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Banque instantanée, deux visions opposées

Publié le 21 mars 2016 par Patriceb @cestpasmonidee
Uber Si vous parlez de paiement instantané à un banquier, il est probable qu'il estime que ses clients n'en ont pas besoin. Malgré tout, les initiatives en vue d'accélérer les transferts commencent à émerger un peu partout dans le monde. Hélas, toutes ne sont pas égales, comme le démontre une comparaison entre deux services très différents.
Dans le cas du leader des VTC Uber, tout d'abord, l'instantanéité des flux financiers constitue l'argument principal qui justifie le lancement récent – en partenariat avec le spécialiste des comptes prépayés Green Dot – d'une carte de débit à ses couleurs. Les promesses de règlement rapide atteignent alors leur paroxysme, puisque, grâce à cette sorte de banque Uber, le montant de chaque course effectuée est versé immédiatement sur le compte du conducteur, dès que son client arrive à destination.
En l'occurrence, la question du besoin de réactivité ne se pose même pas. Uber considère au contraire que l'instantanéité est une évidence pour la population – certes assez particulière – à laquelle s'adresse son modèle. La perception de ses responsables est que, outre leur sensibilité naturellement « digitale », ses chauffeurs recherchent avant tout la flexibilité dans leur activité et que, dans cette optique, la possibilité de suivre l'état de leurs finances en « temps réel » représente une exigence incontournable.
Uber GoBank
Examinons maintenant comment une banque, US Bank, aborde la question des paiements instantanés. Selon un article de la revue American Banker, elle propose en effet une telle option depuis peu pour les virements entre particuliers. Ses conditions risquent toutefois de refroidir les ardeurs des clients : le service leur coûtera 6,95 USD (par transaction, apparemment !). Même une solution intermédiaire en 24 heures, est facturée 2,95 USD, quand le standard (gratuit) est de l'ordre de la semaine.
Non seulement ce tarif est-il a priori inacceptable pour les consommateurs (et leurs petits échanges d'argent entre amis), il est invraisemblable qu'ils reflète le coût réel de l'opération. La banque appréhende donc les paiements accélérés comme un service à valeur ajoutée susceptible de créer une nouvelle source de revenus. Le contraste avec l'approche d'Uber est saisissant et illustre crûment l'erreur tragique qu'elle commet : aujourd'hui, l'instantanéité est un axiome du monde, elle ne saurait être optionnelle.
Nous observons là l'écart de vision entre un établissement traditionnel, qui reste focalisé sur ses produits, et un trublion (plus ou moins) de la FinTech, qui place le client au centre de ses préoccupations, notamment à travers une compréhension intime de l'évolution de son comportement. Bien entendu, entre les deux, c'est Uber qui comprend le mieux la mutation sociétale – et non uniquement technologique – en cours…

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