Bates Motel // Saison 4. Episodes 3 et 4. ’Til Death Do You Part / Lights of Winter.
L’histoire de Norma Bates reste terrible. Une tragédie, sur tous les plans. A la fin de l’épisode 4.02, Norma confiait son fils à un établissement psychiatrique afin qu’ils puissent en prendre soin. Norma sait pertinemment qu’il est trop tard au fond d’elle. On sait que Norman est maudit et que la résolution ne sera forcément pas heureuse. C’est trop tard pour Norma, cela a toujours été le cas de toute façon. Mais Bates Motel parvient toujours à être un prequel à l’un des film d’horreur psychologique les plus fascinants de tous les temps. Ce qui fait de Bates Motel plus qu’une sorte de pastiche, c’est le fait qu’elle exulte tout un tas de choses autour de ses personnages et parvient même à en faire quelque chose de véritablement fascinant par la même occasion. Vera Farmiga est très importante pour Bates Motel et « ’Til Death Do You Part » est là pour nous le rappeler. Le mariage de Norma et Romero est important dans la narration de la saison mais continue de condamner tout le monde petit à petit. La proposition de Norma était parfaitement ce que l’on peut attendre de sa part. Il dit non, puis accepte, c’était là aussi encore parfait pour un épisode de Bates Motel. Après tout, Norma a raison par rapport à Romero quand elle dit qu’elle s’est toujours sentie en sécurité quand il est dans les parages. C’est honnête, vulnérable mais intelligent aussi.
Cela permet de justifier aussi ce qui se passe et le mariage des deux personnages. Romero de son côté est coincé de toute façon, ce qui est d’autant plus intéressant derrière. Les deux font la paire car justement ils sont tous coincés à leur façon. Farmiga est donc brillante dans le rôle de Norma ici, bien plus brillante qu’elle ne l’avait été jusqu’à présent cette année. La relation entre les deux personnages évolue au long de ces deux épisodes et même « Lights of Winter » tente de faire la même chose lui aussi. Avec beaucoup de dextérité, Bates Motel s’emploie à rappeler qu’elle est une bonne série, sans pour autant être toujours brillante non plus. Le premier épisode des deux est une étude psychologique assez passionnante , rappelant l’étude freudienne que Bates Motel reste de facto. Les constates sont bien choisis dans le premier épisode, entre le dîner et le mariage de Romero et Norma d’un côté et les premiers jours à l’institution de Norman. Le contraste est intéressant en grande partie car il y a d’un côté un mirage du bonheur et de l’autre quelque chose de malheureux. Freddie Highmore de son côté brille par sa façon d’incarner les émotions et les tourments de son personnage. Certes, c’est un fou, mais c’est aussi encore un enfant troublé par ses émotions.
Je crois que c’est assez visible dans la scène finale de « Lights of Winter » alors que Norman fond en larmes. Cette scène est touchante et vient nous rappeler aussi pourquoi on aime Norman. Ce dernier a subit une telle transformation depuis la fin de la saison précédente que l’on avait presque oublié pourquoi on aime ce personnage et pourquoi on lui donne encore autant de notre attachement. Ce qu’il y a de plus problématique cependant c’est le fait que Bates Motel ne sait pas quoi faire de certains personnages et notamment d’Emma et Dylan. La relation de ces deux personnages, tendant vers une romance, n’a pas forcément de sens pour moi. Emma était un très bon personnage durant les trois premières saisons, un piédestal pour Norman. Maintenant que Dylan entre dans la danse et qu’il semble s’engager dans une relation pleine de tendresse avec elle, je ne suis pas des plus convaincu. Je suis certain que Emma va passer l’arme à gauche d’ici la fin de la saison, ce serait étrange qu’elle ait un dénouement heureux avec Dylan, surtout avec la jalousie toujours grandissante de Norman et le fait que ce dernier est en train de devenir un grand psychopathe. « Lights of Winter » est donc surtout l’occasion pour nous de sortir une fois de plus de certains sentiers. Le fait que Norman décide de s’échapper de son institution et que plutôt que de retourner chez lui, se retrouve dans un strip-club… c’est presque un peu trop pour moi.
Disons que cela n’a pas forcément de sens logique (même si cela reste une façon comme une autre de confronter le héros avec ses démons). Souvent, les moments les plus intéressants dans la vie apparaissent dans des moments plus petits, plus touchants et intimes. Bates Motel aime créer des situations de ce genre là, très proches de ses personnages, très intimistes en laissant l’action en arrière plan. C’est plus ou moins ce qui se passe dans cet épisode même si je trouve qu’il stagne grandement durant une bonne partie de son histoire. Norma et Romero sont de leur côté dans une sorte de romance transit, ce qui reste sympathique à l’écran sans pour autant être nécessaire non plus. J’aime bien ces deux là mais il y a quelque chose qui manque dans cet épisode pour ne pas nous donner l’impression que Bates Motel répète déjà l’épisode précédent. Norman est finalement surtout confronter à sa propre maladie dans cet épisode, alors qu’il ne peut se souvenir de ce qu’il a fait. On retrouve alors le vieux Norman à la surface, un jeune garçon terrifié au milieu d’une situation qui échappe clairement à son contrôle. Finalement, même si Bates Motel fait encore des erreurs par moment, je reste assez convaincu par ce qu’elle a à offrir.
Note : 7/10 et 6/10. En bref, Bates Motel continue d’étudier ses personnages.