eSports Yearbook 2013/2014: Des analyses offertes par des professionnels de l’eSport

Vous êtes fan d’eSport et vous désirez qu’on vous en parle de manière sérieuse, l’ eSports Yearbook vous intéressera

J’ai découvert récemment ce livre dédié à l’eSport écrit par des passionnés, pour des passionnés. Ce livre est réalisé par Julia Hiltscher et Tobias M.Scholz. Ses deux auteurs ont recueilli les témoignages et les analyses de professionnels de l’eSport tels que Matt Demers ou Tilo Franke. Le seul inconvénient est que le livre ne plaira pas aux anglophobes car il est totalement rédigé en anglais. Cependant, ne vous inquiétez si vous n’êtes pas bilingue; quelqu’un ayant un niveau d’anglais satisfaisant (B1 pour les lecteurs encore écoliers ) comprendra facilement, un petit dictionnaire peut être nécessaire pour quelques mots de vocabulaire littéraire ou technique qui ne sont pas nombreux. Donc ne soyez pas effrayé, ce livre est abordable pour nous, français même non bilingues. Néanmoins, si cet article reçoit un accueil très intéressé de la part nos lecteurs non anglophones, il se pourrait que je retranscrive certains chapitres dans la langue de Molière. De plus, notons que ce livre a plus d’un an et fait référence à des faits datant d’au moins 1 an et demi; ne vous étonnez pas de ne pas retrouver des références aux gros investissements récents (ESPN, Immortals, Turner, MTG). Notez que il se démarque car il pourra satisfaire tous les fans grâce à sa diversité : des témoignages de célébrités, des analyses professionnelles et complètes,…

Les auteurs nous introduisent leur ouvrage avec une préface présentant brièvement les tenants et les aboutissants du livre comme par exemple l’utilisation d’ eSports Yearbook dans des bibliothèques universitaires et la manière dont a été réalisé ce projet à but non lucratif. Julia Hiltscher nous offre également une brève histoire du sport électronique pour nous mettre dans le bain.

Dans cet article, je vais vous présenter les thématiques abordées dans le livre, notons que certaines d’entre elles sont abordées dans plusieurs témoignages et analyses.

L’eSport examiné sous toutes ses coutures

Si vous recherchez à tout prix de vraies analyses professionnelles et complètes au sujet de l’eSport, vous allez être satisfaits car l’ eSports Yearbook en regorge. Je ne vais pas approfondir mais vous y retrouverez des analyses sur la mercatique, le sponsoring, les investissements, l’eSport dans la culture populaire, …

Ces dernières sont appuyées par des chiffres, des diagrammes,…

« Les eSports sont maintenant un élément majeur de la culture des jeunes d’aujourd’hui »  Tilo Franke

« L’eSport est quelque chose qu’on a jamais vu auparavant »  Joost Van Dreunen

Les gens de l’eSport

Les progamers parlons-en

Tout au long des analyses, les joueurs sont présents; on retrouve des témoignages de joueurs, des analyses de leurs comportements et de leurs qualités. Un chapitre est notamment d’actualité : le « game leadership »; car en ce moment des débats paraissent autour de la présence de coach dans les équipes mais également il souligne qu’un joueur professionnel n’est pas un joueur de poker qui gère le hasard comme personne. Un autre point fort de ce livre est que les joueurs font partie de différentes communautés: League of Legends, World of Warcraft, Counter-Strike,…

« Ils ne sont pas en train de jouer juste pour de l’argent, ils jouent parce qu’ils veulent être le meilleur des meilleurs » Day[9]

Impossible de devenir caster vous disiez?

On retrouve dans l’ eSports Yearbook un thème très intéressant: la construction d’un commentateur. Les deux chapitres qui y sont dédiés sont un mélange de témoignages et d’analyses. Le fameux commentateur anglophone Matt Demers nous détaille notamment son expérience avec une grande précision. Ces chapitres se révèlent tout autant atypiques qu’intéressants.

« Les commentateurs vont devoir satisfaire à la fois les utilisateurs les plus expérimentés que ceux qui ont besoin de développer leur passion pour le jeu » Matt Demers

Public et ambiance

L’ eSports Yearbook arrive même à nous faire revivre des événements marquants de l’eSport simplement avec des mots. Marvin Hortsmann nous décrit l’ampleur des EMS One Katowice 2014 non pas grâce à des chiffres mais à l’aide de son témoignage, de son ressenti. Il nous plonge dans ses souvenirs de cet événement international dédié à l’eSport. Vous pourrez également revivre les MLG Dallas dans ce livre. De plus, on nous rappelle entre les lignes de beaucoup d’analyses et de témoignages qu’un eSport existe grâce à une communauté, un public.

« Quand Virtus.Pro a félicité NiP, la foule entière scandait « NiP, NiP, NiP ». » Marvin Hortsmann

L’esport de « l’ombre »

Ne pensez pas que les auteurs se sont contentés de chercher ce qui nous parle le plus; on retrouve dans le eSports Yearbook des analyses qui nous permettent de découvrir des aspects de l’eSport bien méconnus: Le Brésil, les Femmes ou encore Shootmania (beaucoup moins connu  hors de l’hexagone qu’à l’intérieur).

Brésil, une scène émergente

Dans ce livre, tout un chapitre est dédié à la scène eSport brésilienne. C’est un brésilien qui coécrit cette partie nous apprenant de comment l’eSport arrive dans le pays, sous quel forme on le retrouve et  à quoi ressemble les investisseurs en 2013, année clé dans l’installation de l’eSport dans le pays. On nous fait aussi part des perspectives qui que possède la scène brésilienne, on nous parle notamment de la victoire que représente la reconnaissance des LCS  comme une ligue sportive par les Etats-Unis qui donne de l’espoir aux joueurs brésiliens qui pourront avoir un visa facilement pour y participer.

« Notre idée est de montrer comment cette scène [eSport] a grandi de manière exponentielle au Brésil et présenter aux investisseurs et aux entreprises quelles opportunités notre pays peut offrir » Felipe Gomes

L’eSport se féminise

Aujourd’hui l’eSport est un milieu très masculin voire macho qui se féminise très lentement, c’est pour cela que l’on retrouve dans ce livre, cette scène eSport qu’on oublie trop vite derrière les millions de vues des différents championnats du monde. Ici, une joueuse de Killerfish eSport e.V nous raconte la fondation d’une équipe féminine de Call Of Duty et sa montée en puissance jusqu’à son apogée. On découvre les difficultés que rencontrent les femmes pour composer des équipes stables et participer à des tournois.

« Tout joueur peut compter sur les autres alors je voudrais dire que ça valait défénitivement le coup de s’entrainer 2 à 3 heures par jour » Jana « Evolet » Möglich

Gros bémol, selon moi, cet avis sur la scène féminine est intéressant, il est vrai, mais superficiel et peut être un peu trop subjectif. J’apprécie le fait que l’ eSports Yearbook offre des points de vue de professionnels. Mais dans le cas de la scène eSport féminine, j’en aurais attendu plus car le sujet est trop oublié. Il aurait été appréciable d’avoir l’avis d’une progameuse sur l’accueil qui lui est réservé en compétition et dans les structures (et le comparer à celui des hommes), et même pourquoi pas tout un chapitre pour aborder l’absence d’une scène mixte. La scène féminine a déjà fait railler quelques journalistes sur des plateaux comme celui du Grand Journal qui a souri suite à une question du style : Pourquoi vous ne jouez pas contre les hommes, cela ne dépend pas des capacités physiques?

Une histoire de l’eSport qui s’écrit très vite

Le livre rappelle des faits ayant près de deux ans, on constate des évolutions notamment lorsque l’on aborde des sujets tels que les investissements ou encore la présence de l‘eSport dans l’enseignement supérieur. Lors de l’analyse de ce sujet, on nous parle du potentiel qu’a l’eSport dans le supérieur, au même titre que le sport avec des championnats universitaires; aujourd’hui League of Legends est présent dans des universités aux États-Unis et il y a même un grand championnat universitaire. Notons que des universités françaises telles que l’Insa Rennes et l’UTT organisent des tournois. L’ eSports Yearbook nous apporte des analyses et des témoignages de professionnels mais nous permet également de constater que l’eSport avance à une vitesse folle.

Pour continuer d’en savoir encore plus

Lors de l’écriture du eSports Yearbook, les auteurs ont appuyé les analyses à l’aide de documents extérieures (photos, chiffres,…) notamment récupérés sur Fortune . Fortune est la partie économique du fameux journal britannique, le Times. Fortune depuis quelques années rédige des articles sur des phénomènes parfois méconnus liés à l’eSport. Ces articles deviennent de plus en plus fréquents et se retrouvent à cette adresse: fortune.com/tag/esports/ . Ce site va donc devenir le lien favori pour tous ceux qui ont apprécié l’ eSports Yearbook.