Nous Trois ou Rien // De Kheiron. Avec Kheiron, Leila Bekhti et Gérard Darmon.
Je n’y connais rien en révolution iranienne mais Kheiron cherche à nous raconter cette histoire là avec l’innocence d’un jeune garçon qui a simplement voulu raconter l’histoire que ses parents lui contaient quand il était petit. La représentation du régime n’est peut-être pas aussi fidèle que l’on ne pourrait le penser mais sincèrement, je ne peux pas du tout juger le résultat. Du coup, je dois avouer que j’ai beaucoup aimé le fait que le film sait être drôle et émouvant à la fois. C’est une façon de découvrir Kheiron autrement. Celui que l’on a probablement tous découverts comme moi dans Bref démontre ici qu’il est capable de beaucoup plus. Pour un premier film, c’est assez bluffant. Je ne m’attendais pas du tout à ce que cela soit aussi réussi dirons nous. C’est un film qui cherche à parler du régime impérial iranien et des conséquences qu’il a eu sur le peuple iranien (notamment pour ceux qui ont voulu faire la révolution pour avoir une vraie démocratie). J’ai beaucoup aimé la façon dont l’humour arpente le film du début à la fin. Chacun des membres du casting va de sa petite réplique. Que cela soit Gérard Darmon ou Zabou Breitman et Michel Vuillermoz, ainsi que les amis du personnage de Kheiron. Ce sont eux qui font le succès de Nous Trois ou Rien.
D’un petit village du sud de l’Iran aux cités parisiennes, Kheiron nous raconte le destin hors du commun de ses parents Hibat et Fereshteh, éternels optimistes, dans une comédie aux airs de conte universel qui évoque l’amour familial, le don de soi et surtout l’idéal d’un vivre-ensemble.
Bien entendu, la partie la plus touchante est laissée aux autres. Et notamment Kheiron et Leila Bekhti. Avec eux, Nous Trois ou Rien se permet de raconter des choses beaucoup plus touchantes et beaucoup plus fortes. Notamment sur fond de révolutions iraniennes ou encore de décès et de deuil, etc. Cela ne veut pas pour autant dire que le film cherche à nous accabler car il y a toujours une bonne petite réplique qui va venir nous permettre de changer un peu de point de vue là. Dès la bande annonce, j’avais tout de suite compris que Nous Trois ou Rien allait être un joli film. J’ai malheureusement loupé le film au cinéma à cause de tout un tas de choses et je m’en veux. Pas pour la crédibilité de l’ensemble (car oui, il y a des passages qui semblent surréalistes et quand on voit ce que des iraniens ont pu dire du film dans la presse, on comprend encore un peu mieux pourquoi tout ce qui est conté ne fonctionne pas nécessairement) mais ce n’était pas facile de raconter une telle histoire. Kheiron n’a pas réussi totalement à se détacher du point de vue de narrateur et donc de ses parents.
Pour autant, sa voix vient bercer par moment le film et ainsi nous indiquer ce qu’il y a de plus important par moment. On a donc envie de retenir pour la plupart du temps le fait que Kheiron a rendu hommage à ses parents avec une belle lettre d’amour pour eux. C’est une belle chose et une belle histoire qui est racontée, celle de ce combat pour survivre et surtout vivre. Finalement, Nous Trois ou Rien est donc une agréable petite surprise. Il y a même des passages où j’ai ri aux larmes. C’est vous dire que l’aspect comédie fonctionne très bien. Mais de ce point de vue là, Kheiron avait déjà prouvé qu’il savait s’y prendre dans Bref. Et puis nous plonger dans un monde de brutes comme celui-ci avec autant de tendresse et d’humour c’est quelque chose qui a le mérite d’être vraiment séduisant. Il y a donc ici quelqu’un de talentueux qui a voulu nous surprendre et qui a été au bout du but.
Note : 7.5/10. En bref, un très joli film.
Date de sortie : 4 novembre 2015