Série
: Mousquetaire
Titre
: T1 Alexandre De Bastan
Auteur :
Fred Duval (scénario), Florent Calvez (dessin), Delf (couleur) et
Ugo Pinson (couverture)
Editeur :
Delcourt
Collection
: Machination
Année :
2016
Page
: 64
Résumé :
Nous
sommes en 1661 en France. La fronde est loin derrière nous mais les
rancœurs ont survécu et attendent leur heure pour exploser.
Colbert, ministre du roi, décide d'évincer Condé. Cette
arrestation va mettre le feu à un salve de tonneaux de poudre qui
risque d'ébranler la monarchie elle-même. Heureusement, les
mousquetaires, aux ordres du roi - maintenant que Mazarin est décédé
- sont toujours là pour défendre l'ordre et la justice, ainsi que
les intérêts de Dieu et du roi. A cette époque, ça se rejoint
légèrement. Et à la tête de cette compagnie d'élite, le
légendaire D'Artagnan ! Ce valeureux combattant va avoir bien du fil
à retordre mais il sera soutenu vaille que vaille par un petit
nouveau, un jeune mousquetaire tout frais s'appelant Alexandre de
Bastan.
Alexandre
idolâtre D'Artagnan et cette tragique affaire va lui permettre
d'enquêter au plus près de son idole. Mais le choc de la réalité,
la noirceur de cette affaire, les intérêts du roi prioritaires
parfois sur la justice elle-même risquent vite de faire déchanter
ce petit jeunot, épris de justice tout autant que de D'Artagnan !
Mon
avis :
Ce
premier tome – d'une série prévue en quatre volumes - lance
l'intrigue et met en scène les différents protagonistes et il y a
du monde. Les noeuds se révèlent et le piège se resserre autour
des victimes !
D'ailleurs,
on démarre la lecture sur une page où un serpent siffle dans les
marécages. toute une symbolique marquée par un extrait des Fâcheux
de Molière pour finir le tome sur une citation de ces mêmes Fâcheux
!
Rassurez-vous,
pas besoin d'être un féru d'histoire ou un esthète de la
littérature du dix-septième siècle pour comprendre les enjeux de
ce mystère. Les éléments nous sont donnés au fur et à mesure. Et
nous passons d'un personnage à l'autre, d'un premier rôle à un
second, chacun tissant, volontairement ou non, la toile de cette
histoire.
J'ai
pris plaisir à essayer de démêler ce mic-mac d'alliances
sournoises. Les découvertes m'ont surprises même si certains
événements semblent tracés d'avance. Je pense à la rencontre
entre Eloïse et Alexandre.
D'Artagnan
vous surprendra probablement, personnage ambigu oscillant sur la
ligne du bien, et bien souvent à la floue et sombre limite de cette
séparation.
Alexandre
est celui par qui nous allons pénétrer dans le cœur de la
compagnie des mousquetaires. Mais en parallèle, on suit également
Eloïse de Grainville qui rentre au service de Madame Locuste. Jeune
femme de petite noblesse, Eloïse se retrouve corps et âme au
service de cette curieuse intrigante.
Alors
que tout ce petit monde agit – de préférence - dans l'ombre afin de
préserver sa sécurité, les morts vont quand même pleuvoir.
Et
au détour de cette intrigue policière et politique, vous croiserez
avec plaisir quelques personnages historiques connus.
Fred
Duval semble avoir pondu une histoire enchevêtrée qui va nous
réserver quelques beaux rebondissements. Et pour la dessiner, il
appelle à son secours Florent Calvez.
Florent
Calvez part sur un style totalement réaliste. Mais ses dessins
gardent la trace de traits et de hachures qui nous rappellent qu'il
s'agit bien d'une BD. Les personnages semblent expressifs mais ont
une touche un peu figé, à mon goût.
Les
scènes d'action sont dynamiques mais gardent une trace de ce figé
qui semblent parfois les suspendre dans le temps. Mais les joutes
d'épée sont bien vivantes.
Le
petit moins, à mes yeux, relève d'un léger souci visuel. Il y a
beaucoup de personnages, et la plupart d'entre eux sont des hommes
bruns aux cheveux longs dotés d'une moustache brune, d'yeux marrons
et d'un gros nez – j'avoue, je caricature un peu - ! Ce qui fait
qu'au bout d'un moment, à force de passer d'un endroit à un autre,
j'ai fini par m'y perdre et il ne restait que les tenues pour bien
différencier les personnages, à quelques exceptions près. Je pense
au bouc de Portau et bien sûr, à la blonde chevelure
caractéristique de Alexandre de Bastan !
Les
décors sont imposants. Réalistes et denses, ils semblent toujours
cerner nos héros. Et la noirceur du récit contraste savamment avec
ces belles journées ensoleillées.
Les
couleurs ont été réalisées par Delf. En fait, les hachures
alourdissent le trait et par exemple, donnent du poids aux étoffes
des vêtements, et servent aussi parfois à créer les ombres du
dessin. Ce qui permet aux couleurs d'éviter les dégradés qui
peuvent parfois faire artificiels et de basculer de la lumière à
l'ombre par le simple ajout d'une trame plus foncée, se mariant avec
les hachures de Calvez.
La
composition est assez variée. Nous avons des planches de trois à
cinq bandes composées de une à quatre cases. Les cases savent
laisser de l'espace à l'action et surtout aux espaces entourant les
personnages. Les bandes se rétrécissent, s'élargissent, se
chevauchent, bref, une composition dynamique qui permet de rester
dans l'histoire.
Le
cadrage mélange certes plans larges et plans serrés mais aussi
quelques plongées et contre-plongées, désaxage du point de vue,
inserts forts. Autant de choix qui permettent de resserrer l'action
sur un personnage, son regard, ses émotions ou d'ouvrir sur un vaste
plan d'ensemble pour exposer une rue, une ville, une forêt mal famée...
Notons
la très belle couverture réalisée par Ugo de Pinson et qui, si
elle vous donne une juste idée de l'intrigue, ne vous donne pas du
tout un reflet du style graphique qui vous attend à l'intérieur de
la BD. Si la couverture vous tape dans l’œil, ouvrez l'album avant
d'aller à la caisse.
Bref, vous
l'aurez compris, si vous accrochez au style graphique, vous n'aurez
aucun mal à apprécier cette BD car son intrigue tient bien la
route. Mais il faut se faire à ces personnages se ressemblant
parfois trop, de mon point de vue.
Zéda
au service du roi ?
David
Inscrivez vous à notre newsletter :