« Alias Maria » : la guerre dans sa dimension féminine
Et tout de suite, faisons un sort à l’ambiguïté que peut comporter un tel titre : toute guerre a une dimension féminine parce que, depuis que les guerres deviennent industrielles, les femmes travaillent dans les usines d’armement parce qu’elles assument des tâches non directement guerrières : service de santé, secrétariat, renseignement... Mais les femmes, dans les guerres dites « de libération », ont à la fois un fusil dans les mains et parfois aussi un bébé à nourrir, à choyer...
Ces réalités incontournables sont ici magnifiquement exprimées dans un film qui, certes, ne va pas faire des chiffres d’entrées comparables avec ceux de « Star Wars », mais qui est l’un des plus poignants témoignages d’un conflit, mis sous le boisseau depuis le 11 Septembre 2001, à savoir la guerre en Colombie. Une guerre inextricable, avec des forces gouvernementales, des milices para-militaires, un groupe révolutionnaire (les FARC)... et les narco-trafiquants, pour couronner le tout.
Certains diront que tout ceci ne « mérite » qu’un reportage d’ «Envoyé Spécial»... Profonde erreur. Nous sommes bien au cinéma, par l’ambition que porte ce film, découvert à Cannes en 2015, par son formatage ( 1h31), par sa mise en scène, qui, avec un minimum de moyens matériels, nous hisse au niveau de « la 317e section » de Pierre Schoendoerffer ou de « Platoon », d’Oliver Stone.
Alors, quel est le « fil rouge » du film ? C’est le parcours à travers la jungle d’une femme-combattante, chargée d’emmener en lieu sûr le bébé que la compagne d’un commandant du groupe de guérilleros auquel elle appartient a enfanté... Nous ne saurons que peu de choses de cette combattante, de ses motivations, de la manière dont elle est arrivée dans ce groupe. Mais le cinéaste va à l’essentiel : la jungle, ses multiples pièges, la condition si difficile de ces femmes-soldats qui sont aussi, parfois, la proie des prédateurs sexuels que sont les hommes...
Ce film de Jose Luis Rugeles est présenté à l’Utopia Toulouse dans le cadre du festival « Cinélatino ». Courrez y, vous allez être secoué, ce qui ne risque pas d’arriver si vous allez voir « Zoolander n°2 » mais il faut parfois savoir choisir, dans la vie, entre le tilleul-camomille et la téquila à 60 degrés !
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