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The Family (2016) : KO pour cause de comparaison

Publié le 22 mars 2016 par Jfcd @enseriestv

The Family est une nouvelle série de 13 épisodes diffusée depuis le début mars sur les ondes d’ABC aux États-Unis et CTV au Canada. L’action se déroule dans le Maine (en fait, tournée à Vancouver) alors que la famille Warren vit un événement exceptionnel : c’est que la police a retrouvé leur plus jeune fils Adam (Liam James), lui qui avait été kidnappé il y a plus de dix ans. Cette nouvelle est d’autant plus choquante qu’à l’époque, la détective Nina Meyer (Margot Bongham) avait en tournant les coins ronds inculpé un de leur voisin, Hank Asher (Andrew McCarthy) justement pour le meurtre d’Adam. Celui-ci est bien entendu relâché et alors qu’il essaie tant bien que mal de reprendre une vie normale, chez les Warren c’est le même processus difficile et dans les deux cas, la situation s’obscurcit alors qu’on n’a envie de faire confiance à personne. Malgré plusieurs intrigues qui suscitent en nous la curiosité, le principal problème de The Family est indiscutablement sa date de diffusion. C’est que de l’autre côté de l’Atlantique à plus ou moins pareille date, BBC Three nous est arrivée avec Thirteen avec un scénario quasiment identique et force est d’admettre que la nouveauté d’ABC fait pâle figure.

The Family (2016) : KO pour cause de comparaison

Les victimes : des cas relatifs

La disparition d’Adam a complètement changé la vie des membres de la famille Warren. Le capital de sympathie éprouvé par la population a permis à la mère Claire (Joan Allen) de se faire élire conseillère municipale alors que son mari John (Rupert Graves) est devenu célèbre suite à la publication d’un livre autobiographique sur le deuil. L’ainé de la famille Danny (Zach Gilford) qui était supposé surveiller Adam le jour de sa disparition ne s’en est jamais remis et s’est mis à boire tandis que sa jeune sœur Willa (Alison Pill) a trouvé réconfort auprès de dieu et seconde désormais sa mère en politique. Le retour d’Adam change bien entendu la donne : forte de ce nouveau coup du destin, Claire vise maintenant le poste de gouverneur du Maine et entraîne contre son gré toute la famille dans cette nouvelle croisade. Quant au principal intéressé, il a développé un certain attachement involontaire dans sa vie de reclus, mais c’est la découverte de Bridey Cruz (Floriana Lima), une journaliste en herbe qui vient semer le doute dans la tête du téléspectateur : le test d’ADN aurait été trafiqué et il ne serait qu’un imposteur, mais dans quel but?

Tout comme dans Thirteen, un jeune adolescent est kidnappé et est de retour dans le monde alors qu’il a maintenant atteint l’âge adulte. L’un comme l’autre reste flou concernant ses années de captivité et on ne peut leur accorder notre entière sympathie puisqu’il est quasiment certain qu’il y a anguille sous roche. Dans les deux cas le ravisseur est toujours en liberté, une enquête est lancée et la famille s’est brisée, conséquence entre autres à l’infidélité du père (à ABC, John a une aventure avec Nina). Comme on peut le constater, les drames de BBC Three et d’ABC sont très similaires, mais c’est dans son exploitation qu’on est à même de différencier deux façons de faire qui donne un avantage considérable aux Anglais. Outre l’enquête en cours, Thirteen mise d’abord et avant tout sur le choc psychologique autant pour Ivy que pour sa famille à la suite de son retour au bercail tandis qu’ABC a presque fait le tour de la question durant les dix premières minutes du pilote. C’est que la créatrice de The Family, Jenna Bans, a laissé sa marque en tant que scénariste entre autres sur les productions de Desperate Housewives et Scandal et ces fictions, bien que diablement efficaces, tiraient surtout leur originalité des multiples intrigues, ce qui est le cas ici. On transforme donc une histoire à la charge émotionnelle intense en thriller, ce qui n’est pas mauvais en soit, mais le sensationnalisme est palpable et déplorable jusqu’à un certain point.

The Family (2016) : KO pour cause de comparaison

Dès le départ, on retrouve cet exemple parfait nous illustrant les différences entre la manière anglaise et américaine : dans Thirteen, dès que les policiers ont identifié Ivy, on s’empresse d’avertir la famille, par respect puisqu’on sait que des journalistes dévoileront sous peu la nouvelle. Dans The Family, Claire est en pleine conférence de presse et tout d’un coup, les téléphones d’une horde de journalistes se mettent à sonner, tous en même temps et se mettent à harceler leur interlocutrice qui pour le moment n’en sait toujours rien. Ce sont ces petits détails ou l’on coupe les coins ronds (la facilité avec laquelle Bridey, cette journaliste de pacotille, amasse les informations par exemple ou encore Danny et Willa dont la psyché semble écrite au crayon-feutre) qui viennent diminuer la qualité du récit.

L’autre aspect qui marque une nette séparation entre le modèle anglais et américain est la durée des épisodes : cinq pour Thirteen et treize pour The Family. Avec les États-Unis qui multiplient à l’infini les séries policières, les chaînes anglaises ont opté pour des histoires individuelles plus courtes, mais non moins intenses comme par exemple Happy Valley, London Spy, From Darkness, The Fall ou Unforgotten. Aux États-Unis, vu que les grands networks dépendent presque entièrement de commanditaires, il est plus payant d’étaler sur le long terme les fictions, ce qui explique le grand nombre de procéduraux, mais lorsqu’on s’embarque dans une histoire comme The Family, il faut entretenir l’intérêt durant plus de trois mois d’antenne et si possible ouvrir assez de brèches pour donner une seconde saison à la série, ce qui peut facilement dénaturer le produit d’origine avec soit des temps morts ou un trop-plein d’intrigues; ce que l’on voit poindre à l’horizon ici.

The Family (2016) : KO pour cause de comparaison

Exceptionnellement, ABC a présenté le pilote de The Family dans la case horaire de Scandal et n’a attiré que 5,70 millions de téléspectateurs en direct avec un taux de 1,5 chez les 18-49 ans : c’est très peu pour cette heure de diffusion et la promotion qui y était associée. Les choses ont empiré lorsque la série a rejoint son horaire régulier du dimanche soir en n’attirant plus que 3,13 millions pour un taux de 0,8. Puis, légère hausse la semaine suivante à 3,52, mais un taux inchangé. Ces chiffres correspondent aux pires scores de la saison enregistrés par Blood & Oil dans la même case l’automne dernier, ce qui est tout de même un comble puisque The Family surpasse de loin ce navet télévisuel. La seule bonne nouvelle est que si la série est rapidement limitée à une seule saison, on aura réponse à toutes nos questions d’ici juin et espérons-le, une explication crédible à toutes ces énigmes.


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