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Thirteen (2016) : entre pitié et suspicion

Publié le 16 mars 2016 par Jfcd @enseriestv

Thirteen est une nouvelle série de cinq épisodes diffusée depuis la fin février sur le site de BBC Three. Ce chiffre évoque deux choses : à 13 ans, Ivy Moxam (Jodie Comer) a été kidnappée et justement 13 ans plus tard lorsque débute le premier épisode, on la voit s’enfuir de la maison de son ravisseur et après avoir été interrogée par les détectives Elliott Carne (Richard Rankin) et Lisa Merchant (Valene Kane), elle retrouve sa famille. Outre les mauvais souvenirs, la réinsertion au sein de ses proches est loin d’être au beau fixe pour cette femme enfant dont l’âme semble justement naviguer entre ces deux mondes. Et pour ne rien arranger, son ravisseur Mark White (Peter McDonald) a encore sévi et s’en est pris cette fois à une fillette. Première fiction à être présentée sur BBC Three qui est désormais uniquement en ligne, Thirteen est à l’image des séries policières anglaises de ces dernières années : originale, poignante et surtout caractérisée par des personnages complexes et profonds qui ont tout pour nous donner envie de poursuivre l’aventure jusqu’à sa fin.

Thirteen (2016) : entre pitié et suspicion

Un syndrome de Stockholm?

Depuis qu’elle s’est enfuie, Ivy a beau être de nouveau libre, ses proches, y compris les policiers et le téléspectateur n’ont qu’une version partielle de ce qui s’est réellement passé et c’est sur ses révélations dévoilées au compte-goutte que l’on mise dans un premier temps. Selon sa version, pendant ses 13 ans, il l’a maintenue enfermé dans la cave et il n’y avait aucun moyen pour elle se s’enfuir. Comment y est-elle parvenue en fin de compte? La principale intéressée reste avare sur ce sujet, tout comme la relation qu’elle entretenait avec son ravisseur. Les détectives ont beau essayer aussi souvent possible de la ramener dans le passé, il faut aussi qu’elle vive l’instant présent et sa famille fait tout ce qu’elle peut pour lui offrir le nid douillet qu’elle a quitté de force auparavant. Dans un premier temps, son père Angus (Stuart Graham) qui a trompé sa femme Christina (Natasha Little) avec une autre revient s’installer à la maison familiale et les deux évitent de dire la vérité à leur fille.  Quant à sa sœur Emma (Katherine Rose Morley), elle vit encore chez eux avec son fiancé Craig (Joe Layton), mais ils perdent rapidement leur intimité au point où leur relation commence à en souffrir.

Dans la plupart des films ou des séries, l’enlèvement est le point de départ de l’intrigue (The Missing par exemple) et la conclusion est toujours orientée vers le résultat de l’enquête qui suit, qu’il soit positif ou non. Ici, le retour au bercail est le point de départ et passé les premières émotions des retrouvailles, le plus dur reste à faire puisque le temps s’est pour ainsi dire arrêté pour Ivy qui n’a jamais vraiment atteint le stade adulte, et ce, bien qu’elle ait désormais 26 ans.  La production de BBC Three joue habilement avec toutes ces contradictions, notamment lorsqu’on observe l’aspect physique d’Ivy. Sa peau est si blanche qu’elle ressemble à un fantôme et c’est un peu ce qu’elle est parce que pour son entourage, pendant 13 ans, c’est comme si elle était morte. Cette « éclipse » dans sa vie se manifeste aussi par des tenues beaucoup trop amples qui justement, cachent le corps de femme qu’elle a désormais. En s’habillant volontairement de la sorte, Ivy confirme elle-même son malaise et tout dans ses actions montre qu’elle cherche à se réfugier dans le passé et non de rattraper le temps perdu.

Thirteen (2016) : entre pitié et suspicion

Mais ce qui vient réellement rehausser le prestige de Thirteen est tout l’aspect policier qui accompagne ce mélodrame et qui après trois épisodes nous donne toujours envie d’en savoir davantage. Autant l’avouer, la nouvelle enquête qui s’est amorcée concernant le nouvel enlèvement revêt peu d’intérêt du côté du téléspectateur lorsqu’elle ne se rapporte pas à Ivy, mais en revanche, ce qui attise notre curiosité est l’implication de la principale intéressée dans ce drame. En effet, toutes les suppositions sont permises. C’est qu’une vidéo de surveillance dans un centre commercial retrouvé par la police nous la montre quelques années auparavant alors que son ravisseur la tient par la main… et pas de force.

Dès lors, les indices sont maigres puiq’Ivy est muette comme une taupe, mais gageons que la clé de l’énigme se retrouve assurément dans ses relations avec les hommes. Pour ce qui est de son ravisseur, lorsqu’avec la police ils revisitent les lieux du crime, elle s’exclame « this was ours ». Puis, elle s’attache rapidement au détective Eliott. Il y a aussi son petit ami de l’époque Tim (Aneurin Barnard); le seul à être allé à sa rencontre lors de son retour. Elle se brouille rapidement avec ces deux-là et quand on prend en compte la colère qu’éprouve Ivy lorsqu’elle apprend la vérité concernant son père, on remarque qu’elle a la mèche très courte envers la gent masculine, incluant Craig qu’elle semble jalouser. À suivre… avec grand intérêt!

Thirteen (2016) : entre pitié et suspicion

Une migration imposée

 Thirteen avait été commandée par BBC Three avant que la direction ne prenne la décision de l’enlever définitivement des ondes pour la rendre disponible en ligne uniquement. La BBC dans son ensemble devant faire face à de sérieuses coupes budgétaires imposées par le gouvernement, la migration vers le web de cette chaîne était le choix le plus logique puisque son mandat a toujours été de créer du contenu pour les 16-34 ans, soit, un public déjà habitué à regarder la télévision en ligne. Alors qu’on a tendance à considérer les produits audiovisuels du web de moins bonne qualité, c’est tout le contraire avec cette nouvelle série qui en soi, est purement « télévisuelle », d’abord dans son contenu de très grande qualité, puis dans son mode de diffusion puisque tous les épisodes conservent leur durée classique d’un peu moins de 60 minutes et sont disponibles pour le public à raison d’un par semaine, à l’opposé de Netflix qui met tout en ligne le même jour. On a donc affaire à un changement, certes, mais pas aussi drastique que les plus pessimistes auraient pu le croire. Le seul inconvénient reste la visibilité, forcément moins grande, surtout de la part d’un public plus âgé. Qu’à cela ne tienne : le premier épisode a été offert aux téléspectateurs le 28 février et une semaine plus tard, soit, le 6 mars, le même a été diffusé sur les ondes de BBC Two. 1,26 million de téléspectateurs ont préféré le regarder dans le mode traditionnel, ce qui place l’épisode au 18e rang de la chaîne pour la semaine du 28 février :assez convainquant étant donné qu’il s’agit d’une reprise.


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