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S’il y a les étoiles dans ces yeux-là

Publié le 01 avril 2016 par Mentalo @lafillementalo

Sa petite main de sept ans se glisse dans la mienne et comme à chaque fois, cette confiance absolue m'émeut. C'est sa première fois et elle n'a aucune idée de ce qui l'attend dans quelques minutes. Juste ce que son imagination de petite fille lui souffle, entre rêves bleus et échos glanés auprès de ceux qui savent. Rien ne trahit son impatience, peut-être juste le pas un peu plus pressé que d'habitude. Il y a deux semaines c'est avec la même confiance, et la même main dans la mienne, qu'elle entrait dans ce box des urgences et je ne peux m'empêcher d'y penser. A ce cadeau magnifique de cette confiance aveugle qu'ils m'offrent. A cette responsabilité. A quelques centaines de mètres, de l'autre côté de l'autoroute, cet hôpital où elle a failli mourir il y a quelques années, et je souris pour la première fois depuis tout ce temps à cet endroit, ce soir c'est comme si je remettais les compteurs à zéro, je soldais le souvenir à jamais. J'ai tressé ses longs cheveux blonds en couronne, elle a mis sa plus jolie robe, ce soir c'est son grand soir, et nous sommes toutes les deux. Ses mains serrent les miennes si fort quand son idole apparaît, à peine sortie de l'enfance. Ce soir comme des milliers d'autres avec nous, je chante J'ai envie Que ça dure longtemps Que ça dure toujours et c'est aux étoiles dans ses yeux indéfinissables que je pense.

Dans la voiture ensuite nous nous émerveillons de la lune rousse et elle me dit de sa voix légèrement éraillée d'avoir trop chanté " je vais essayer de dormir ", elle rit quand je dis " moi aussi " et son rire se perd dans le sommeil qui la gagne déjà, me laissant seule avec la radio, la nuit, les kilomètres et ce vague sourire qui flotte encore un peu sur mes lèvres.

Tout à l'heure ils sont arrivés en retard à leur répétition d'orchestre. Parce que je me suis arrêtée au bord de la route, au bord des larmes, vacillante. J'ai respiré, calmé mon cœur et répété plusieurs fois A l'impossible nul n'est tenu. Et surtout pas d'être partout en même temps. Demain, ce temps qui file entre nos doigts ne sera plus, ne restera que l'amertume d'avoir trop couru sans regarder où nous mettons les pieds. Alors ce soir, peu importent les décibels s'il y a les étoiles dans ces yeux-là.

S’il y a les étoiles dans ces yeux-là

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