
Je profite d'évoquer l'histoire du voyage en Toyota car elle va me permettre de faire un pont entre le blog et le recueil. Je vous recommande vivement de la lire également sur le blog de l'auteur, car elle met en avant un procédé souvent utilisé en BD numérique, mais réapproprié dans ce cas par Boulet pour un emploi qui m'apparaissait original, en lien avec le sujet tout en renforçant encore le message et l'idée de cette Note. Je parle de l'intégration de gifs dans certaines cases. Bon, là, c'est quasiment dans toutes les cases, ce qui peut attirer l'oeil dans tous les sens et rendre la lecture plus compliquée. Mais l'effet est atténué dans certaines cases et ça aide beaucoup. En tout cas, ne passez pas à côté de ce pavé nocturne de souvenirs qui pourrait vous rappeler quelques éléments de votre propre vie. Moi, je m'y suis retrouvé en tout cas. Soudain, j'ai même presque senti l'odeur de l'essence. Mais rebondissons dans l'autre sens pour revenir au papier ! Notre quotidien, avec nostalgie ou avec humour, est passé au crible par Boulet. Que ce soit la vie au DAB – j'ai abrégé Distributeur Automatique de Billets - dans "Le Petit Théâtre de Rue" au perturbant "Ménage de Printemps". Histoires courtes, histoires longues, j'ai pris autant de plaisir à suivre Boulet dans son quotidien que dans ses réflexions sur l'au-delà. D'ailleurs, je voulais rappeler un point important : il est avéré que les rouquins ont une âme. C'est Ferré qui l'a dit ! Je ne vous passerai pas toutes les Notes en revue, quarante, y a de la matière mais voilà, outre les émotions mélangées que l'on ressent,... Olah, je m'interromps, on a parlé d'émotions mélangées et là, je ne peux pas résister ! Bref, euh, revenons à notre sujet. Tout au long de ce recueil, on découvre bien d'autres choses au travers de ces récits, une infinie poésie comme dans « Travaux » - dont les seuls mots de la fin renvoie à mes yeux et mes oreilles à une chanson de Thomas Fersen -, un dicton populaire ancien dans « La vérité est comme un éléphant touché par six aveugles », dont les premières traces remontent à la doctrine Jaïniste ou un brin de Philo-science comme dans « Parlons un peu de notre place dans l'univers » qui évoque avec une subtile poilade le paradoxe de Fermi et ses réponses possibles. Au passage, je précise que toutes les Notes n'ont pas de titre, du coup, quand je n'ai rien à vous mettre sous la dent, j'utilise les premières phrases du texte. Et le recueil se termine avec « La geneviade », fruit de la participation de l'auteur aux 24 heures de la BD, jeu de fou où vous disposez de 24h pour dessiner 22 planches, une couverture et un quatrième de couverture... Je vous laisse imaginer l'horreur et le café. Mais Boulet ne se contente pas de varier les sujets, il varie aussi les techniques graphiques. Un style fourni, mélangeant réaliste et cartoon, un peu comme un Gotlib mais dans un manière bien à lui. Et je ne dis pas ça pour le rentrer dans une case, car Boulet a déjà sa propre case : elle porte son nom !

Les histoires varient par la gestion de la couleur. Dans beaucoup, le noir et blanc est de mise. Dans d'autres, il est saupoudré par l'orange de la tignasse rousse de boulet. Dans d'autres encore, la couleur est maîtresse à bord ou bien la texture du papier change le fond ou bien on passe en noir, blanc et gris ou encore l'encrage adopte une touche sépia. Bref, Boulet ne se refuse rien, et c'est tant mieux. La durée des histoires varie énormément aussi. Parfois une page, parfois dix. C'est le récit qui impose sa durée et non l'inverse. Enfin, c'est l'impression que j'ai eue. Et quitte à me répéter, c'est tant mieux aussi. En terme de composition, cela varie pas mal, même si l'on retrouve une base, la page composée de deux à quatre bandes de une à trois cases. Mais là encore, Boulet se garde un espace de liberté dont on profite avec bonheur : des dessins pleine page nous présentant l'installation de l'homme sur Triton grâce à la magie dans « Moment magique » ou encore la belle image de fin de « Lumières Lourdes ». Si la composition vole de temps à autre en éclats, le cadrage reste plus simple dans ce tome 10. Et simple n'est pas synonyme de facilité, rappelons-le ! Passage de plans serrés à larges, présence de quelques plongées, de plans fixes qui prennent tous leur sens dans l'illustration qu'ils donnent au texte. En effet, dans ces récits, pour moi, la force de la mise en scène de Boulet repose sur le lien entre le texte et sa représentation en image, parfois décalée, donnant cette touche d'humour et même d'humour absurde qui a provoqué mon rire. Mais bon, foin de paroles et de développements hasardeux, allez lire Boulet, que ce soit en papier avec ce tome 10 des Notes ou les tomes précédents ou bien encore en ligne ici ! Boulet, c'est un plaisir à découvrir, et même à redécouvrir. Dépêchez-vous, le Pixel Quantique vous attend... Zéda flotte au milieu de ses réflexions, dans ce petit hommage à Boulet.

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