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A Paris, Alexandre est loin d’être le seul adepte du chemsex. Il y aussi le slam, la version "hard", où les partenaires s’injectent des produits de synthèse par intraveineuse. Les applis et les sites de rencontre ont sur-amplifié ces pratiques sexuelles, à tel point que le corps médical et le milieu associatif tirent la sonnette d’alarme, inquiets des risques accrus de dépendance aux produits, de transmission du VIH et de l’hépatite C. "Ça a toujours existé dans le milieu, mais la drogue est beaucoup plus accessible qu’auparavant. Je n’ai jamais de mal à trouver les partenaires qui cherchent des plans chems", confirme le presque quadragénaire, qui en paraît dix de moins. "Il ne faut pas se voiler la face, c’est une pratique trompe la mort. On prend de la drogue pour flirter avec l’illusion", reconnaît Dominique d’entrée de jeu. Ce jeudi soir, il est venu donner un coup de main au Centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues (Caarud) aux Halles à Paris. Tous les jeudis soir depuis 2013, les bénévoles de l’association de lutte contre le sida Aides tiennent une permanence sur le sujet.Défonce et réalitéDans la mémoire de Daniele, les souvenirs sont vifs. Son récit est cadré, sa voix chantante et limpide. A l’occasion d’une soirée à plusieurs partenaires chez un ami parisien, des mecs rencontrés sur une appli proposent de passer avec les "outils nécessaires". L’un d’entre eux est affublé d’une mallette. Mais à la première injection de méphédrone (stimulant synthétique), l’"initiateur" rate la veine. "Ça piquait et je n’ai ressenti aucun effet agréable". La deuxième injection reste toutefois la bonne. "C’était très excitant et beaucoup plus puissant que la première ecsta de ma vie". Daniele n’oubliera jamais la première montée. Il tombe dans le slam un an plus tard pour des raisons pécuniaires. "La cocaïne était trop chère pour moi, c’est ce qui m’a poussé à slamer". Et c’est le grand plongeon. Entre 2011 et 2013, "à la grande époque", Daniele met 100 euros par mois dans des party chems. Des soirées entières qui durent "du jeudi au dimanche" tous les week-ends. Sur le net, les nouveaux produits comme les cathinones s’achètent "à petit prix" : 10-15 euros le gramme via des "sites israéliens ou asiatiques". Aujourd’hui ses amis se sont éloignés de lui.No safeS’il y a bien un point sur lequel les adeptes sont unanimes : la drogue n’est pas la meilleure amie de la réduction des risques. "Tu penses beaucoup moins à la prévention, c’est clair", confirme Alexandre. Pourtant, le trentenaire s’est déjà fait peur à plusieurs reprises, notamment à cause des mauvais dosages. Il raconte un peu gêné : "En 2006, j’ai fait un G-hole à cause du GHB (coma provoqué par une dose trop forte) au moment où mon plan est arrivé. Je me suis réveillé le lendemain, la porte était ouverte, il ne m’avait rien volé et j’ai surtout flippé" Ils l’admettent aussi, les préservatifs sont clairement rangés dans le tiroir. "Les plans chems sont les plus propices aux plans sans préservatifs", fait remarquer Raphaël. Le jeune homme a néanmoins "conscience des risques" encourus : il est séropositif à charge indétectable et prévient systématiquement ses partenaires. Au cours de la conversation, il se veut insistant sur ce point : "il ne faut pas prendre le chemsex à la légère". "Quand tu es dans cet état de défonce totale le préservatif ne fait plus partie de tes priorités", complète Redouane. "Le risque constitue une forme d’excitation". Comme Raphaël, dans sa période slam, Redouane s’adonne exclusivement au sexe sans préservatifs. L’homme est séropositif et s’en remet à la responsabilité de chacun : "Moi, je l’annonce, et les autres c’est leur choix. La contamination, c’est un des trips sur lesquels certains basent leur fantasme de manière un peu perverse". FGMagazine Médias
Les disciples du chemsex enchaînent les relations à deux ou plusieurs, souvent sans préservatifs, où se mêlent rails de cocaïne, GHB et piqûres en tous genres. Applis et sites de rencontres ont popularisé la pratique, notamment dans la communauté gay.