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Architecture chretienne armenienne - moyen age

Publié le 04 mars 2016 par Aelezig

L'architecture arménienne s'est développée au fil des siècles de manière singulière. Des spécificités sont apparues, comme les gavits (entrées d'églises) ou les jamatouns (petits édifices religieux). La très grande majorité des constructions, notamment caractérisées par la coupole, sont religieuses et les forts, par exemple, se font plus rares. L'évolution de l'architecture arménienne est parallèle, voire similaire à l'évolution architecturale des monastères d'Arménie. L'architecture chrétienne est principalement constituée de plusieurs périodes de développement : l'essor des IVe, Ve et VIe siècles qui voient la formation de cet art original, qui aboutit à un âge d'or au VIIe siècle. Après une période sombre au VIIIe siècle vient la « première renaissance » arménienne (IXe - XIIe siècles) puis la seconde vers la fin du Moyen Age. L'architecture arménienne connaît enfin un renouveau avec l'apparition du style néo-arménien au XXe siècle.

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Eglise de Kasagh

Temples païens

L'architecture urartéenne doit être distinguée de l'architecture arménienne, car elle relève d'une civilisation différente. Cependant, des historiens ont formulé l'hypothèse de l'héritage du dôme urartéen dans l'architecture arménienne.

Si l'architecture arménienne concerne principalement les temps chrétiens, la période païenne a toutefois été productive en art, notamment dans le domaine religieux. Il n'en reste cependant que peu d'exemples. Les constructions sont d'abord influencées par la Perse, comme l'illustre la construction de somptueuses demeures agrémentées de parcs animaliers privés (des « paradis »), mais les modèles hellénistiques et romains prennent peu à peu l'ascendant sous les Séleucides à commencer par l'urbanisme : si les cités fondées par les Orontides, Ervandachat et Ervandakert, présentent encore largement des caractéristiques achéménides, on y retrouve également des influences hellénisantes. Cette influence sur l'urbanisme s'accroît sous les Artaxiades : les fouilles effectuées à Artachat, la nouvelle capitale, ont révélé des éléments dignes d'une métropole hellénistique. La tendance se confirme avec notamment les villes de Dvin, d'Artachat ou bien encore d'Armavir, protégées par des citadelles.

Le temple de Garni (77), dédié à la déesse Abagut, est un des rares exemples d'architecture arménienne païenne conservés.

Architecture religieuse chrétienne

L'architecture religieuse devient chrétienne à partir de la conversion officielle de l'Arménie. Le bois est un matériau souvent rejeté chez les Arméniens. On utilise notamment le tuf, mais aussi le granit, le basalte, la pierre volcanique, etc. Les bâtiments doivent résister aux températures qui peuvent être extrêmes dans cette région ; par ailleurs, pour résister aux séismes assez fréquents, un blocage de béton avec des parements de tuf de différentes couleurs (jaune, rosé, rouge ou gris) a été mis au point.

Les architectes et les constructeurs sont souvent des gens pauvres dont les noms n'ont pas subsisté.

La toute première basilique, Sainte-Etchmiadzin, l'une des plus anciennes de la chrétienté, datant vraisemblablement de 303, aurait été à l'origine un simple édifice carré à trois nefs. Les trois siècles qui suivent peuvent être chronologiquement définis comme la période d'émergence de l'art religieux arménien, qui connaît un grand essor au VIIe siècle. Il s'agit donc d'une époque importante durant laquelle se forgent les différents types qu'emprunteront les monuments.

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Sainte-Etchmiadzin

Les Arméniens ont commencé par copier le style architectural des édifices des régions adjacentes à leur pays. Les architectes s'inspirent en premier des basiliques romaines et syriennes pour les églises de taille importante. Les plans des églises sont dits « oblongs » ; ils ne comportent pas de coupole.

Les églises mononefs, rarement très vastes, sont assez répandues au cours des IVe - VIe siècles. Il s'agit la plupart du temps d'une salle rectangulaire, possédant généralement sur son côté Est une abside, soit semi-circulaire, soit outrepassée. Elles sont souvent complétées d'annexes, des petites salles quadrangulaires sur chaque côté de l'abside, dont la fonction n'est pas totalement clairement établie. Certaines constructions possèdent des galeries extérieures, soit au Nord ou plus rarement au Sud. 

Les églises trinefs sont plus vastes, mais moins importantes en nombre que les mononefs. On distingue principalement trois formes : une cruciforme, l'autre en T, la dernière rectangulaire. Les murs latéraux sont parfois creusés de niches, et les voûtes sont simples, mais elles peuvent être éventuellement agrémentées de doubleaux. La longueur n'est pas très importante : elle va de 5 à 25 mètres à peu près. Le nombre d'annexes varie d'un bâtiment à l'autre. 

Les mausolées et les martyria sont présents en Arménie surtout aux alentours des IVe et Ve siècles. Il s'agit d'édifices généralement de petite taille, plus ou moins enterrés et possédant une voûte. La forme de ces constructions est généralement rectangulaire, mais est parfois complétée d'une abside. On les retrouve souvent à côté d'une église. Les principaux exemples sont le mausolée d'Aghts (construit vers 360, dans lequel sont enterrés des rois arsacides), le martyrium de Zovouni (450 ?), celui d'Amaras (située dans le Haut-Karabagh, édifié en 489), celui de Sainte-Gayané d'Etchmiadzin... 

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Stèle funéraire d'Odzoun

Les chapelles mémoriales se situent souvent au-dessus d'un mausolée, ou sur le côté. Il s'agit là encore de petits édifices, dont les plus anciens remontent aux années suivant l'adoption du christianisme comme religion d'État. Deux principaux types se dégagent : le premier correspond aux chapelles mononefs à coupole, ou « coupoles sur carré » ; le second type correspond aux chapelles mononefs voûtées, comme l'édicule Sourp Astvatsatsin d'Avan. Il existe quelques exceptions, comme le monument mémorial de Bardzrial, à l'aspect circulaire.

Les tambours (troncs) de tous ces édifices sont souvent octogonaux. Les monuments apparaissent en « croix libre » d'un point de vue extérieur, la forme des bras varie, et l'on distingue par conséquent trois types architecturaux bien précis :

  • L'édifice en plan de tétraconque : quatre bras, prenant la forme de conques. 
  • L'édifice en plan de monoconque : trois de ses bras ont un fond plat et sont en voûte, le dernier étant une conque. 
  • Enfin, l'édifice en plan de triconque lorsque trois des quatre bras de l'édifice sont en conques.

Ces trois types d'édifice tirent leurs origines des temps païens. La décoration sculptée des églises pré-arabes reste modeste : arcatures des fenêtres, corniches, chapiteaux, etc. Parmi les thèmes ornementaux, on distingue des figures géométriques (entrelacs, losanges barrés, cannelures…), des motifs végétaux (feuilles d'acanthe, palmettes…) ou encore des croix de Malte. Les thèmes figuratifs sont rares.

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Eglise du monastère de Lmpat

Outre les petits édifices à coupole, il existe des églises plus vastes, comme l'église de Tekor et la cathédrale d'Etchmiadzin. 

Le VIIe siècle est une période faste pour l'architecture arménienne. Cette époque voit la « confirmation » des styles des premières constructions. Les monuments prennent des formes plus abouties, et subissent également des transformations. L'âge d'or dure jusque vers 690 ; très vite le renforcement du joug arabe de cette époque aboutit à la période noire du VIIIe siècle : rien ou presque ne sera construit.

Les grandes basiliques ne sont visiblement plus très utilisées. Outre l'apparition d'annexes orientées à l'Est accolées à l'abside, et parfois complétées d'autres annexes cette fois-ci à l'Ouest, les plans architecturaux (triconques, tétraconques, etc...) sont toujours en vogue au VIIe siècle. Mais il y a tout de même des changements et des perfectionnements. 

Les églises en plan cruciforme abondent à cette époque. À cette époque se manifeste le besoin de construire des édifices plus vastes qui appartiennent à de nouveaux types novateurs. On adapte les tétraconques, et on innove dans ce domaine.

Apparaissent les églises en croix inscrite, dite à appuis libres : une coupole surmonte le plan central auquel sont ajoutés quatre bras principaux, entre lesquels sont édifiés des pièces d'angle. 

Les salles à coupole dites à appuis engagés sont édifiées de la même manière que les croix inscrites, sauf que les piliers aux quatre côtés du carré central de l'édifice sont incorporés dans les murs latéraux. Ils sont massifs. Les bras latéraux et l'abside sont réduits en taille, libérant ainsi un plus grand espace pour la nef. Il y a bien entendu une coupole au centre de l'église.  

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Eglise Karmravor d'Achtarak

Enfin, il existe une autre forme architecturale très différente des croix inscrites et assez rare : les églises à plan rayonnant. Il s'agit de monuments en forme d'hexaconque (six conques), d'heptaconque (sept conques), ou encore d'octoconque (huit conques). 

Le VIIIe siècle est une période plus sombre de l'architecture arménienne, les productions sont très peu nombreuses, à cause de la situation politique de la région toujours sous domination arabe : révoltes arméniennes et pressions arabes constituent le quotidien de cette période, surnommée « les temps obscurs » Les types architecturaux n'ont pas beaucoup évolué depuis le siècle précédent, mais il subsiste quelques rares monuments de cette époque. Les activités architecturales de l'époque se résument quasiment aux rénovations.

À l'approche de l'an mil, on constate que les types d'architecture se régionalisent, et chaque royaume ou principat développe de son côté des genres distincts. Le temps de l'unité architecturale est révolu. Cette époque est qualifiée de « première renaissance ».

Quelques tendances générales se dégagent au cours de cette période. On favorise l'émergence des mononefs triabsidiales. Les édifices monoconques sont encore très utilisés, contrairement aux autres formes (triconque, tétraconque) qui perdent de leur importance. Le plan central libre est délaissé au profit du plan central à croix inscrite ; par ailleurs il n'y a presque plus de basilique. Les croix inscrites à appuis engagés peuvent prendre soit l'aspect de salles à coupole archaïsantes, dans lesquelles se développe le bras Est, soit une apparence de croix inscrite cloisonnée, dont la partie orientale est assimilée par l'abside. Dans celles-ci, le bras Ouest est parfois séparé des pièces d'angle.

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Gavit de Geghard

Les tambours se modifient : ils peuvent être ronds ou de forme octogonale. Les monuments adoptent d'autre part des coiffes coniques ou pyramidales, leur donnant ainsi une silhouette caractéristique.

On observe également un développement des complexes monastiques : une forme architecturale promise à un bel avenir fait son apparition, le gavit ou sa variante plus tardive, le jamatoun, des types de narthex propres à l'architecture arménienne. Cette forme apparaît dans la région du Syunik au Xe siècle. On la retrouve souvent accolée à l'Ouest d'une église dans un monastère. Autrefois, c'était aussi un lieu de sépulture et même de réunion. Les premiers gavits possèdent des voûtes en berceau, puis, à partir du XIe siècle, ils changent d'apparence et prennent l'aspect d'une grande salle en plan central à piliers, au nombre de quatre. Ils sont souvent couronnés d'un « erdik » (une sorte de lanternon).

Enfin, la régionalisation de l'art arménien a pour conséquence la formation d'écoles régionales comme celle d'Ani.

Royaume bagratide d'Ani

Le royaume bagratide, dont la capitale est Ani, marque son indépendance jusque dans ses monuments, très caractéristiques. Par ailleurs se forme l'école artistique d'Ani (Xe-XIe siècles), dont la figure de proue est l'architecte Tiridate, rénovateur en 989 de la basilique Sainte-Sophie de Constantinople. Cette école a rayonné dans toute l'Arménie.

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L'école d'Ani est caractérisée par la forte utilisation des croix inscrites cloisonnées et des salles à coupole archaïsante. D'autres types, comme les tétraconques, sont moins usités. Il existe même quelques autres formes plus rares comme les plans rayonnants. Ces monuments utilisent des tambours cylindriques ou polygonaux. Le décor sculpté se fait rare et se retrouve la plupart du temps aux fenêtres, ou sur le portail à l'extérieur.

Le Vaspourakan

Le Vaspourakan est le second royaume arménien de l'époque par l'importance et a également développé et favorisé certains types de monuments.

L'art vaspourakanien s'illustre par de nombreuses nefs à coupole et mononefs triabsidiales. Les architectes ont moins recours pour leurs églises aux autres formes dont les triconques, les tétraconques, les croix inscrites, etc. Il existe même quelques plans barlongs. Souvent, les monuments ne bénéficient pas de matériaux en abondance (ils utilisent la brique) ; par ailleurs, il y a très peu de sculptures. En revanche, les décors peints abondent.

Parmi les monuments, il existe un bon nombre de croix inscrites cloisonnées. Les édifices mononefs sont fréquents, il existe également des mononefs à abside unique. Enfin, les constructions sont abondantes dans le domaine des salles à coupoles, dont deux types se distinguent : d'une part les triconques inscrites et d'autre part les tétraconques.

Après l'époque paléochrétienne, et du fait des invasions, l'architecture arménienne a pu s'inspirer d'autres styles architecturaux. Il y a une influence byzantine, mais peu importante, aux alentours du VIIe et du Xe siècle. On peut relever quelques aspects arabes dans des monuments du Vaspourakan. Les architectures arménienne et géorgienne sont par ailleurs liées. La domination géorgienne a également pu apporter un renouveau artistique. Toutes ces influences extérieures contribuent à l'originalité très singulière de l'art arménien.

Quant à l'influence qu'aurait exercée l'architecture arménienne sur l'Occidnt (styles roman et gothique), les hypothèses abondent : selon Strzygowsky, l'architecture occidentale aurait pris une de ses sources chez les Arméniens. En effet, certaines caractéristiques des monuments occidentaux se retrouvent sur des édifices arméniens antérieurs. Par ailleurs, Eudes de Metz, également appelé Odo, fut un architecte de Charlemagne d'origine arménienne. Il a construit la fameuse chapelle d'Aix sur le prototype d'une église d'Etchmiadzin, qui est l'une des plus anciennes du style carolingien et un modèle pour d'autres édifices de ce style. 

D'après Wikipédia


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