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Les Premiers les Derniers, de Bouli Lanners

Par La Nuit Du Blogueur @NuitduBlogueur

Note : 4,5/5

En tant que cinéphile je me méfie des avis et prérogatives des uns et des autres sur les films que je m’apprête à voir. Plus d’une fois le bruit autour d’un film est tel qu’on grossit ses espérances, on s’attend à un film formidable et on est déçu par un bon film. J’ai entendu et lu beaucoup de bien de Les premiers les derniers et je craignais d’être déçue par ce réalisateur dont j’admire le travail. Lisez cette critique sans crainte, vous ne serez pas déçus.

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©Kris Dewitte

Bouli Lanners est le premier à parler de son film comme d’une oeuvre charnière distinguant ses films d’avant de sa filmographie future. En effet dans Les premiers les derniers nous retrouvons des points communs avec ses films précédents tout en découvrant une nouvelle facette de son oeuvre. A nouveau son film s’inscrit dans un environnement rural et ses personnages sont nourris par les précédents, à la recherche d’une consistance dans leur existence, les récits s’organisant autour de personnages  «paumés » rencontrant d’autres « paumés » et tentant de construire quelque chose à partir de cette rencontre. Si on peut qualifier ses derniers films de drôles et colorés, chacun portait aussi son lot de gravité. Dans ce nouveau film, cet équilibre est inversé, le film est grave mais conserve son lot d’humour et de gaieté.

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©Kris Dewitte

Le récit s’organise autour de deux couples : Gilou et Cochise, deux partenaires de travail lancés à la recherche d’un téléphone mystérieux ; et Esther et Willy, deux amoureux en cavale. On ressent déjà l’influence du western qui parcourt le film de tout son long. Gilou et Cochise sont les héros solitaires à travers lesquels nous découvrons ces paysages désertés. Un seul village de quelques maisons pour des étendues de champs non cultivés et une poignée d’hommes pour en dicter les lois. Cette référence assumée et portée par une musique folk amène l’univers de Bouli Lanners vers une mise en scène plus affirmée et terriblement efficace. Appliquant les codes du style à son récit et ses personnages, l’ensemble gagne en consistance et marque le spectateur durablement. Peut-être avait-il besoin du soutien d’un genre pour se hisser vers un nouveau niveau.

Dans cette France contemporaine tous semblent admettre que le monde touche à sa fin, « ils l’ont dit à la télé ». C’est la raison qui motive Esther et Willy à dépasser leur condition sociale et tout tenter pour retrouver la fille d’Esther. Si eux portent un dernier élan d’espoir, le monde se dirige doucement vers son apocalypse. Les hommes abandonnent les lois de la société pour retourner vers les lois animales, un cerf fantôme de la mort apparaît près des habitations, même Jésus revient aider les derniers êtres bons. Pourtant le film tend véritablement vers l’espoir et la lumière.

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© Kris Dewitte

Il nous faut également parler de l’image de Les premiers les derniers dont le travail est particulièrement réussi. S’inspirant des sujets, des cadrages et de la couleur de ses propres toiles, Bouli Lanners livre ici une esthétique singulière intensément personnelle en parfaite adéquation avec son propos. Avec son chef opérateur Jean-Paul De Zaeytijd ils subliment à la fois leur décor apocalyptique et les personnages uniques qui le peuplent.

Par tous ses aspects Les premiers les derniers est clairement l’oeuvre la plus aboutie du réalisateur belge. Puisqu’il est dit que ce film marque un cap, nous nous réjouissons d’avance pour sa filmographie future.

Marianne Knecht

Film en salles depuis le 27 janvier 2016


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