- Délits d'Opinion : Les attentats en Belgique et " la loi El Khomri " ont-ils un effet sur la confiance dans l'exécutif ?
Jean-Daniel Lévy : Oui : la baisse de François Hollande est légèrement enrayée, tandis que celle de Manuel Valls se poursuit. Le Président de la République bénéficie quelque peu de la posture qu'il a adoptée et qui lui est prêtée dans le cadre des attentats s'étant déroulés à Bruxelles. Dans le même élan, le jugement des Français à l'égard du Premier ministre est plus sévère. Avec une tonalité mettant en avant le passage d'une autorité qui lui était reconnue - et positivement attribuée - à de l'autoritarisme. Si la confiance en François Hollande progresse de 2 points, elle est surtout politiquement liée à un regain de confiance de la part des sympathisants socialistes (66%, +11 points) après on s'en souvient une forte baisse marquée par le contexte du projet de loi " El Khomri ". Le Premier ministre se retrouve quant à lui fortement marqué par cette séquence. On note ainsi que Manuel Valls qui recueillait la confiance de 51% des jeunes de moins de 35 ans en novembre dernier, ne retrouve plus que des réponses positives de la part d'un quart de cette frange de population (24%). Dans un même mouvement, la génération des 35/49 ans (des parents des jeunes) indiquent lui faire confiance à hauteur de 25%. Ils étaient 40% il y a quatre mois. La baisse est également prononcée chez les sympathisants de Gauche. Des " deux gauches " : 63% chez les proches du PS (80% en novembre dernier), 10% au Front de Gauche (30% à la même période).
- Délits d'Opinion : Chez les ministres, le ministre de l'Intérieur progresse fortement. Et les autres ?
Jean-Daniel Lévy : Effectivement, en cette période d'attentats et de tensions sur la sécurité, la confiance en Bernard Cazeneuve est nette. Avec 53% de réponses positives, le ministre de l'Intérieur progresse de 8 points. Incarnant une fonction régalienne, il constitue l'un des ministres les moins clivants du gouvernement. Jean-Yves Le Drian (51%) et Emmanuel Macron (43%) participent à la bonne image de l'exécutif. Reste que si le ministre de la Défense parvient à réunir sur son nom une majorité de sympathisants de Gauche comme de Droite, tel n'est pas le cas de celui en charge de l'Economie. Il est, en effet, le ministre dans lequel la confiance est la plus importante de la part des proches des " Républicains " (59%) mais se retrouve... en avant dernière position (6%) lorsque l'on regarde les réponses des sympathisants du Front de Gauche [la " dernière place " étant occupée par Myriam El Khomri]. Il est frappant de ne voir émerger aucun nouveau ministre à l'issue du remaniement. Ni Jean-Marc Ayrault, ni les ministres écologistes ne parviennent, aujourd'hui, à disposer d'un fort socle d'image et être l'incarnation de la nouveauté ou du renouvellement. On remarque également que la fonction seule ne structure pas le jugement. Ainsi en est-il du ministère des Affaires Etrangères. Ainsi en est-il également de celui de la Justice. Jean-Jacques Urvoas ne dispose ainsi pas effectivement du même regard qui était porté par les Français à l'égard de Christiane Taubira. Avec moins d'emphase de la part des sympathisants de Gauche. Et moins d'acrimonie de la part de ceux de la Droite et du Centre.
Jean-Daniel Lévy : Si Alain Juppé reste indéniablement la personnalité politique en laquelle les Français ont le plus confiance, il est également " en tête " parmi les sympathisants Républicains (68%) devant Nicolas Sarkozy (62%), François Fillon (61%) et Bruno Le Maire (57%). Nathalie Kosciusko-Morizet (26%), entrée en campagne le 8 mars dernier, progresse de 3 points auprès des Français et au sein de son camp politique. Il s'agit de la seule personnalité progressant d'ailleurs chez les proches LR. En effet, aucun autre responsable testé ne bénéficie d'un regain de confiance : ni les représentants nationaux ni même ceux occupant une fonction régionale. Il est frappant de voir que l'ancien Président de la République suit le même mouvement d'opinion que les autres responsables politiques des Républicains. Et que l'arrêt de la cour de cassation n'a pas eu - auprès du cœur de son électorat - d'effet particulièrement négatif. Le mois de mars a également été marqué par le vote des adhérents de l'UDI. Avec 75% de confiance chez les proches de cette formation politique, Jean-Christophe Lagarde progresse de 10 points dans son camp ainsi qu'au MoDem... et en perd 4 parmi les sympathisants Républicains.