellement de nous montrer les coulisses du pouvoir. J’apprécie d’ailleurs le fait que Baron Noir ne cherche pas à montrer la droite ou la gauche comme un parti d’exception. On nous montre qu’au fond ils sont tous les mêmes et que tout n’est qu’une histoire de stratégies. Notamment quand Laugier réalise un coup important dans l’épisode 6 en annonçant qu’il refuse les directives de l’Union Européenne (et la sanction pécuniaire dont la France doit s’acquitter pour avoir dépassé les 3% du PIB fixés lors de la construction de l’UE). C’est un moment historique qui s’avère être plausible dans un monde où il est de plus en plus difficile de venir à bout des dettes de notre pays.
Au fond, Laugier n’est pas bête. Il a juste fait certains choix qui ne le servait pas trop au départ. Notamment avec cette histoire d’argent (que Rickwaert va devoir régler à sa façon). En parlant de ces deux personnages, Kad Merad et Niels Arestrup étaient les parfaits acteurs pour se confronter. Les face-à-face sont électriques et c’est aussi pour cela que Baron Noir fonctionne plutôt bien dans on ensemble. Une fois passé l’introduction dans la première partie de la saison, la seconde est menée tambour battant. On ne s’arrête jamais. Dénoncer l’arrogance des élus sans pour autant verser dans la démagogie la plus crasse ce n’était pas facile. C’est un pari risqué que Baron Noir parvient cependant à développer à sa façon. En permanence sur le fil, la série, troublante à force de réalisme, y parvient avec une virtuosité peu commune. Je ne vais pas dire que je porte la série aux nues non plus, mais elle laisse une vraie empreinte à la fois moderne dans le monde des séries, mais aussi dans la politique française tant sa vision fait à la fois froid dans la dos mais également permet d’ouvrir un peu les yeux. Je suis sûr que Baron Noir accentue certains traits afin d’en faire un élément narratif mais j’apprécie aussi qu’ils parviennent à en faire quelque chose de vraiment palpitant. Je ne m’y attendais pas du tout au départ.
Finalement, Baron Noir n’a de cesse de se démener afin de nous faire plaisir et nous offrir un vrai jeu entre deux personnages importants. Les personnages annexes ont eux aussi chacun leur intérêt, a commencer par Amélie Dorendeu incarnée par Anna Mougladis (qui va surtout se révéler sur la fin). C’est avec ce genre de petits personnages annexes que Baron Noir parvient à sortir un peu du lot et à donner un nouvel élan créatif à certains de ses personnages. Entre les ors faussement sublimes de la République et les paysages délavés de la mer du Nord, la part d’échec a réussi à tenir du début à la fin. Et à avoir du sens. Mais Baron Noir se referme sur une belle promesse, celle de se retrouver dans une saison 2 qui je l’espère verra le jour rapidement.
Note : 7/10. En bref, une agréable chronique politique menée de façon savoureux. Notamment dans la seconde partie de la saison, palpitante à souhait et sans temps morts.