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Faire naître l'Europe citoyenne !

Publié le 14 juin 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Samedi, 14 Juin 2008 13:34

Faire naître l'Europe citoyenne !L'éditorial de Daniel RIOT

*Qui peut s'en réjouir ? Le camp (hétérogène) des nationalistes, des anti-européens. Les partis des frontières. Des peurs. Et de la mondialisation dénoncée mais subie... Le vote irlandais le confirme : il y a mal donne quand dans un référendum national porte sur « l'Europe ». A plusieurs niveaux, sous plusieurs angles.

Constats parmi d'autres :

*Ce n'est pas « l'Europe » qui est en échec, qui vit « un cauchemar », qui est « secouée », qui est plongée « dans l'impasse » par le Non du petit million et demi d'électeurs irlandais qui se sont déplacés pour voter sur un texte qui n'avait rien de « simplifié ». C'est l'Union européenne. Nuance... Différence....

 

Il est temps de recouvrer le bon usage des mots. Je connais des Bruxellois qui sont affligés que leur ville incarne autant l'Europe impopulaire. Oui, c'est l'Europe DE Bruxelles qui est en échec. Non celle des horizons d'espérance, des valeurs qui prennent du sens par le droit au service de la justice, de la citoyenneté vivante et de la démocratie cultivée.

*Ce n'est pas non plus une victoire du NON à l'Europe. C'est une défaite du OUI à l'Union européenne, telle qu'elle se développe ou stagne. Nuance ...Différence...

Il est trop tard pour redonner longuement des explications déjà rabâchées depuis le referendum français. La démocratie directe privilégie la conviction, non la réflexion. Combattre un texte aussi imparfait est plus facile que de le défendre. La faiblesse générale de l'information (qui n'est pas synonyme de communication) sur la construction d'une Europe en quête d'union dans le respect de sa   diversité est telle que les arguments (bons ou mauvais) du refus l'emporte sur ceux de l'adhésion. Cette   « construction » européenne est mal perçue parce qu'elle oublie trop ses raisons d'être et ses finalités....

Il n'est pas trop tard, en revanche, pour en tirer enfin de vraies leçons, sans se contenter de replâtrages, de colmatages, de mesures rustines.

*Ce n'est pas un « trop d'unité européenne » qui est sanctionné. C'est un « pas assez d'Europe trop mal faite ». Trop technocratique   et trop opaque. Trop mal traitée par les responsables politiques nationaux. Trop coupée des citoyens. Trop peu considérée par les médias. Trop peu prise en compte, surtout, dans les programmes d'enseignement.

Question essentielle : « on » en tire des leçons ou non ?

La plupart des réactions officielles, « autorisées » comme on dit, enregistrées, en public ou ne privé, ces dernières heures ne sont guère encourageantes.

>>>D'un coté, ceux qui crient à l'injustice : « Quand on pense aux bénéfices que les Irlandais ont tiré de leur entrée dans l'Union ! Quelle ingratitude ! » Certes... L'Irlande est l'un des pays qui ont su le mieux tiré parti de l'Union. C'est tout à leur honneur et ils donnent une belle illustration du « plus » que donne le processus d'unification européenne, surtout quand on sait (ce qui n'est pas le cas de la France) utiliser à plein les fonds régionaux). Ce beau tableau a une ombre : fiscalement, les Irlandais ont su profiter des « exceptions » en série que l'Union a accordées aux uns et aux autres, d'une façon croissante et dans plusieurs domaines. On a trop oublié les exigences et la rigueur des « pères fondateurs ». « Pas de concessions », lançait Monnet notamment à propos des Anglo-Saxons dont ils souhaitant pourtant l'entrée dans le « Marché Commun »... De concession en concession, sur tout, à commencer par la « préférence communautaire » (qui n'avait rien à voir avec du protectionnisme) l'Union a perdu de sa consistance et de sa cohérence, donc de sa solidité et de son efficacité. C'est pour cela que les élargissements successifs n'ont pas été ce qu'ils auraient dû être : des renforcements.

>>> D'un autre coté, ceux qui tentent de sous-estimer la portée de ce vote de rejet. Non, nous ne pouvons pas faire comme si ce vote ne comptait pas. Comme en France, les risques du référendum étaient connus et ceux qui jouent les surpris soit n'ont pas su ou voulu voir soit ont pris leurs désirs pour des réalités. Lisbonne n'entrera pas en vigueur le 1er janvier prochain. Tout nouvel arrangement qui ne tiendrait pas pleinement compte de cette non-ratification marquerait une nouvelle fuite en avant dangereuse et une régression

Qu'il n'y ait pas de plan B est dans la logique des choses : nous avons essayé de sortir de l'impasse   institutionnelle en trouvant une sortie de secours trop aléatoire.

« On » a creusé un trou alors qu'il importait de dégager une sortie vers et par le haut. « On » a préféré le retour à la diplomatie des conciliabules et les négociations intergouvernementales   aux remue-méninges collectif de vrais Etats généraux préparant une vraie Constituante « On » a mise sur les (fausses) élites et non sur une démocratie vivante qui concile militantisme et pédagogie, convictions et respect des opinions. Repenser l'unité européenne, et non panser les plaies d'une Union défigurée avant d'être doté d'un visage.

Il ne s'agit pas de « repartir de zéro », de jeter le bébé avec l'eau du bain. De réinventer des formules qui dotent   des années 50 et 60, comme « à géométrie variable », « en cercles concentriques « (des formules lancées par Louis Armand). Il s'agit de réconcilier les idées et les héritages de Jean Monnet et de Robert Schumann d'un coté et de De Gaulle de l'autre.

Donc de créer une   République européenne qui soit selon la formule de Jacques Delors, une « Union d'Etats nations » et non un puzzle dans lequel personne ne se reconnaît. Cela implique que l'on s'attarde sur des mots clefs souvent défigurés et mal traduits dans plusieurs langues (dont la française) : fédéralisme, souveraineté nationale, libéralisme, mondialisation. Cela implique surtout que l'on cesse à tous les niveaux de considérer l'Europe comme une affaire étrangère ...que les citoyens ne connaissent pas, ne comprennent pas. Et dans laquelle ils ne s'identifient pas.

Commentaires (1)
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Ecrit par Victor Vogt, juin 14, 2008
Je m'identifie à l'Europe mais pour combien cela n'est pas le cas il faut associer le citoyen en amont, car en amont il dira de quelle Europe il veut!
http://viguesse.over-blog.com
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