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Comment les animaux parviennent-ils à contourner les pièges de l'hiver ?

Publié le 21 mars 2016 par Jardinoscope @jardinoscope

Dans la nature, les animaux sauvages doivent se protéger du froid

Merles dans la neige

Comme beaucoup d'entre nous, je me suis souvent posé ces questions : Comment les animaux font-ils pour ne pas mourir de froid, pour s'adapter aux rigueurs de l'hiver plus ou moins marquées selon les années ?  Ils ne peuvent pas comme nous, les humains, allumer un feu, chauffer au fioul, au gaz ou à l'électricité leur douillette maison, revêtir instantanément un pull-over ou un manteau, tourner le bouton d'un thermostat,...
L'hiver est en effet une saison où ils doivent aller à l'essentiel, plus question de tenue d'apparat aux couleurs éclatantes pour séduire les femelles du quartier ! Il faut du pratique, du chaud, de la nourriture à disposition, se protéger d'éventuels prédateurs eux aussi affamés,...

Selon les espèces, la stratégie n'est pas la même !

En observant les animaux sauvages autour de soi, on constate que tous n'adoptent pas les mêmes méthodes : Les uns hibernent, d'autres s'adaptent de diverses façons aux températures négatives, alors que d'autres partent en voyage dès les premiers signes de l'hiver.

1. L'hibernation

• L'hibernation ou diapause est un état pendant lequel l'animal est plongé dans un sommeil accompagné d'une hypothermie régulée afin qu'il puisse passer l'hiver en brûlant le moins d'énergie possible. Avant de rentrer en hibernation, ces animaux mangent en grande quantité pour stocker des réserves sous forme de graisses. Puis, ils aménagent leur terrier dans lequel il seront à l'abri des variations importantes des températures extérieures et d'éventuels prédateurs. Une fois installés, leur organisme ralentit, la température de leur corps chute très bas entrainant une diminution des rythmes respiratoire et cardiaque.

  • Les marmottes et les ours sont des exemples d'hibernation sans doute les plus populaires.
  • Le Hérisson (Ericaceus europaeus) - plus proche de nos jardins - a besoin d'une cachette douillette sous un tas de bois pour s'installer dans un sommeil plus ou moins profond durant l'hiver. Ne le dérangez pas, quand il hiberne son métabolisme abaisse la température de son corps à 7°C et les battement de son cœur ralentissent de 150 à 20 fois par minutes.
  • Dès le mois de novembre, le crapaud commun (Bufo bufo) se cache sous une pierre ou dans la terre en attendant les premiers beaux jours en mars-avril.
  • Sous forme de chrysalide, la stratégie de la diapause permet au (futur) papillon de suspendre pendant quelques mois son développement biologique.
  • Les œufs de nombreux insectes attendent à l'abri dans des tiges creuses, dans le sol ou sous des feuillages persistants... Chez les insectes, la métamorphose est une stratégie courante pour passer l'hiver en attendant le réchauffement et l'allongement de l'ensoleillement qui déclencheront la transformation qui donnera naissance à l'imago, la forme adulte.

Hérisson • Ericaceus europaeus
   
Crapaud commun • Bufo bufo

• D'autres animaux comme certaines chauves-souris, abaissent légèrement leur température corporelle seulement lors d'une chute de température extérieure, ce qui les plongent dans un état de torpeur qui est un état différent que celui de l'hibernation décrite ci-dessus.

• D'autres encore ne rentrent que dans un état de somnolence hivernale lié à une légère hypothermie pendant laquelle toutes les activités physiologiques ne sont pas interrompues. Ces animaux comme le blaireau, peuvent se reveiller plus ou moins facilement pendant l'hiver. 

2. L'adaptation au froid et au manque de nourriture

Mais tous les animaux n'ont pas un métabolisme leur permettant d'hiberner, aussi pour passer la mauvaiss saison sous nos latitudes, ils ont dû développer d'autres moyens et stratagèmes pour survivre aux rigueurs de l'hiver :

1. Certains renforcent leurs moyens de défense :

• En s'emmitouflant :

  • La fourrure des mammifères devient plus épaisse pour mieux retenir l'air chaud près du corps.
  • La mue permet aux oiseaux d'avoir un plumage plus fourni agissant comme une couche isolante.
  • Un mécanisme de thermorégulation les font frissonner pour augmenter l'air retenu.

• Par la recherche d'un abri où la température est plus constante :

  • Par exemple comme les musaraignes (Sorex araneus) qui passent l'hiver sous terre.
  • Les larves du hanneton ou les vers de terre s'enfoncent plus profondément dans le sol.
  • Certains insectes par exemple s'installent dans du bois en décomposition ou dans un tas de compost car la fermentation dégage de la chaleur.
  • Les larves de libellule restent tapies dans la vase au fond du plan d'eau où la température est plus stable.

• En trouvant refuge dans un grenier, une cave, une remise,...c'est le cas des papillons Paon du jour (Inachis Io) et Petite tortue (Aglais urticae) qui y passeront l’hiver et n’en sortiront qu’au retour des premières journées chaudes et ensoleillées.

Paon du jour • Inachis Io
   
Petite Tortue • Aglais urticae

• En se rassemblant pour perdre moins d'énergie :

  • C'est le cas des étourneaux (Sturnus vulgaris), des pinsons,... qui se regroupent la nuit dans des arbres dortoirs.
  • Les coccinelles se rassemblent derrière les écorces des arbres.

Etourneau sansonnet • Sturnus vulgaris
   
Citron • Gonepteryx rhamni

• En sécrétant un "antigel":

  • Certaines chenilles peuvent résister jusqu'à -30°C grâce à la production d'un "antigel" contenant du glycerol à partir de sucre qu'elles ont stocké pendant l'automne.
  • Le Citron (papillon Gonepteryx rhamni) a une activité réduite mais volent parfois en hiver, leur corps sécrète un sérum antigel composé d'alcool, d'albumine et de sels.
  • Des grenouilles, des fourmis ou encore des tiques possèdent elles aussi cette faculté.
2. D'autres anticipent en faisant des réserves d'énergie :

• Soit en stockant de l'énergie sous forme de graisse sous leur peau qui améliore l'isolation thermique.
• Soit en stockant de la nourriture dans leur refuge et/ou dans des cachettes disséminées dans les environs (cas de l'écureuil - Sciurus vulgaris).
• Chez les oiseaux, beaucoup d'espèces sédentaires comme les mésanges, le rouge-gorge, le moineau, l'accenteur mouchet, la sittelle, le pinson des arbres,... passent l'hiver dans nos jardins et opportunistes, ils se nourrissent aux mangeoires que nous mettons à leur disposition.

Écureuil roux • Sciurus vulgaris
   
Le Rouge-gorge familier

3. La migration

Les animaux qui n'ont ni la faculté d'hiberner, ni celle de s'adapter au froid, n'ont d'autre stratégie pour passer l'hiver que celle de migrer vers des contrées aux conditions de vie plus accueillantes.

La migration consiste en un déplacement saisonnier d'un groupe d'animaux vers un lieu déterminé en automne et un retour au point de départ au printemps. Les conditions climatiques ne sont pas la seule cause de ce phénomène migratoire. En automne, les animaux sont en réalité contraints de partir vers des régions lointaines par manque d'aliment sur leur lieu de reproduction, liée cependant à la durée du jour qui diminue et à la baisse des températures.

Belle dame • Vanessa Cardui
   
Le Souci • Colias crocea

C'est le cas des papillons comme les Belles dames (Vanesses) et les Soucis (Colias crocea) ou des oiseaux comme les hirondelles qui se nourrissent d'insectes en vol et les grues cendrées (Grus grus) qui migrent en hiver vers des pays lointains plus chauds et reviennent au printemps dans nos régions pour se reproduire.
Les migrateurs au long cours traversent même le Sahara et parviennent en Afrique tropicale. Les martinets noirs (Apus apus), par exemple, parcourent 12.000 km, les cigognes blanches (Ciconia ciconia) 20.000 km, les sternes arctiques (Sterna paradisaea) jusqu'à 35.000km. La moyenne quotidienne de vol est comprise entre 200 et 800 km selon les espèces. Certains oiseaux migrateurs passent l'hiver en France comme le pinson du Nord (Fringilla montifringilla) ou la grive mauvis (Turdus iliacus) qui arrivent en automne de leurs aires de reproduction en Scandinavie où l'hiver y est bien-sûr plus rigoureux. 
Les migrateurs partiels comme le rouge-queue (Phoenicurus ochuros) ou la grive musicienne (Turdus philomelos), n'émigrent que dans le sud de l'Europe ou dans les régions méditerranéennes.

Les Hirondelles sur le fil du départ
   
Migration de Grues cendrées dans le ciel du Loiret

Pour compléter cet article, n'hésitez pas à partager ci-dessous
vos observations au sujet des stratégies singulières de survie des animaux


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