Bien que je ne partage pas ses options politiques personnelles, je suis toujours curieux des analyses de Thomas Guénolé, qui a au moins le mérite, en général, de n’être pas ancré dans le marigot néo-conservateur que dénonce à juste titre Pouria Amirshahi. Et donc, bien que réticent à salir mes yeux par la lecture du Figaro, j’y ai consenti pour les besoins de la cause. Il est vrai que le titre de l’article avait de quoi attiser ma curiosité, et j’en salivais à l’avance :
Forcément, voir critiquer avec autant de véhémence celui qui fait tant de mal à la gauche, voilà qui ne pouvait que me plaire. Mais tentons de dépasser cette animosité idéologique viscérale pour s’intéresser au fond de la critique. Thomas Guénolé estime que le premier ministre dont nul n’ignore les ambitions présidentielles a le choix entre la peste et le choléra.
- Soit présenter sa démission et passer pour un déserteur et un traître (ce qu’il est de toute façon déjà aux yeux de nombreux militants de gauche) :
S’il démissionne du poste de Premier ministre, il s’expose aux accusations de type «les rats quittent le navire». Il endommage sa posture de sens des responsabilités, construite en répétant en boucle à tout propos le mot-clé «autorité». Il devient le bouc émissaire idéal de l’épouvantable échec de la gauche: il est d’ailleurs déjà désigné comme tel par Martine Aubry et par ses lieutenants sur la Loi Travail.
2. Soit rester Premier ministre jusqu’au bout et » couler avec François Hollande, qui est en plein naufrage politique ».
« plus il attend, plus le naufrage politique de François Hollande va lui-même le faire couler, il est dans l’intérêt de Manuel Valls de démissionner de Matignon ».
Vous dites que s’il démissionne, il subira des attaques de type «les rats quittent le navire». Y-a-t-il moyen pour lui d’éviter cela?
Oui. Comme Jacques Chirac en 1976, seul Premier ministre de toute la Vème République à avoir osé claquer la porte, ce dont il a besoin est un désaccord politique de fond pour pouvoir dire que dans ces conditions, il ne peut que partir. C’est d’ailleurs probablement dans cette éventualité que Manuel Valls laisse courir le bruit de sa possible démission si les reculs de l’Elysée sur la Loi Travail vont «trop loin»
Par pur altruisme, cela va de soi, et si on lui donnait l’occasion idéale de s’en sortir avec les honneurs de la presse ?
Rendez-vous le 9 mars, dans un premier temps…