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[Critique] The Revenant – Contemplation sacrée au pays du western

Par Neodandy @Mr_Esthete

Cinema Critique The Revenant

A la violence du monde animal et des hommes, ce grand moteur de l’Histoire, The Revenant mystifie le charisme du protagoniste Hugh Glass (Leonardo DiCaprio) Dans le genre délaissé du western, la Loi du Talion renaît dans la couleur du sang non pas pour le glorifier en héros mais pour évoquer sa transformation au-delà des frontières du Bien et du Mal. Supporté par une esthétique composée, le film dévoile une recherche visuelle absolue. The Revenant se peuple d’images sans légende et accomplit un vertige métaphysique à mirer dans le dernier regard caméra de Leonardo DiCaprio : à sa place, qu’est-ce qu’il aurait fallu faire ? L’angle élu depuis l’oeuvre Le Revenant est le seul doute à l’oeuvre : parmi toutes les questions soulevées par The Revenant, seule l’interprétation religieuse domine jusqu’à en forcer les traits de la ressemblance.

« Mémoires d’outre-tombe« 

Sens Trappeur Leonardo DiCaprio

Au-delà de son passé, Hugh Glass ne veut pas être un héros. La passion l’anime, littéralement.

Chasseur parmi d’autres, Hugh Glass sera malmené, marchandé, enterré. Il fallait un œil aguerri et un acteur capable pour combler la simplicité du scénario ou la faiblesse des dialogues. Outre l’illusion d’un film d’un seul tenant à l’allure quasi documentaireThe Revenant mérite pour beaucoup à être presque systématiquement pensé et composé en tableau de maître. En résulte une oeuvre finale aboutie où les 2h47 reflètent une densité riche de sens et édifiante. Leonardo DiCaprio ne joue pas le costume d’un marchand de peaux animales : il parvient à être sans filtre face à une caméra qui joue de ce talent.

Apparence Hugh Glass Livre Film

Une confiance aveugle du réalisateur dessine le personnage quasi érémitique de Leonardo DiCaprio.

Les choix de la libre adaptation peuvent se contester dans leur réalisation forcée : pour son réalisateur, Leonardo DiCaprio endosse la peau d’un pèlerin « qui a perdu [son] fils. », au corps martyrisé et à la barbe longue, filmé de préférence dans les déserts enneigés foulés par peu d’animaux. Ce ne sont pas les plus belles tirades énoncées par l’acteur en question qui retiendront notre attention, quitte à transmettre la cadence au reste des acteurs. Sa plongée littérale dans le monde animal (Le ventre d’un cheval aux allures virginales.), notamment pour survivre face à à une mort glaciale, contribue indéniablement aux moments les plus troublants de sa carrière résumés en un seul long-métrage.

Si le livre le décrit longuement, Alejandro Iñarritu n’a pas esquivé les épineuses questions du scénario. La relecture du texte ajoute un supplément d’âme attendu et bienvenu, précisément ce qui était exigé pour ne pas être un énième western en vain.

« Il était une fois l’Amérique. »

Violence Le Revenant Cinema

Le goût vicieux de la violence va outre l’envie de survivre. Ce sont des thèmes perçus et peu visibles qui font la force du scénario de The Revenant.

The Revenant se déroule officiellement au début du XIXe siècle, le réalisateur choisit d’omettre la date précise pour détailler les problèmes persistants des Etats-Unis d’aujourd’hui. Les pionniers foulent une terre dont ils se sentent propriétaires par usage. Seuls les dollars quantifient la vie d’un homme. « 300 Dollars », « Je prends sa part. » : il n’en faut pas plus pour réveiller l’avidité et le caractère vicié du personnage de Tom Hardy déjà mentalement en route pour une fortune perdue d’avance au Texas.

References The Revenant Film

La progression physique et mentale du personnage de Hugh Glass intègre des moments d’une beauté particulière et nettement inspirée.

Sous la peau de bête ou sous la peau de l’Homme, la seule différence tient aux moyens de se défendre quitte à abolir les idées de frontières : entre une meute de loups qui saigne un bison et la mort monnayée et préméditée de Hugh Glass, où est la différence ? Le goût de la violence se pense, se transforme, sans jamais disparaître jusqu’à prendre la forme d’un bout de bois d’enfant imaginé en une arme à poudre ou d’un piège tendu plutôt que d’une boucherie inélégante insensée. Les méditations s’enchaînent sur la place mineure réservée à des indiens, ces êtres inscrits historiquement dans des causes perdues et éparses. En métaphore filée, The Revenant induit une voie d’interprétation tracée : s’il y a une issue, s’il existe une solution, s’il est possible de survivre, Hugh Glass s’engage dans une Foi inépuisable régie par « Dieu« . Quelque soient les compagnons de voyage de notre trappeur, le symbolisme atteint une personnalité pour la modifier au plus profond de ses sens. Le pardon, ce jugement de pure réflexion, viendra auprès d’autres hommes pensés sauvages (Des indiens Arawaks) : peut-être, alors, tout n’est peut-être pas perdu pour Hugh Glass …

Sans compromis, les plans séquences illusoires contribuent à l’intimité des émotions. Au fil de la narration, The Revenant multiplie les occasion de revisiter le titre du film.

Le Lazare du XIXe siècle.

The Revenant Tombe

The Revenant exacerbe une idée clef : une vie connait plusieurs (re)naissances, plusieurs chemins, plusieurs voies possibles.

Simple trappeur, Hugh Glass démontre l’existence non pas d’un retour mais plutôt de multiples renaissances au sein d’un laps de temps de 2h47 … soit un morceau de la vie du personnage. A travers des images aux doux airs de rêverieThe Revenant gît sur un contenu à lire entre les symboles. L’eau, icône par excellence de purification, commence à niveau de la cheville jusqu’à couler avec fluidité pour y porter le corps des défunts. A la position fœtale de l’acteur, tout un jeu repose sur une nouvelle naissance portée par la terre, rampante sur le sol, enfin sur pied à la moitié de la journée, à l’aide d’un bâton au moment du couchant. « Je suis déjà mort.« , peut-on entendre : ceci est pourtant murmuré en vie. Selon une volonté vivifiante (L’envie.), Hugh Glass parvient à donner du sens au cercle retord de sa gourde d’eau. Dans un dernier regard, personne ne sait s’il s’agissait du bon choix voire s’il existe une bonne solution. Le cercle et son cycle se renferment, signes d’un terme, symboles d’une envie peut-être épuisée …

Blog The Revenant

La photographie de The Revenant éblouit réellement par sa finesse.

4 Etoiles Test Honnête
The Revenant singularise une simplicité pensée par avance : Hugh Glass n’est pas héroïque, il vit sa condition d’homme jusqu’à l’abandon total dans une vengeance convaincue. Dense, impressionnant, précis, The Revenant tend un miroir où s’y ressent et s’y reflète ici et là les malaises d’une société violente. Le mysticisme, notion au coeur du film, ne se résume pas forcément à une Divinité ni à une unique réponse. Fatalement rédigé, on regrettera seulement à quel point la Foi christique est plus que suggérée et devient un des moteurs du film.

On a aimé :

+ La photographie maîtrisée et édifiante. 
+ Une réalisation qui honore son acteur principal. 
+ Les diverses interrogations et la part symbolique du récit. 
+ Des images volontairement dérangeantes. (Animaux, blessures, comparaisons, violence …) 

On a détesté :

– Certains manques dans le dialogue. 
– Un mysticisme essentiellement guidé par « Dieu ». 


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