Spotlight // De Tom McCarthy. Avec Michael Keaton et Mark Buffalo.
Oscar du meilleur film, Spotlight est adapté d’une histoire vraie : l’enquête du Boston Globe qui a réussi à mettre à jour un scandale au sein de l’Eglise catholique. Si l’Oscar du meilleur film est plutôt mérité, c’est en grande partie car l’histoire est importante et qu’elle a eu un vrai impact aux Etats-Unis. Je ne connaissais personnellement pas du tout ce scandale mais j’ai adoré la façon dont la série parvient à mettre en avant le travail de ces journalistes. Car c’est de ça dont il est question, bien plus que l’histoire qui au fond n’est qu’un prisme pour permettre de parler de journalistes qui sont prêt à tout afin de faire respecter leur profession. Tom McCarthy (The Cobbler - hum hum -, The Visitor) nous propose donc ici une vision assez intéressante d’une profession que tout le monde connaît et que l’on voit souvent au cinéma. Mais l’angle d’attaque de Spotlight fait l’intérêt de ce film. Co-écrit avec Josh Singer (Le cinquième pouvoir, Fringe), le film ne reproduit cependant pas certains chef d’oeuvre connus comme Les hommes du Président de Pakula sur le scandale du Watergate ou encore Erin Brokovitch de Soderbergh sur un scandale de pollution de l’eau.
Adapté de faits réels, Spotlight retrace la fascinante enquête du Boston Globe – couronnée par le prix Pulitzer – qui a mis à jour un scandale sans précédent au sein de l’Eglise Catholique. Une équipe de journalistes d’investigation, baptisée Spotlight, a enquêté pendant 12 mois sur des suspicions d’abus sexuels au sein d’une des institutions les plus anciennes et les plus respectées au monde. L’enquête révèlera que L’Eglise Catholique a protégé pendant des décennies les personnalités religieuses, juridiques et politiques les plus en vue de Boston, et déclenchera par la suite une vague de révélations dans le monde entier.
Mais malgré tout, Spotlight fonctionne comme un récit didactique sur une histoire que tout le monde ne connaissait pas nécessairement. C’est aussi un film qui met la lumière sur les zones d’ombre de l’Eglise et dans un pays conservateur comme les Etats-Unis, qu’un tel film soit récompensé, c’est un peu osé (mais là aussi, cela reste une tradition pour les Oscars qui avaient déjà récompensé des films comme 12 Years a Slave, critiquant sévèrement l’Histoire des Etats-Unis). Tom McCarthy utilise donc sa caméra comme s’il était en train de faire un documentaire sur le travail méticuleux mené par ces journalistes durant de longs mois. Dans le fond, l’histoire est plutôt bien développée avec tous les ressorts qu’il faut afin de nous délivrer un drame sincère et efficace. On sent que Tom McCarthy et John Singer ont fait leur boulot. Le film est très documenté, tant du point de vue de ce qu’il raconte que du point de vue de la façon dont les journalistes enquêtent. Spotlight se transforme alors en une sorte de docu-fiction à sa manière sans en faire des tonnes. En cherchant à raconter toute cette histoire de façon intelligente, Spotlight oublie peut-être de sortir un peu de certains carcans mais comme 12 Years a Slave ou encore Le Discours d’un Roi et j’en passe, Spotlight fait partie de ces films à statuettes.
C’est un film engagé mais aussi un film très linéaire dans sa façon de tout mettre en place, de dérouler son histoire et de la conclure. La structure narrative est donc un peu déjà vu ce qui est peut-être l’un des éléments les plus décevant là dedans. J’aurais apprécié que le film sorte un peu de certains carcans afin de nous proposer quelque chose de vraiment neuf. Heureusement pour nous, Spotlight bénéficie de la prestation de chacun des membres de son casting, tous très bons chacun de son côté. A commencer par Mark Ruffalo qui aurait largement pu rafler la statuette du meilleur acteur ou encore Rachel McAdams qui apporte une certaine émotion et surtout une légèreté au milieu d’un sujet particulièrement complexe et riche en émotions. Finalement, Spotlight oscille donc entre les genres, entre le polar, le thriller psychologique et l’étude didactique d’un cas d’école. Si certains verront dans Spotlight une sorte de successeur à Les hommes du Président, je n’en suis pas sûr et certain mais le moins que l’on puisse dire c’est que ce film fait la part belle à un métier qui, comme celui des policiers, peut être très important pour venir à bout de scandales.
Note : 8/10. En bref, un film fort.
Date de sortie : 27 janvier 2016