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Des affrontements entre police et ultras corses prennent une tournure très politique

Publié le 27 février 2016 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Suite à ces incidents, huit fans du SCB sont poursuivis pour "menaces, rébellion, outrage à personnes dépositaires d'une autorité publique": sept d'entre eux seront jugés le 22 mars tandis que la huitième sera jugée prochainement par une juridiction pour mineurs. Le ministre de l'Intérieur a réagit par communiqué en condamnant "très fermement ces actes inadmissibles" et en appelant les "responsables du SCB à intensifier leur travail de lutte contre les dérives de certains de leurs supporters ultras". Loin d'être close, l'affaire a rebondi dans les jours suivants puisque de multiples incidents entre manifestants et forces de l'ordre ont eu lieu en Corse où les ultras protestent contre l'impunité de la police accusé d'avoir commis une "bavure" contre l'un des leurs le 13 février.

En effet, Maxime Beux, affirme avoir été la cible d'un tir de flash-ball qui a provoqué la perte de son œil gauche. Alors qu'il avait auparavant affirmé qu'aucun tir de la sorte n'avait été effectué, le procureur a ensuite reconnu qu'un policier avait bien eu recours à une arme de ce type mais que ce tir l'avait touché à l'abdomen - et non à l’œil - et que c'est dans sa fuite que le jeune homme aurait fait une chute sur un poteau, entraînant sa blessure à l’œil. Cette guerre des versions a poussé le parquet de Reims à lancer une information judiciaire pour faire toute la lumière sur cette blessure tandis que l'IGPN a été saisie et que le défenseur des Droits, Jacques Toubon, a lui aussi ouvert une enquête.

Au sein du monde du football, les réactions furent fortes et les soutiens aux ultras nombreux. Le SCB a fait montre d'un soutien total à ses ultras et a même appelé à un "rassemblement en soutien à Maxime et pour la vérité" le 20 février; tout en rappelant - sorte de pied-de-nez à Bernard Cazeneuve - que "dès qu'il avait eu connaissance de ces faits, le SCB a été aux côtés de ses supporters". Dans le même temps, un bras de fer s'est engagé entre le club de Bastia et la Ligue de Football professionnel (LFP) autour du match Bastia - Nantes qui devait se tenir originellement le dimanche 21 février à 20h. Reprogrammé par la LFP à 14h pour des raisons de sécurité, le match a finalement été reporté au 9 mars suite au refus du SCB de jouer le dimanche après-midi.

Alors que le règlement de la LFP prévoit qu'en cas de refus d'un club de jouer, celui-ci perd par forfait (3-0) et que le président de la Ligue, Frédéric Thiriez, avait donc toute latitude pour imposer ses volontés, ce dernier a préféré céder au SCB. Ce renoncement se comprend notamment à l'aune de relations depuis longtemps exécrables entre le SCB et Frédéric Thiriez (accusé de racisme anti-corse notamment après avoir snobé les joueurs du SCB lors de la dernière finale de la coupe de la ligue); ce dernier préférant ainsi éviter de remettre de l'huile sur le feu. Par ailleurs, fait plutôt rare pour être souligné, les ultras du SCB ont reçu le soutien explicite des Ultras rémois (les Ultrem) qui ont publié un communiqué sur Facebook pour expliquer que "même s'ils étaient rivaux dans les tribunes, ils étaient unis contre la répression" et qu'ils n'étaient que "peu étonnés" par le comportements des policiers rémois, comparés à des "cowboys". Cette solidarité entre ultras de tous les clubs de France est exacerbée par le débat autour de la proposition de loi de Monsieur Larrivé qui entend renforcer le fichage des supporters (voirnotre publication précédente). Ce tournant politique de l'affaire a été amplifié par la réaction de Jean-Guy Talamoni, président nationaliste de l'Assemblée de Corse depuis les dernières élections régionales de décembre. Celui-ci a dénoncé sur Europe 1 un véritable "problème de racisme anti-Corse" et s'est rangé à la position des ultras du SCB en soulignant que la perte d'un œil par Maxime Beux était "clairement une bavure policière". Dans un contexte où les relations entre le gouvernement français et la Corse ont rarement été aussi tendues - suite notamment aux propos de Jean-Guy Talamoni parlant de la France comme d'un "pays ami" de la Corse - les ricochets judiciaires autour de ces incidents seront sans aucun doute l'occasion d'une récupération politique par les deux camps. Même si le président de l'Assemblée corse a aussi appelé par communiqué à l'apaisement, il n'en a pas moins souligné - comme il l'avait fait sur Europe 1 - qu'il doutait fortement de "l'impartialité de l'enquête", alimentant là encore l'idée d'une institutionnalisation d'un racisme anti-Corse.

Cette hypothèse d'une discrimination à l'encontre des Corses est d'ailleurs régulièrement relayée par le SCB qui se plaint d'un arbitrage biaisé en sa défaveur. Les prochains verdicts de la justice tout comme les inévitables polémiques footballistiques ne manqueront pas de raviver les tensions. Plutôt que de s'aplanir, nul doute que la situation va se… corser.

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